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Bulletin Numismatique n°203 18 A lexandre III est le fils de Philippe II de Macédoine et d’Olympias. Il est un des personnages les plus cé- lèbres de l’Antiquité, un des plus grands conquérants de l’Histoire. Alexandros en grec est le « protecteur de l’homme ». Il vient au monde en 356 avant notre ère à Pella. A la mort de son père, assassiné en 336, il devient roi de Ma- cédoine, il a 20 ans. Il écrase les Thébains qui s’étaient révoltés et rase leur ville. En 334, il est en Asie. Après la victoire du Granique, il part à la conquête de l’empire achéménide, ce qui le conduira jusqu’à Persépolis, puis aux portes de l’Inde. De retour à Babylone, en 325, il épouse Roxane qui lui donne un fils. Deux ans plus tard, il meurt. Il n’avait que 33 ans. Alexandre, disciple d’Aristote, connaissait les valeurs pra- tiques et éthiques de la monnaie. Aristote définit la monnaie par trois fonctions : l’unité de compte, la réserve de valeur et l’échange. Le monnayage d’Alexandre fut le premier à avoir une vocation internationale voire universelle. Il est destiné en toute légitimité et en principe au royaume de Macédoine. Il servit des peuples, des nations sur trois continents. Bien avant le dollar, il fut la monnaie d’échange et de référence qui repré- sentait une valeur garantie pour des gens, pour des peuples différents qui aspiraient à commercer et à vivre ensemble dans une entité jamais vue auparavant, l’empire d’Alexandre. Exemple de tétradrachme d’argent d’Alexandre le Grand, qui fut la monnaie la plus répandue de toute l’Antiquité, AR tétradrachme, 336-323 av. J.-C. Macédoine. Droit : Tête d’Héraclès à droite, coiffé de la dépouille de lion. Revers : A ΛΕΞΑΝΔ POY Zeus aétophore assis sur un trône à gauche, jambes parallèles, tenant un long sceptre. A gauche, large foudre. Photo Jean Elsen et ses Fils. Le tétradrachme d’Alexandre ou « l’Alexandre d’argent » fut la monnaie la plus répandue de toute l’Antiquité, substituant la chouette athénienne et les sicles de Perse. Zénon le vante comme agréable à la vue et gravé à des types élégants. Ces pièces eurent tant de succès que toutes les villes grecques soumises ou non à Alexandre en frappèrent, depuis l’Epire jusqu’aux bords de l’Indus, et depuis le Bosphore Cimmérien jusqu’à l’Egypte. Cette production dura en Thrace jusqu’au second siècle avant notre ère, et en Asie Mineure jusqu’à la bataille de Magnésie en 189 acn et la conquête romaine. L’épanouisse- ment économique des cités grecques au cinquième siècle avant notre ère se basait sur l’exportation vers les marchés de la Méditerranée et du Pont. Dès le quatrième siècle, ces « clients » qui avaient appris à produire des biens qu’en d’autres temps ils importaient se désintéressèrent naturelle- ment des produits helléniques causant une baisse des exporta- tions et même parfois une inversion des flux commerciaux. Le commerce heureux, la disponibilité de capitaux avait in- duit chez les Grecs un niveau de consommation et de bien- être tel qu’il était difficile d’y renoncer. La crise était évidente avec son cortège de troubles, de tensions, de malheurs… L’armée d’Alexandre poussant vers l’Orient, fondait des nou- velles citées, des nouvelles colonies, autant de nouveaux mar- chés habités par des Grecs ou par des populations hellénisées. Le vainqueur imposait son mode de vie, une aubaine, une manne pour les produits grecs. L’économie des citées grecques connut une imprévue et inespérée reprise, avec une augmen- tation des exportations et des prix… Le monde de cette époque va appuyer cette fortune sur une monnaie, le Tetradrachme d’Alexandre. Dans les terres sou- mises par le conquérant circulaient des numéraires extrême- ment variés, produits en Asie Mineure et en Orient. Alexandre lui-même, selon toute probabilité, utilisa couramment les es- pèces des rois perses, en particulier leur darique d’or. Royaume Achéménide – DARIUS III Codoman (336-330 acn) Darique d’or Atelier monétaire : probablement la ville de Sardes. Au. Année : entre 338 et 330 acn diam : 16 mm 8.35 g Réf : B. traité 32 pl. 87/20 - GC.4680 D/:Anépigraphe. Archer barbu (Le Grand Roi) à demi agenouillé à droite, couronné (cidaris), drapé (candys), tenant un poignard de la main droite et un arc de la gauche, le carquois sur l’épaule. R : Carré creux informe. Cette darique, de par son style avec l’archer tenant un poignard, est attribuée au dernier Achéménide, Darius III. Après la conquête du royaume Lydien en 546 avant J.-C., Cyrus maintint le monnayage de Crésus. C’est seulement sous Darius I er que le roi créa une nouvelle monnaie d’argent, le sicle. La mine perse contenait 60 sicles d’argent. La darique d’or valait 60 sicles et gardait le poids de l’hémistatère lydien, soit environ 5,40 g. Comme la darique pesait environ 8,40 g., nous avons un ratio Or/Ar, 1:13, très proche de celui établi par les Lydiens. Un mercenaire grec de l’armée du Grand Roi gagnait une darique par mois. L’armée du Grand Roi (Darius III) aurait compté jusqu’à un million d’hommes au moment de la conquête d’Alexandre le Grand. Darius III succéda à Artaxerxés III (359-338 avant J.-C.) ou à Arsès (338-336 avant J.-C.). Il dut faire face à l’invasion macédonienne d’Alexandre III le Grand (336-323 avant J.-C.). Ses généraux sont battus au Granique en 334 avant J.-C. Lui-même est vaincu à Issos (333 avant J.-C.) et à Gaumalès (331 avant J.-C.). Ayant tout perdu, il doit s’enfuir et trouve refuge en Médie, où il est finalement assassiné par Bessos, satrape de Bactriane, en 330 avant J.-C. Alexandre lui fait des funérailles royales et punira ses assassins. (Comptoir General des Bourses) www.cgb.fr On peut penser qu’Alexandre n’a pas cherché à faire de sa propre monnaie le numéraire unique de son empire. Il se se- rait comporté dans ce domaine avec beaucoup de pragma- tisme, ne refusant pas certaines facilités financières, évitant de heurter les susceptibilités locales, obéissant à des raisons de haute politique. L’étude du monnayage d’Alexandre se montre ardue. La chronologie des émissions, les ateliers de frappe, leurs attributions, leurs distributions, le commence- ment de la frappe au nom d’Alexandre, le sens des inscrip- tions, la figuration des droits et des revers sont autant de questions sans réponses certaines. Nous ne pouvons nous li- vrer qu’à des interprétations, façonner des convictions pour n’acquérir aucune vérité. LE TOMBEAU D’ALEXANDRE ESSAI NUMISMATIQUE

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