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Bulletin Numismatique n°199 39 Bien que ce livre ait été publié cela fait presque 50 ans, il est toujours intéressant et d’actualité, car les chiffres n’ont pas vraiment évolué et les constats sont pratiquement les mêmes. L’idée principale était de présenter un bref historique pour chaque type d’écus ainsi que pour les pièces de 5 francs et dans le cas des écus de réaliser une évaluation de la rareté réelle pour chacun des types. C’est le même travail que font les numismates passionnés pour bâtir leurs collections. Ils font de la recherche à travers des catalogues de ventes, des ouvrages numismatiques, des bibliothèques, internet… Il est possible qu’au départ M. Sobin ait voulu faire la même étude pour les écus et les 5 Francs, mais il a dû se rendre compte que le travail de relever des données était beaucoup trop important pour les monnaies de 5 francs et il a probable- ment abandonné cette idée. Pour les écus royaux, l’information est très complète car sont répertoriées les très rares monnaies du Béarn, du Dauphiné, de Navarre et de Flandre, dont l’information est très res- treinte. Le travail correspondant à cette partie a été énorme et il a dû y passer de nombreuses années. Si aujourd’hui je fais référence à cette étude, c’est parce que je ne partage pas l’avis de l’auteur quant aux taux de survie des monnaies et je vous présente ci-dessous mon raisonnement. LES ÉCUS ROYAUX DE 1641 À 1794 Dans l’étude réalisée par M. Sobin avant 1974, celui-ci a réfé- rencé 24 000 écus de la période 1641 à 1794 et il a estimé la population totale existante sur cette période à 150 000 écus. Parmi ses commentaires, sur une période de 25 ans, il a cal- culé le nombre d’écus apparaissant sur le marché à moins de 1 000 monnaies par an. Après avoir examiné rapidement les catalogues d’années récentes 2016, 2015, 2014 des ventes réalisées à Drouot et à Monaco, nous arrivons difficilement à un total de 150 écus apparus par an, c’est-à-dire très loin des 1 000 monnaies dont parlait George Sobin et nous constatons également que le nombre diminue au fur et à mesure que l’on avance dans le temps en tenant compte des ventes des années 80 ou 90. Il y a une sorte de tarissement de l’offre sans prendre en compte la qualité proposée. Conclusion : M. Sobin avait référencé 24 000 écus sur la période 1641 à 1794, mais nous sommes en désaccord avec son estimation de 150 000 écus et nous pensons que la population totale exis- tante de nos jours serait au maximum de 60 000 écus. Parmi cette population un grand nombre d’écus sont dans un état B ou TB et il faut plutôt estimer la quantité d’écus « collection- nables » à 5 000/10 000. En fait, pour bâtir une collection moyenne et/ou grande composée de plusieurs dizaines d’écus, il faut compter entre 10 ans et 25 ans et en supposant que 50% de ces collections soient vendues quand le collectionneur est en vie, cela vou- drait dire que cette collection apparaitra sur le marché au plus tard 25 ans après le début de celle-ci. Dans le cas où ce sont les héritiers qui vendent, il faut compter en général entre 5 et 10 ans de plus, donc ce type de collection apparaitra sur le marché 35 ans après avoir été commencée, dans le pire des cas (il faut exclure bien évidemment les collections qui sont mises de côté pendant de nombreuses années, mais cela représente peut-être 10% du total). George Sobin par exemple a collectionné sur une période de 30 ans et sa collection a été dispersée en 1977 et 1982, c’est- à-dire 8 ans après la publication de son livre. On arrive ainsi à 38 ans entre le moment où il a commencé sa collection et le moment où il l’a vendue. La collection d’écus royaux de So- bin dispersée en 1977 comptait 1 322 écus, ce qui est excep- tionnel, car de nos jours, une collection a rarement plus de 100 écus. Nous expliquons cela pour « montrer » que 75% à 80% des collections « importantes » apparaissent sur le marché dans une période comprise entre 20 et 40 ans, or dans l’étude réa- lisée par Sobin, celui-ci a référencé les catalogues de ventes sur une période de 30/40 ans, c’est-à-dire bien au-delà du temps de rotation d’une collection et il y a donc deux choses à re- marquer : • Il est sûr que parmi les 24 000 écus recensés par Sobin, certains l’ont été deux fois et plus, ce qui voudrait dire que la quantité réelle d’écus recensés serait inférieure à 24 000 écus. • La grande majorité des collections ont été recensées par Sobin et le chiffre estimé de 150 000 écus est vraiment su- restimé. Nous pensons que 50 000 écus est vraiment envisa- geable, avec un grand maximum de 60 000 écus. Dans l’appendice II, l’auteur nous donne des informations très intéressantes, entre autres, l’indice de rareté qu’il divise en deux périodes, de 1641 à 1794 et de 1794 à 1878. Dans la période 1641 à 1794, on peut confirmer ce qui était connu depuis très longtemps, c’est-à-dire la rareté extrême de certains écus du Béarn, du Dauphiné et de Navarre. En faisant la somme des monnaies recensées par règne, tous ateliers inclus, on arrive aux chiffres suivants : • Louis XIII 429 monnaies • Louis XIV 6 466 monnaies + 985 monnaies (Béarn, Dau- phiné…) • Louis XV 8 185 + 842 monnaies (Béarn…) • Louis XVI 4 756 + 1 717 monnaies (écu constitutionnel) • Révolution 1793-1794 708 monnaies THE SILVER CROWNS OF FRANCE DE GEORGE SOBIN

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