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Bulletin Numismatique n°203 19 La dynastie macédonienne dont est issu Alexandre prétendait descendre d’Hercule, d’où la représentation presque emblé- matique au droit du tétradrachme de la tête du dieu couverte de la « leonté ». On aura attribué à cette figuration, en fait classique dans le monnayage grecque, les traits du roi conqué- rant. Quoi qu’il en soit, c’est l’image très populaire du héros, sa force et son invulnérabilité qui est véhiculée dans l’empire, impressionnant ou avertissant les peuples soumis. Au revers, la représentation de Zeus Ammon, assis sur un siège, nu jusqu’à la ceinture, tenant un aigle posé sur sa main droite et un long sceptre bouleté de sa main gauche. Ce thème serait inspiré par le monnayage de Mazaios, satrape de Cilicie qui figurait dans la même pose le dieu Baal. La représentation du dieu suprême entretient une certaine confusion entre la divinité occidentale et orientale, ce qui devait probablement rassurer les populations quant à la continuité et à une certaine similitude dans le fait religieux. Mais on ne pouvait manquer de percevoir le souverain assis sur son trône, ainsi que son caractère divin. Cette particulière iconographie, qui en soi, n’avait rien d’original, puisque déjà utilisée en d’autres temps et en d’autres lieux, eut un réel succès et atteignit ses objectifs au sein de l’empire et au-delà, dans une mesure jamais rêvée ni escomptée. Ces monnaies avaient un effet tel sur les popu- lations qu’elles les considéraient parfois comme des amulettes ou des talismans. Dicuntur iuvari in omni actu suo, qui Alexandrum expressum vel auro gestitant vel argento » (Script. Hist. Aug. Vita tirannorum triginta, XIV, 6). « Ils disent que porter sur soi une image d’Alexandre gravée dans l’or ou l’argent porte bonheur en toutes choses » On retrouve des tétradrachmes de poids différents, certains basés sur l’étalon « traco-macédonien » (ou plutôt phénicien) comme ceux émis sous Philippe II et d’autres qui suivent l’étalon attique, qu’aurait utilisé Alexandre pour son mon- nayage destiné à une circulation internationale réservant peut-être l’étalon traditionnel pour la circulation en « métro- pole ». Notons que Philippe II avait déjà utilisé l’étalon at- tique pour l’émission de son monnayage d’or. L’étalon attique à l’époque classique est le suivant : Chalque (cuivre) Dichalque (cuivre) Obole 1/8 d’obole 1/4 d’obole 1/6 de drachme Didrachme double drachme Tétradrachme statère d’argent Statère d’or 2 drachmes 4 drachmes 20 drachmes Mine Talent d’argent Talent d’or 100 drachmes 60 mines 10 talents La mine et le talent sont des unités de poids, le talent équiva- lant à un pied cube d’eau ; aucune pièce n’a été frappée avec ces valeurs. L’étalon attique se fonde sur une drachme de 4,3 g. En comparaison, l’étalon éginétique compte 70 drachmes de 6,1 g dans une mine. Dans tout le monde antique, la base pondérale est le talent qui se divise en mines. En Grèce le Talent vaut 60 mines et une mine vaut 100 drachmes. Une drachme vaut 6 oboles. Une obole vaut 2 hémioboles et donc 4 tetartermorions. Les principaux étalons monétaires en Grèce sont : • L’éginétique, dans lequel un talent pèse 36,900 kg, une drachme pèse 6,16 g et donne donc des didrachmes de 12,32 g. Cet étalon se retrouvait dans le Péloponnèse, la Béo- tie, la Thessalie, la Phocide et les Cyclades. • L’euboique-attique, avec un talent de 26,196 kg, une drachme de 4,36 g et un Tetradrachme de 17,44 g. Etalon diffus en Attique, Eubée, dans les colonies grecques de Sicile et dans l’empire d’Alexandre. • Le corynthien, avec une drachme de 2,90 g et une tri- drachme de 8,70 g que l’on retrouve dans la magna graecia à l’exclusion de Posidonia et de Vellia. Il existait encore d’autres systèmes comme ceux de : • Corcyre (Corfou) : drachme de 5,80 g et didrachme de 11,60 g retrouvé en Sicile (zancle, Himera, Naxos). • Chio et de Rhodes : drachme de 3,90 g, didrachme de 7,80 g et tétradrachme de 15,60 g • Samos : drachme de 4,37 g et tridrachme de 13,10 g. • Thrace et Macédoine : Drachme de 4,8 g et didrachme de 9,70 g que l’on retrouve à Neapolis et à Tasos. • Phénicien : drachme de 3,60 g, didrachme de 7,20 g et té- tradrachme de 14,40 g que l’on retrouve en Thrace, en Macé- doine, en Chalcide, en Cyrénaïque et en Egypte. LE TOMBEAU D’ALEXANDRE ESSAI NUMISMATIQUE

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