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MONNAIES FÉODALES

184

LE THALER DE QUATRE FRANCS

VERDUNOIS S.D. (1619-1620)

A

vec les monnaies du prince-évêque de Metz, Henri de Bourbon-Verneuil (1612-1652), celles du prince-

évêque de Verdun, Charles de Lorraine-Chaligny (1611-1622) sont les dernières monnaies seigneuriales

frappées par des princes-évêques d’Empire dans des territoires en cours de rattachement à la France : les

trois évêchés de Metz, Toul et Verdun devenus progressivement français de 1552 à 1648.

Le thaler de quatre francs verdunois (= francs messins) de l’évêque Charles est le seul thaler épiscopal des

Trois-Évêchés frappé au XVII

e

siècle. Il fut vraisemblablement créé en 1619 ou 1620 par Nicolas Marteau, gra-

veur-orfèvre et ancien maître de la Monnaie d’Arches-Charleville où il avait succédé en 1612 à Didier Briot, le

père de Nicolas. En effet, alors que ce thaler n’avait jamais été frappé par l’évêque de Verdun, il figure dans les

offres présentées en avril 1619 à l’évêque Charles par Nicolas Marteau lorsque ce dernier succéda à Claude Bailly

qui fabriquait jusqu’alors au marteau dans l’atelier verdunois de Dieulouard. Avec Marteau cet atelier fut alors

transféré près de la principauté de Sedan à Mangiennes-sur-Loison et Marteau y frappa selon un procédé méca-

nique, sans doute celui de la machine des Briot qu’il avait utilisé à Arches-Charleville de 1612 à 1615. Les premiers

thalers de Mangiennes montrent en effet un motif à l’écusson fleuronné, inspiré des petits thalers (pièces de

XXX sols) de Charleville, et ils présentent les mêmes caractéristiques techniques de fabrication. Les derniers

thalers, de mêmes caractéristiques techniques, voient disparaître les fleurons en 1620 (cf. l’exemplaire donné par

l’évêque Charles à Louis XIII en janvier 1621,

Bulletin de la Société Française de Numismatique,

avril 2016).

Inconnu de Dom Calmet (Dissertation 1736 ou 1740), le thaler verdunois fut répertorié dans la collection du

Cabinet impérial de Vienne au XVIII

e

siècle par Madai, repris en 1846 par Schultess-Rechberg. En France, Duby

l’avait repris dans son ouvrage de 1790 sur les monnaies seigneuriales. Puis il fut étudié en 1885-1886 par P.C.

Robert (

Annuaire de la Société Française de Numismatique

) et en 1889 par Liénard (Verdun).

Aux XX

e

et XXI

e

siècles, la pièce fut réétudiée par Christian Charlet en 1987 (Cahiers Numismatiques n° 92) puis

par Dominique Flon en 2002 (tome II), enfin par Christian Charlet et Jean-Yves Kind (

BSFN

, avril 2016). Une

étude de synthèse sur le sujet est actuellement préparée par Christian et Olivier Charlet, avec correction des

erreurs antérieures, en vue d’une publication en 2017 dans les

Cahiers Numismatiques

de la SÉNA.

Le thaler de Verdun est une monnaie rarissime connue à moins de dix exemplaires avec certitude. Le coin d’avers

au portrait étant unique, on connaît trois variétés de revers (PRS. IMP ; PRS. STI. IMPERI ; PRS. SRI. IMPERII)

pour le type à l’écusson fleuronné (6 exemplaires connus avec certitude). Le type à l’écusson non fleuronné n’est

connu qu’à 2 exemplaires avec certitude (BnF, ancien Cabinet du roi ; collection privée).

La monnaie proposée dans la présente vente est celle de l’ancienne collection Wormser, vendue par Jean Vinchon

à Monte-Carlo le 13 novembre 1982, n° 464. Elle avait été auparavant répertoriée en 1846 par Schultess-Rechberg,

n° 4816. C’est un exemplaire d’une exceptionnelle qualité, qui a très peu circulé, et le seul connu avec STI (

sancti

)

au lieu de SRI (

sacri

).

En janvier 1621, Charles de Lorraine-Chaligny se rendit à Paris pour défendre ses droits régaliens, notamment

rendre la justice et battre monnaie ; sur ses monnaies, il fait figurer ses titres de prince du Saint-Empire et comte de

Verdun. Il remit alors à Louis XIII trois monnaies verdunoises dont le thaler aujourd’hui conservé à la BNF

(cf.

BSFN

, avril 2016). L’entrevue fut infructueuse. Nicolas Marteau quitta sa charge et se réfugia à Charleville en

mars 1621 tandis que Charles se démit de son évêché en 1622 pour se faire jésuite. Ce fut la fin de la Monnaie de

Verdun, le roi s’opposant aux velléités monétaires du nouvel évêque, François de Lorraine-Chaligny, frère du

démissionnaire.

397744 

Pièce de quatre francs

, (Ar, Ø 44,5 mm, 6 h, 28,74 g).

A/ 

(rose) * (rose) CAROLVS+ A+ LOTHARINGIA+ EPISCOPVS, (ponctuation par quatrefeuille).

R/ 

(quatrefeuille) (rose) ET

COMES

VIRDVNENSIS

PRS

STI

IMPERII.

Exemplaire de couverture du catalogue provenant de la collection Wormser, vente Vinchon de

Monte-Carlo, hôtel Hermitage,12-13 novembre 1982, n° 464. Exemplaire auparavant répertorié

en 1846 par Schultess-Rechberg, n° 4816.

RRR. SUP

 8500 € / 15000 €