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Bulletin Numismatique n°202 28 J e n’ai jamais fait mystère de ma sympathie pour Napo- léon Bonaparte. L’homme que je veux italien, immigré ou adapté en France, trouva très tôt dans mon enfance un ancrage particulier. Il était pour moi l’homme de tous les possibles. Mes amis me rétorqueront qu’Adamo était un bien meilleur modèle sur la même ligne. Si j’aime le chanteur, je continuerai à porter l’abeille à ma boutonnière. De là à en faire un saint… Collection privée. Médaille dédiée à Napoléon l’italique Ø48 mm. D/ Buste du général Bonaparte, en uniforme, à gauche, sur le bord du buste : H. VASSALLO F. (Hieronymus Vassalo fecit.) (Jerôme Vassallo fecit). R/La République française représentée par une femme casquée, accompagnée de la Paix qui tient une branche d’olivier, place de bonnet de la Liberté sur la tête de l’Insubria, qui est conduite par un Génie. Aux pieds de cette figure,une corne d’abondance d’où sortent des fruits et des épis. En exergue : IX LUGLIO MDCCLXXXXVII (9 juillet 1797). Au-dessus de l’exergue à droite : I. S. F. (Joseph Salwirck fecit). Cette médaille fut frappée pour consacrer la mémoire de la fête de la confédération de la République cisalpine, qui eut lieu à Milan le 9 juillet 1797, sous les auspices du général Bonaparte. Joseph Salwirck, graveur de la Monnaie de Milan, fit le revers de cette médaille d’après un dessin d’Andrea Appiani, célèbre peintre milanais. Nous devons cependant nous poser la question de savoir comment plus de deux siècles après la naissance de cet homme il existe encore des fondations, un mouvement, une fascina- tion, un engouement pour celui qui fut un ogre ou l’Empe- reur. Napoleone, Naboulion Buonaparte dont le prénom serait une forme dialectale dérivée de Napoletano, le « Napolitain », entre dans l’Histoire, « la paille au nez », comme Napoléon Bonaparte. On sent la « Divina » Commedia Del Arte et Pul- cinella dans cette épopée que fut sa vie. Du tragique au co- mique, l’existence de l’homme d’État s’inscrit dans une desti- née romantique qui le rend attrayant à tous comme l’acteur à succès d’une pièce de théâtre non moins fameuse. Entre César et Brancaleone mon cœur balance… Il est indéniablement un « personnage illustre » de l’Histoire universelle. Napoléon est le prototype de l’homme moderne, le self-made-man, l’homme qui se fait tout seul. Il est la per- sonnification de la réussite par le « mérite », sous les auspices des bienfaits de la République et donc dans le droit et en justice. Ce droit et cette justice dont nous jouissons au- jourd’hui en faisant semblant de ne pas savoir de qui nous les tenons… Je le vois comme un défenseur des principes et des idéaux de la Révolution française. Et, si d’aucuns lui repro- cherait de ne les avoir pas bien portés, personne mieux que lui ne les aura si bien essaimés. Il ne voyait aucune contradiction entre l’Empire et la République, l’Empire étant une dictature de salut public qui devait sauver les conquêtes de la Révolu- tion. Quoi qu’il en soit, Bonaparte sera et reste un élément incontournable de la Révolution française et de ce qu’elle apportera à notre monde. Les Italiens ont attaché une sentence au destin de cet homme : « … dalle stalle alle stelle e dalle stelle alle stalle… », des étables aux étoiles et des étoiles aux étables. En montant vers le ciel, saisi par le pouvoir, l’homme devenu dieu devait coller son image sur sa Légion d’honneur, sur ses monnaies, sur ses tableaux ; ériger des statues le figurant en empereur romain. L’altitude du pouvoir confère ce mal ou cette néces- sité de confondre le destin d’un homme avec celui de l’Etat pour le pire ou le meilleur… Napoléon, machiavélique en état d’ébriété, bouffi d’orgueil, suprême vaniteux ou homme d’État avisé, rompu aux mécanismes de la propagande, devait intriquer sa personne et même sa famille… dans le fonction- nement de la Nation. L’institution d’un culte de la personna- lité semble inhérent au fonctionnement de ce genre de pou- voir. Napoléon ne manqua pas de faire le paon, le ridicule de ces évènements n’échappa pas au peuple, d’autant qu’il déno- tait avec la hauteur impressionnante des réalisations magni- fiques du général, du consul, de l’Empereur. L’homme élevé de toutes les manières, confondu avec l’État, devait être loué, fêté solennellement en une journée dédiée à la Nation, à Dieu et au maître sanctifié. https://www.numisbids.com/n.php?p=lot&sid=669&lot=212 Avec l’aimable autorisation de la maison Varesi. 1806 Médaille Ø 52,8 mm masse 66g Bronze. D/ « NAPOLEON LE GRAND.EMPEREUR DES FRANCAIS », buste de Napoléon coiffé d’une peau de lion à gauche, Napoléon est représenté en Hercule, l’allusion à Alexandre est inévitable. À droite, une massue d’Hercule, à gauche,un foudre;1806 sous le buste.R/ « ISTRIE/DALMATIE/NAPLES/ IENA/BERLIN &;inscription sur cinq lignes dans une couronne de laurier. Signature au droit, sous le buste « B.M.F. » B.Montagny La tourmente révolutionnaire de 1789 avec son cortège de terreur, d’horreur et de violence s’éloignait avec soulagement. Le nouveau régime aspirait à des temps plus sereins. On se cherchait des espaces de répits et de réconciliations, des mo- ments de réjouissance, des nouvelles fêtes heureuses qu’on voulait nationales. Le 14 juillet apparaissait peu opportun. Cette journée trop sanglante avait accouché du nouveau monde dans trop de douleur. Le 15 août, jour de l’Assomp- tion dédié à la vierge Marie, toujours férié aujourd’hui, était à la fois une fête religieuse importante et une fête dynastique. Louis XIII avait fait du 15 août le socle de la fête de la France. Louis XIII et Anne d’Autriche s’étaient mariés en 1615, de ce lit il n’était sorti aucune descendance. C’est après 23 ans de mariage, en février 1638, que Louis le juste apprit que la reine était enceinte du futur Louis XIV. Saisi, séance tenante le roi signait à Saint-Germain-en-Laye des lettres patentes plaçant le royaume « sous la protection spéciale de Marie, mère de Jésus ». Ainsi, le 15 août 1638, l’ensemble du royaume célé- brait la consécration faite par Louis XIII à la vierge, en lui remettant « sa Personne, son État, sa Couronne et ses Sujets ». Des processions en l’honneur de la vierge et de la France de- vaient désormais avoir lieu dans tout le pays, tous les ans, le 15 août. Cette fête nationale avant la lettre était trop compro- mise avec l’Eglise, avec la monarchie, avec l’Ancien Régime pour trouver naturellement sa place au sein de la République. Napoléon semble n’avoir affiché que peu d’attachement à des sentiments religieux particuliers. En Egypte, il avait pensé se LA SAINT-NAPOLÉON EN XV AOÛT ESSAI NUMISMATIQUE

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