Bulletin Numismatique n°258 24 En trois décennies, ce sont une quarantaine de tétradrachmes d’Éphèse que nous avons pu proposer à la vente. Parmi ceux-ci, nous avons un tétradrachme au nom du magistrat, Pyrilampès. Si le monnayage de la cité d’Éphèse a fait l’objet d’une monographie dès 1880 de B. Head, il a fallu attendre plus d’un siècle et la découverte d’un trésor (Pixodarus Hoard IX, 421) inventé en 1978, qui aurait contenu environ plus de 2600 monnaies d’argent contenues dans une jarre qui furent dispersées sur le marché européen à partir de 1979. Sur ce nombre, 1504 exemplaires ont pu être isolés et recensés, parmi lesquels on distingue 600 tétradrachmes pour l’atelier d’Éphèse. De nombreux exemplaires qui passent en vente sur le marché numismatique international proviennent de ce trésor et ont changé complètement la vision que nous pouvions avoir sur ce monnayage au IVe siècle avant J.-C. IONIE – ÉPHÈSE (390-330 AVANT J.-C.) Située à l’embouchure du Caÿster sur la côte d’Asie Mineure, Éphèse était réputée pour son temple dédié à Artémis (Artemision), lequel a pu être daté, grâce au dépôt votif de construction, de la seconde moitié du VIIe siècle. La ville subit le joug perse. Après la bataille navale de Mycale en 479 avant J.-C., elle se rapprocha d’Athènes et adhéra à la ligue attico-délienne à partir de 477 avant J.-C. Elle rompit avec Athènes après le désastre de Syracuse en 415 avant J.-C. En 407 AC., Lysandre installa son quartier général à Éphèse et remporta sur les Athéniens la victoire d’Aegos-Potamos en 404 AC. La domination spartiate cessa après la victoire de Conon à Cnide en 394 avant J.-C. La paix d’Antalcidas en 387 avant J.-C. consacra le retour de la cité dans l’orbite perse. Cette domination dura jusqu’en 338 avant J.-C., date à laquelle la ville se souleva sous l’impulsion de Philippe II de Macédoine. Après Granique en 334 avant J.-C., la ville se rallia à Alexandre après avoir chassé la garnison perse. Tétradrachme, Ionie, Éphèse, 350-340 avant J.-C., classe G, (Ar, 15,14 g, 23 mm, 12 h) étalon rhodien, poids théorique : 15,36 g, 4 drachmes ou 24 oboles A/ E-Φ (d’Éphèse). Abeille vue du dessus. R/ ΠYPIΛAMΠΣ (Πυριλαμπησ), (Pyrilampès) Protomé de cerf à droite, agenouillé, tournant la tête à gauche ; dans le champ à gauche, un palmier. BMC – Cop – Aulock - B. V. Head, History of the Coinage of Ephesus, Londres 1880 - cf. p. - Philip Kinns, Pixodarus Hoard, Coins Hoards IX, p. 172-206, pl 23-28 p 181 (A/ 123), pl. 27 (mêmes coins). Exemplaire sur un flan épais, légèrement décentré au droit sur l’abeille avec le grènetis visible. Abeille bien venue à la frappe. Revers finement détaillé bien venu à la frappe. Belle patine de collection ancienne avec des reflets mordorés. Très rare. TTB+ 800€/ 1 500€ Mêmes coins que l’exemplaire reproduit dans le Pixodarus Hoard, pl. 27, O123, provenant du trésor de Pixodare (CH IX, 421). Ce type de monnayage débute au moment où les Éphésiens recouvrent leur liberté. L’ouvrage de référence de B. V. Head date de 1880. E. Babelon dans le Traité II a dressé une liste non exhaustive de plus de 110 noms de magistrats monétaires. Le revers fait référence au culte qui était voué à Artémis dont le cerf est l’animal consacré. Pour cette émission, la plus importante du monnayage d’Éphèse et qui s’étend sur pratiquement soixante-dix ans, P. Kinns a recensé 174 coins de droit avec 209 noms différents constituant 250 émissions au total. Pour notre magistrat (Pyrilampès), nous avons deux coins de droit (A/ 123 et A/ 126). Le premier est lié à treize autres magistrats tandis que le second coin de droit (A/ 126) est quant à lui associé à sept autres noms. Quatre noms sont associés à celui de notre pièce : Aristonomos, Artemon, Bloson et Menippos. Le coin de droit (A/ 123) est l’un des trois coins de droit associés à 14 ou 15 noms différents (P. Kinns, CH IX, 421, p. 173). Cet exemplaire a été acquis en décembre 1995 et provient de Conseils Placements. Exemplaire provenant de la collection J.-M. F. Ce type qui présente une abeille, épisème de la cité d’Éphèse, peut sembler anodin mais est en fait beaucoup plus rare qu’il n’y paraît. Comme pour de nombreuses cités d’Asie Mineure, le monnayage d’Éphèse permet de suivre l’évolution de l’histoire de la polis à travers l’onomastique des noms qui figurent au revers des tétradrachmes, liste de magistrats ou peut-être d’évergètes ? Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT TÉTRADRACHME D’ÉPHÈSE ET LE TRÉSOR DE PIXODARE
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