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Bulletin Numismatique n°258 31 La numismatique byzantine est souvent celle du détail. Plus stéréotypé que le monnayage romain, depuis l’origine, le collectionneur de ce secteur s’attache aux détails des légendes d’avers et de revers, poussant le « vice » jusqu’à expertiser chaque lettre, des variations dans la représentation des bustes, mais aussi des sujets des revers. La numismatique byzantine est celle du détail poussé dans ses retranchements les plus reculés. En revanche, la numismatique byzantine recèle de nombreuses pépites et il reste encore de nombreuses choses à découvrir. C’est le cas du solidus que nous proposons dans la prochaine Livre Auction du 2 décembre 2025. Le règne de Constans II, petit fils d’Héraclius, présente un monnayage d’or riche et varié où il débute seul sur les premières pièces du règne pour finir par partager avec ses trois fils un champ d’une vingtaine de millimètres pour les monnaies d’or. Imberbe d’abord, puis barbu avec une pilosité de plus en plus développée en fonction de la chronologie entre 642 et 654, on observe ensuite l’apparition de Constantin IV seul entre 654 et 659, rejoint à partir de 659 par Héraclius et Tibère jusqu’à l’assassinat de Constans à Syracuse en 668. Si la chronologie des émissions n’est pas directement inscrite sur les pièces, elle est omniprésente sur l’ensemble du monnayage et permet ainsi d’avoir une vision précise du monnayage. CONSTANS II (septembre 641 – 10 juillet 668) CONTANS II AVEC CONSTANTIN IV, HÉRACLIUS ET TIBÈRE 2 août 659 – 10 juillet 668) Constans II, né en 630, était le fils d’Héraclius Constantin et le petit-fils d’Héraclius. Il fut associé au pouvoir dès septembre 641 et le début de son règne vit la perte définitive de l’Égypte emportée par l’islam. Constans, dans les années 650-54, dut faire face à de nombreuses séditions et révoltes, en particulier en Afrique du Nord. En 654, son fils Constantin IV devient auguste. A partir de 659, Héraclius et Tibère sont associés au pouvoir et, sur les monnaies, ils figurent au revers. C’est Constantin, le fils aîné de Constans, qui est toujours représenté au droit à côté de son père. Solidus, Constantinople, 662-667 ou 661-663, 4e officine (Or, 4,36 g, 19 mm, 6 h) taille 1/72 L, poids théorique : 4,51 g, 288 folles A/ DNI (légende corrompue) Bustes couronnés de face de Constans II et de Constantin IV, vêtus de la chlamyde ; croisette au milieu ; Constans II est barbu et porte un plumet ; Constantin IV est adolescent. R/ VICTORIA – A-VGYD/ S/ -|-// CONOB « Victoria Augusti », (la Victoire de l’Auguste) Croix potencée posée sur trois degrés, accostée d’Héraclius à gauche et Tibère à droite ; ils sont couronnés et vêtus de la chlamyde, tenant chacun une longue croix. BMC/ B – Ratto 1607 – Do 33c – BN/B – SB – BC 967 (325£) -MIB 38 – DMBR 12/24 (900€) Superbe exemplaire, centré des deux côtés. Bustes finement détaillés. Joli revers. Patine de collection. Très rare. SUP 400€/ 800€ Monnaie montée anciennement. La légende de droit est corrompue et simplifiée, réduite à sa plus simple expression sur notre pièce. En fin de légende, nous avons un sigma (S) rétrograde. Pour ce type, toutes les officines sont recensées, excepté la huitième. Pour la quatrième officine, le S semble bien toujours inversé. Ce type semble plus rare que ne le laissent supposer les ouvrages généraux. C’est le deuxième type de solidus où Héraclius et Tibère sont associés au monnayage. C’est de loin le plus courant pour les émissions du VIIe siècle avec quatre personnages au total. Au droit, maintenant Constantin IV est adulte et présente parfois un buste moustachu ou barbu et moustachu. La chronologie de cette émission reste controversée et a peut-être été frappée à Constantinople jusqu’à la fin du règne alors que normalement la frappe de ces solidi s’arrêterait en 663. Notre type n’est pas immédiatement identifiable et il faut prêter une attention soutenue pour découvrir notre variante, un effort qui, dans le cas présent, est facilité par le fait que la lettre S est inversée ou rétrograde. Ce solidus nous confirme que lorsque on collectionne les monnaies byzantines, il est absolument nécessaire de regarder et d’analyser chaque détail de la monnaie. La moindre variation par rapport au type normal peut transformer un solidus banal en une pièce rare et recherchée. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT SOLIDUS DE CONSTANS II : CHERCHEZ LA PETITE BÊTE OU LA PETITE LETTRE

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