Bulletin Numismatique n°257 51 culturel et artistique : monuments, sculptures, statues, etc. Ainsi, c’est à Monaco que Léo Ferré a sa statue, sa place et sa salle polyvalente (Espace Léo Ferré) et que Joséphine Baker reste inhumée au cimetière de la Principauté nonobstant son entrée virtuelle au Panthéon. fig.4 Pour ce qui nous concerne, nous autres numismates, Rainier III était également un authentique numismate qui eut à cœur de poursuivre et de développer la collection de monnaies monégasques léguée par ses ancêtres dont plusieurs se sont intéressés aux monnaies : Honoré II au XVIIe siècle, Jacques Ier au XVIIIe siècle, Charles III au XIXe siècle, conseillé par Charles Jolivot. Par ailleurs, Rainier III développa considérablement les émissions monétaires monégasques et, après plusieurs expériences, présenta ensemble ses deux collections, philatélique et numismatique, dans un musée commun. fig.5 fig.6 Après l’exposition d’un échantillon de sa collection de monnaies monégasques au Palais dans le cadre du musée Napoléonien et des Archives aujourd’hui disparu, ce sera le musée des Timbres et des Monnaies (MTM) de Monaco, créé par ses soins en décembre 1995 et ouvert au public en janvier 1996. Le professeur Jean-Louis Charlet, éminent numismate provençal (cf. son ouvrage récent), préparerait, dit-on, une commémoration en 2026 du 30e anniversaire de la création du MTM. Reprenons ces trois réussites significatives du prince Rainier III sur le plan numismatique dont celle-ci bénéficie aujourd’hui. LA RÉSURRECTION DÉFINITIVE DE LA MONNAIE MONÉGASQUE Jusqu’en 1612-1614, le seigneur de Monaco n’est pas reconnu comme disposant du droit de battre monnaie. Le prétendu écu d’or de Lucien Ier (1490-1523) est un faux, fabriqué en 1860 par Benjamin Fillon, dans le cadre d’une campagne politique menée en France en vue d’annexer la ville de Monaco après celles de Menton et Roquebrune. En 16121614, le seigneur de Monaco se proclame prince et affirme son droit de battre monnaie. En 1628, ce doit est reconnu sur le plan européen mais c’est seulement en 1639-1640 qu’il est exercé par le prince Honoré II à l’occasion d’un conflit économique avec la République de Gênes. fig.7 À la suite du Traité de Péronne (septembre 1641) qui institutionnalise de façon durable les relations privilégiées francomonégasques, Louis XIV accorde en octobre 1643 aux monnaies monégasques d’or et d’argent le privilège de libre circulation en France sous réserve qu’elles soient de même poids, titre, remède et valeur que les espèces françaises correspondantes. Ce privilège est confirmé en août 1652 et sera maintenu jusqu’à la Révolution française (fig.1 – Ecu d’Honoré II 1654). Occupée par la France de 1793 à 1814, la Principauté est rétablie par le Congrès de Vienne. Honoré V reprend la fabrication monétaire en 1837-1838 mais doit l’interrompre sous la pression du roi de Piémont-Sardaigne et la reculade du gouvernement de Louis-Philippe qui avait secrètement encouragé cette fabrication (fig.2). Le traité de février 1861 et la convention d’application de novembre 1865 entre Napoléon III et le prince Charles III de Monaco prévoient la reprise des émissions monétaires monégasques, les espèces étant analogues aux espèces françaises et désormais frappées à la Monnaie de Paris. En 1878 elles recevront cours dans l’Union LE 20E ANNIVERSAIRE DE LA MORT D’UN GRAND CHEF D’ÉTAT, AUTHENTIQUE NUMISMATE
RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=