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162 Ire RÉPUBLIQUE 1795-1803 Si l’on rapporte cette fabrication à la frappe réalisée, on obtient une moyenne de 67 400 frappes par paire de coins. Ce chiffre de fabrication est trois à cinq fois supérieur à celui estimé pour les autres monnaies de cuivre. Ceci peut s’expliquer par la géométrie des carrés (beaucoup moins élancés que tous les autres) et la puissance de la frappe pour ces pièces, à la fois beaucoup plus petites et beaucoup plus fines que les autres pièces frappées à cette époque (Cinq Centimes et Un Décime pour les « cuivre ») donc nécessitant une puissance de frappe moindre. Carrés d’avers et de revers pour la Un Centime. © Collections historiques de la Monnaie de Paris/photo ADF Toutefois, cette production n’a semble-t-il pas été simple et sans accroc entre Dupré et Gengembre. Gengembre est responsable de la fourniture des matières premières et de l’enfonçage des coins avec des poinçons fournis par Dupré ; A. Dupré est responsable de la gravure des poinçons et au final de la trempe des carrés (polissage compris). Gengembre a donc en sa possession des carrés non trempés, mais présentant toutes les caractéristiques nécessaires à la frappe des pièces de Un Centime. Ne manque que cette ultime étape de trempe avant l’épreuve pour en faire des outils prêts à l’emploi. La frappe d’épreuve des coins consiste, pour le cas particulier de la Un Centime, en la réalisation de 30 monnaies avant de déclarer la paire de coins bonne pour le service. Gengembre, en contravention avec la loi, en a trempé et fait servir hors du contrôle de Dupré et l’Administration s’en est ouverte au graveur général. On trouve ainsi, dans les courriers de l’Administration des monnaies, des échanges entre Dupré et l’Administration datant de frimaire de l’An 7, tendant à montrer que Gengembre a, à plusieurs reprises et ce dès vendémiaire de l’An 6, court-circuité Dupré pour fournir lui-même les outillages sans le contrôle du graveur général. L’Administration s’en étonne. Dupré décline alors toute responsabilité et explique son impossibilité d’intervenir dès lors que Gengembre a les mains libres pour la préparation des carrés jusqu’à leur trempe. Il revient par-là même sur le caractère singulier de cette fabrication, qui déroge à celle mise en place pour tous les autres outillages pour le service de la Monnaie. La fabrication des outils pour la Un Centime est la seule dont une partie échappe au contrôle de Dupré et il en présente le défaut. Gengembre a-t-il essayé de montrer qu’il était capable de travailler sans Dupré et de s’affranchir de sa tutelle comme contrôleur de son travail ? A-t-il voulu montrer que le procédé de fabrication des Un Centime qu’il avait mis au point était tout à fait efficace et ne nécessitait pas l’intervention du graveur général autrement que pour la fourniture des poinçons, et remettre en cause la marge faite par Dupré (cf. les prix mentionnés dans les contrats). En tout cas, il a fourni et fait servir des carrés trempés par lui, sans

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