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P our ses billets, la Banque de France a toujours su s’entourer des meilleurs professionnels. Peintres, dessinateurs, techniciens, imprimeurs et... graveurs. La technique de gravure fut essentielle dans les processus de création et de sécurisation des billets, mais si les peintres et artistes créateurs sont souvent connus et reconnus, les graveurs sont généralement restés dans l’ombre. Au vingtième siècle il ne sont qu’une vingtaine à avoir eu l’honneur de travailler pour la Banque de France : Armanelli, Barre, Beltrand, Clément, Combet, Dujardin, Deloche, Dreyfus, Durrens, Duval, Florian, Herouard, Hourriez, Jubert, Marliat, Piel, Pierson, Poilliot, Régnier, Renaud, Robert, Romagnol. La plupart sont inconnus, pourtant ils ont contribué à illustrer les plus beaux ouvrages des plus belles bibliothèques, mais aussi des timbres, des chèques et tous documents nécessitant un savoir faire d’exception. Travailleurs de l’ombre, mais artistes à part entière ils ont permis à la Banque de France d’accéder à l’excellence, de réaliser les billets à la fois les plus beaux et les plus techniquement aboutis du XX e siècle. Quelques vidéos consacrées à la gravure permettent de mieux comprendre la difficulté et le savoir faire nécessaire à ce travail : Youtube : Anne Meyer, gravure / Musée du Louvre / Série le Collectionneur Moderne Créer un billet est un travail d’une rare complexité : il faut un dessin, une vraie œuvre d’art sur un format réduit, à la fois belle et diffusant un message clair mêlant symboles et références, projet et vision politique. Une fois l’œuvre réalisée, il faut pouvoir la reproduire à des millions d’exemplaires, sur un papier spécial, avec des encres particulières, tout en conservant une qualité et une sécurité parfaite. Le travail du graveur consiste à créer à partir de cette œuvre un modèle aussi complexe que possible mais permettant cette impression à grande échelle. Chaque creux, chaque relief, chaque hachure participe à la transformation de l’œuvre unique en matrice reproductible, c’est un travail d’artiste à part entière, fastidieux et essentiel. Parvenir à un résultat parfait, demande beaucoup de rigueur, avant de présenter son travail aux responsables de la Banque de France, le graveur doit affiner et parfaire son projet. Les étapes sont nombreuses et mal connues, chacun ayant ses techniques, ses habitudes, son matériel. Les gravures sont exécutées sur des plaques de buis remises au graveur par la Banque, une pour chaque couleur. En typographie, le graveur creuse la surface du bois afin que ces parties de la surface ne soient pas encrées. On parle d’une gravure d’épargne, les parties encrées étant en relief. Par opposition, la gravure taille douce, est une gravure en creux ou les surfaces destinées à être encrées sont creusées dans une plaque métallique. On peut voir sur de nombreuses épreuves proposées, que le graveur ne creusait pas l’ensemble de la marge de la plaque afin que cette marge reste complètement blanche lors de l’impression. Robert ARMANELLI P R O F E S S I O N : G R A V E U R 3