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Bulletin Numismatique n°257 50 C’est naturellement du prince Rainier III de Monaco (1923-2005) qu’il s’agit. Ce souverain régna sur la Principauté de Monaco de 1949 à sa mort en 2005, dans sa 82e année, ayant succédé directement à son grandpère le prince Louis II (1870-1922-1949). Ce dernier, saintcyrien et ancien élève de la prestigieuse école de cavalerie de Saumur (cf. le Cadre noir), était à sa mort général de division de l’armée française, médaillé militaire (très rare pour les officiers) et cité pour son comportement au combat, comme officier de liaison, notamment au Chemin des Dames (1917)1. fig.1 Suivant son exemple, le futur Rainier III, alors prince héréditaire (héritier) de Monaco, s’engagea en 1944, à l’âge de 21 ans, comme 2e classe dans l’armée du général, futur maréchal, de Lattre de Tassigny. Sa conduite lui valut de quitter l’armée trois ans plus tard, en 1947, avec le grade de capitaine. Il fut promu plus tard colonel de réserve. Rainier III fut un des très grands chefs d’Etat du XXe siècle. Jacques, Chirac, qui ne le connaissait pas, s’en rendit compte en février 1994 lorsqu’il fut reçu au Palais de Monaco à l’occasion d’un colloque francophone qu’il était venu présider en tant que maire de Paris et président de l’Association Internationale des Maires francophones2. Le souverain monégasque lui fit alors une telle impression que Jacque Chirac, devenu président de la République française en 1995, retourna naturellement à Monaco en 1997 pour les cérémonies des 700 ans des Grimaldi. En outre, Jacques Chirac accepta le testament politique de François Mitterrand, de mettre fin au protectorat de fait que la France exerçait alors sur la Principauté de Monaco depuis 1918. À cette fin, grâce au concours actif du ministre Hubert Vedrine, le traité franco-monégasque de juillet 1918 et la convention administrative de mai 1930, textes rédigés à l’époque coloniale et dans l’esprit de cette époque, furent remplacés par le nouveau traité d’octobre 2002 et la nouvelle convention administrative de novembre 2005. Ces nouveaux textes fondamentaux qui régissent désormais les relations franco-monégasques, les deux pays partageant une même communauté de destin, respectent désormais l’indépendance totale de la Principauté tout en reconnaissant à la 1 Outre la médaille militaire et la Légion d’honneur (Grand-Croix), le prince Louis II était titulaire de la croix de Guerre 14-18 avec palmes et étoiles correspondant aux citations dont il avait fait l’objet. Voir à ce sujet mon article dans les Annales Monégasques de 2014 (cf. bibliographie). 2 En tant que secrétaire permanent adjoint, j’avais été à l’origine du choix de Monaco comme lieu du colloque et j’avais participé à son organisation en liaison avec le gouvernement monégasque et la mairie de Monaco (Mme Campora, maire). France certains privilèges : c’est ainsi que pour les emplois administratifs les plus importants, des Français sont appelés à les occuper en l’absence de Monégasques qui sont prioritaires. Monaco était déjà devenu membre de l’ONU en 1993, grâce à F. Mitterrand, puis membre du Conseil de l’Europe en 2004 grâce à Jacques Chirac. À l’inverse de la très petite superficie de la Principauté (2 Km2), Rainier III fut un géant de la politique. Parti de presque rien, ayant reçu en héritage un petit territoire économiquement ruiné et largement détruit par les bombardements aériens de 1944, il sut d’abord le reconstruire entièrement (port et quartier de la Condamine), puis accroître sa superficie en gagnant des hectares sur la mer, au Larvotto et à Fontvieille (1/4 du territoire actuel), enfin restaurer pleinement l’indépendance politique et la souveraineté de Monaco en réussissant progressivement à éliminer le prédateur Aristote Onassis, à s’opposer efficacement aux visées coloniales du général de Gaulle, enfin à réduire à néant les velléités anachroniques de Lionel Jospin. fig.2 Parallèlement, il assura à son pays une prospérité jamais atteinte. Aujourd’hui, avec ses presque 40 000 habitants, la principauté de Monaco compte plus de 55 000 emplois et le niveau de vie de tous ses habitants est l’un des plus élevés de la planète. Les pauvres, que l’on pouvait encore rencontrer en 1945-1950, ont disparu aujourd’hui. fig.3 Rainier III fut surnommé le « prince bâtisseur ». Ce qualificatif est inexact car on devrait mieux dire « constructeur et aménageur ». En effet, il n’était pas amoureux du béton comme le furent certains et il veillait à ce que toutes les constructions nouvelles soient accompagnées systématiquement d’arbres et d’espaces verts ainsi que de remarquables jardins : jardin de Fontvieille avec sa roseraie Princesse Grace, exceptionnel jardin japonais au Larvotto, un des plus beaux du monde, d’une rare perfection. Rainier III était aussi un homme de culture, créateur de musées (8 sous son règne) et de mobilier urbain LE 20E ANNIVERSAIRE DE LA MORT D’UN GRAND CHEF D’ÉTAT, AUTHENTIQUE NUMISMATE

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