Bulletin Numismatique n°257 52 Latine. Seules des espèces d’or de Charles III et Albert Ier seront frappées jusqu’à la guerre de 1914-1918 (fig.3). Après cette guerre est mis en vigueur le traité de juillet 1918 qui modifie profondément les relations franco-monégasques, jusqu’alors équilibrées. Ce traité, selon l’interprétation qui en est faite, permet à la France d’exercer un protectorat de fait sur Monaco. C’est ainsi que la France tolère l’émission de billets de nécessité monégasques par Albert Ier puis de jetons-monnaies à durée limitée par Louis II en 1924-1926 au lendemain de la guerre pour faire face à la pénurie de petites espèces. Ensuite, la France s’oppose à la fabrication d’une pièce en or de 500 francs demandée par le Casino en 1934 pour remplacer les anciennes pièces de 100 francs or antérieures à 1914. fig.8 C’est une gaffe du gouvernement de Vichy, manquant de petites espèces, qui permet en 1943 aux émissions monétaires monégasques de renaître sous la forme de petites pièces en aluminium et en bronze d’aluminium de 2F et 1F. En 1945, Louis II continue avec des pièces de 5F puis en 1946 et 1947 avec des pièces de 10F et 20F en cupro-nickel sur lesquelles il apparaît en uniforme de général de l’armée française (fig.4). Cependant, le rétablissement de la monnaie monégasque n’est alors que provisoire. Il n’est pas acquis car la France refuse en 1947 la frappe d’une médaille commémorative en or pour le jubilé (25 ans de règne) de Louis II au prétexte de sa ressemblance avec les anciennes pièces de 20F or (franc germinal). En revanche, elle accepte une telle médaille pour le bey de Tunis. fig.9 LA VOLONTÉ DE RAINIER III TRIOMPHE DES RÉTICENCES FRANÇAISES Dès son avènement en 1949, Rainier III, qui a pris pour chef de son gouvernement, appelé ministre d’Etat, le célèbre inspecteur des Finances Jacques Rueff, obtient l’accord du gouvernement français pour faire frapper une série de monnaies de 100 francs, 50 francs (fig.5), 20 francs et 10 francs en cupro-nickel et cupro-aluminium, au motif du chevalier médiéval monégasque (Charles Ier de Monaco au XIVe siècle) qu’il adopte pour sceau personnel. Ensuite, il obtient l’accord de faire frapper en 1957 une pièce de 100 francs en cupro-nickel au millésime 1956 qui est celui de son brillant mariage avec l’actrice américaine Grace Patricia Kelly déjà célèbre. fig.10 L’avènement de la Ve République présidée par le général de Gaulle, en 1958-1959, avec lequel les relations de Rainier III sont alors excellentes, permet au prince de Monaco de frapper librement, avec l’accord de la France et à la Monnaie de Paris, toutes les espèces monégasques analogues à celles que la France de la Ve République met alors en circulation, de la pièce de 1 centime (fig.6) à celles en argent de 5 francs (fig.7) et 10 francs (fig.8) ; cette dernière est en même temps une commémorative du centenaire de la création de Monte-Carlo en 1866 par Charles III dont elle montre le portrait. La brouille de 1962-1963 n’a pas d’incidence sur les émissions monétaires monégasques. fig.11 Jusqu’à sa mort en 2005 Rainier III multiplie les émissions monétaires, parmi lesquelles apparaissent de plus en plus des monnaies commémoratives comme celle de la princesse Grace au millésime 1982 (fig.9) ou les 700 ans des Grimaldi en 1997 (fig.10). En 1999 est posée la question de l’appartenance de la Principauté à la zone Euro : elle est résolue favorablement grâce à l’intelligence et la compréhension de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius ainsi qu’au respect des volontés « mitterrandiennes » par Hubert Védrine. Rainier III fait alors frapper toutes les espèces communes autorisées, dont la pièce de 1€ avec le portrait de son successeur désigné (futur Albert Ier) qui est associé au sien (fig.11). Il fait également frapper des « euros de collection » dont la magnifique pièce de Sainte Dévote en 2004 pour le 1700e anniversaire de son arrivée à Monaco (fig.12). LE 20E ANNIVERSAIRE DE LA MORT D’UN GRAND CHEF D’ÉTAT, AUTHENTIQUE NUMISMATE
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