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Bulletin Numismatique n°257 48 La publication récente d’un nouvel ouvrage de la série Le Franc, les Essais, les Archives m’amène naturellement à rendre un hommage mérité à Philippe Théret et à tous ceux qui participent avec lui à l’aventure du France, de ses essais et des archives. Après l’ouvrage de base, Le Franc, les Monnaies, les Archives, publié en 2019, plusieurs ouvrages consacrés chacun à une période chronologique suivant la création du Franc ont vu le jour : en 2021 Le France d’Augustin Dupré, en 2023 Le France, les Essais, les Archives Napoléon Ier (1803-1815), en 2024 même titre qu’en 2023 avec Louis XVIII (1814-1824), puis Charles X (1824-1830) et maintenant en 2025 avec le même titre qu’en 2023 mais avec Louis-Philippe (1830-1848). Une suite à Louis-Philippe est naturellement attendue. Philippe Théret, franco-brésilien ou carioca1 français selon le point de vue duquel on se place, est le maître d’œuvre de cette magnifique série, d’une valeur historique, numismatique et scientifique considérable. Elle nous fait oublier les anciennes publications de l’académicien Millin (1806), de Hennin (1826), de Pierre Ciani (1931), de Victor Guilloteau (1942) et de Jean Mazard (1965-1967). Philippe Théret a eu à l’origine pour co-auteur Xavier Bourbon et, depuis l’ouvrage consacré à Napoléon Ier, Michel Taillard ; une solide équipe les entoure. Tous les trois, ainsi que les autres numismates qui ont apporté leur concours à la réalisation de ces ouvrages magistraux, sont d’excellents connaisseurs de cette numismatique du XIXe siècle, en même temps que de remarquables et perspicaces lecteurs des archives dont ils maîtrisent l’étude. Il est évident que tous les numismates, notamment les collectionneurs, qui s’intéressent aux monnaies françaises frappées à partir de la création du Franc Germinal, se doivent de posséder ces ouvrages de Philippe Théret et Xavier Bourbon puis Philippe Théret et Michel Taillard. Je remercie encore Philippe Théret, Michel Taillard et Laurent Schmitt d’être venus visiter avec une grande attention le très beau musée des Timbres et des Monnaies de Monaco à l’automne 2024. Ce musée montre en effet une très belle collection de monnaies et essais du prince de Monaco Honoré V (18119-1841) contemporaine des fabrications de la monarchie de Juillet ainsi que de celles, postérieures, de Würden à Bruxelles pour les collectionneurs. Les monnaies monégasques d’Honoré V (5 francs en argent, décime et 5 centimes en cuivre) contemporaines de celles de Louis-Philippe, furent à l’époque frappées dans le Palais princier de Monaco avec le balancier de Droz, acheté par la Principauté à la Monnaie de Paris puis revendu à celle-ci en 1842 après la fin des émissions monétaires. Ce balancier de Droz est aujourd’hui revenu à Monaco et exposé depuis 2011 au musée des Timbres et des Monnaies grâce à un prêt spécial de longue durée consenti par la Monnaie de Paris. J’eus l’honneur d’en être le négociateur bienheureux. Pour rendre hommage à Philippe Théret et à son travail de titan, digne des 7 travaux d’Hercule, j’ai choisi de présenter et de commenter à son intention la plus grande monnaie brésilienne d’argent (51,22g et 50 mm). Elle fut frappée en 1900 pour commémorer les 400 ans de la découverte du Brésil. 1 Un carioca est un habitant ou un natif de Rio-de-Janeiro où réside le plus souvent Philippe Théret. La nouvelle présidente de la SENA, Inès VillelaPetit, est une carioca née à Rio-de-Janeiro (quartier chic d’Ipanema, riverain de Copacabana). C’est en effet en l’an 1500, soit 8 ans après la découverte du continent américain par Christophe Colomb, que le navigateur et explorateur portugais Pedro Alvares Cabral, dit communément Pedro Cabral, découvrit le Brésil, cet immense pays faisant environ 16 fois la superficie de la France continentale. J’envoie ici un clin d’œil au carioca Philippe Théret, explorateur et découvreur de toute la numismatique liée au Franc en pensant à Pedro Cabral, le découvreur du Brésil. Cette spectaculaire et magnifique monnaie dont le poids (51,22g) dépasse celui de deux pièces de 5 francs Germinal (2,25g) se présente ainsi (photo) : 1° - à l’avers, le portrait en pied de l’explorateur et navigateur Pedro Alvares Cabral dont le nom figure sur un cartouche. Cabral a enlevé son chapeau qu’il tient dans sa main droite afin de saluer la terre du Brésil sur laquelle il marche ; dans la main gauche tient un drapeau, sans doute celui du Portugal. Dans le champ figure une étoile rayonnante. Le tout dans un cercle fermé par le cartouche au nom de Pedro Cabral. Tout autour la légende : « 4e centenaire de la découverte du Brésil » et, entre deux étoiles, le millésime « 1900 ». 2° - Au revers, dans un cercle, les armoiries accolées du Portugal et du Brésil, le Brésil ayant été de 1500 à 1822 une colonie portugaise ayant acquis son indépendance en 18222. Au dessus, la valeur : 4 000 reis et, sous les armoiries, les deux dates « 1500 » et « 1900 » avec, sous ces dernières, de nouveau l’étoile rayonnante. Au-dessus du cercle, la légende « République des Etats-Unis du Brésil » et quatre étoiles. Le Brésil est en effet depuis 1889 une république fédérale où les états qui la composent, dirigés par des gouverneurs, disposent de pouvoirs importants. Les états de Guanabara (Rio-de-Janeiro), de Sao Paulo (Sao Paulo/Saint Paul) et du Minas Gerais (Belo Horizonte) sont les plus importants du Brésil, la capitale Brasilia (depuis 1960) formant un District fédéral. Le caractère grandiose de cette magnifique monnaie brésilienne me paraît tout à fait en symbiose avec l’immense tâche que s’est choisi l’explorateur numismate carioca Philippe Théret et ses compagnons de labeur. « Un travail acharné vient à bout de tout, Labor omnia vicit improbus, écrivait Virgile dans ses Géorgiques il y a plus de 2 000 ans. J’ai la conviction profonde que Philippe Théret et ses compagnons de route sauront mener à son terme leur immense et généreux défi. Je souhaite donc longue vie au France, les Essais, les Archives. Christian CHARLET Ancien expert du Gouvernement français au Brésil (1974-1982) Ancien représentant des villes francophones au Sommet de la Terre à Rio-de-Janeiro en 1992 2 Cf. Mon article sur le général Guzman Blanco dans le B.N. 256 d’octobre 2025, dernières lignes et fig.4. UN HOMMAGE AMICAL RENDU À PHILIPPE THÉRET ET À SES CO-AUTEURS

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