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Bulletin Numismatique n°257 46 Dans la Live Auction du 2 décembre 2025, nous vous proposons un exemplaire provenant de la prestigieuse « Collection Pierre » dispersée dans MONNAIES 30, exemplaire qui était resté dans la même collection depuis 2007. Cette pièce unique s’insérait dans un ensemble qui l’était tout autant, proposé dans la même vente. Nous vous proposons d’en découvrir la genèse, les prémices et la réalisation qui aboutira à la mise en fabrication et en circulation de la 10 Francs « Mathieu ». En 1959, pour l’avènement du nouveau franc et de la Ve République, on attribua à Raymond Joly, le nouveau graveur général des monnaies, la tâche de frapper les premiers « nouveaux francs ». La « Semeuse » de Louis Oscar Roty (18461911) étant un symbole de la stabilité monétaire précédant la guerre de 14, l’administration a demandé à Raymond Joly d’utiliser à nouveau la semeuse de Roty, comme gravure principale d’avers des coupures de 1/2 F, 1F, 2F, et 5F. La principale difficulté a été le changement de métal puisqu’on lui avait demandé de créer les nouvelles coupures en nickel (métal très dur et très peu ductile). Les faciales de 1/2F, 1F et 5F ont bien vu le jour, dans les années qui suivirent en argent pour la 5 Francs, mais la 2F 1959 resta au stade d’essais de différents métaux, ce n’est qu’en 1978 qu’elle a enfin été mise en circulation. Quelque temps avant en 1964, fut créé un autre joyau de la numismatique française, une 10 Francs en argent de grand module (37 mm de diamètre) et d’un poids de 25 g. Il s’agit de la 10 Francs Hercule dont la gravure originelle provient elle aussi d’un très grand et illustre graveur, il s’agit d’Augustin Dupré (1748-1833) (cf. Philippe Théret & Xavier Bourbon, Le Franc d’Augustin Dupré, Paris, 2019). Cette magnifique monnaie a été très fortement thésaurisée et quasiment n’a pas circulé ! Celle-ci a été frappée de 1964 (présérie et essai) à 1973. Entre les années 1950 et 1970, le cours de l’argent fut multiplié par 24 ! Dès lors le coût de la frappe de cette monnaie devenait de plus en plus prohibitif et dès l’année 1969, il fut décidé de changer de métal et de basculer de l’argent vers le nickel (très abondant en Nouvelle Calédonie). Ce fut fait pour la valeur faciale de 5 Francs qui passa du métal argent au nickel entre 1969 et 1970. La 2 Francs fut vite oubliée au profit d’une nouvelle monnaie en nickel ou en bronze. Et de nouveau on demanda à Raymond Joly de créer cette nouvelle 10 Francs et encore une fois la gravure de la « Semeuse » fut imposée au grand dam du graveur général. Pour cette nouvelle coupure, Raymond Joly commença par créer des épreuves unifaces d’avers (Semeuse) de 31 mm, puis il continua ses essais avec des flans de plus en plus larges de 32, de 33 et de 34 mm. Selon les auteurs du GEM, cette série comporte huit monnaies avec quatre diamètres différents et deux métaux différents (nickel et cupro-nickel-aluminium) GEM 184. 1 et 184.2, diamètres non différenciés. En atteste une vente d’une partie de ces unifaces à Marseille (vente Raynaud-Gamet, 31 mars 1976, n° 221-223). Le graveur général et son équipe s’attaquèrent ensuite à la création du revers avec plusieurs variantes. La série complète se compose de douze monnaies différentes dont six sont en nickel (Nk) et six en cupro-nickel-aluminium (Cu-Nk-Al). Parmi ces douze épreuves, quatre épreuves ont un diamètre de 31 mm dites « simple branche d’olivier » et huit épreuves sont constituées d’une branche l’olivier et d’une branche de chêne enchevêtrées. Ces huit épreuves sont de diamètres différents : deux ont un diamètre de 32 mm, deux sont en 33 mm et quatre ont le diamètre de 34 mm. De plus une autre caractéristique de cette série est le travail réalisé sur la tranche. La plus courante est la tranche striée présente sur huit épreuves, les quatre autres ont la tranche lisse avec 24 pans. C’est le cas de la monnaie mise en vente dans la Live Auction du 2 décembre 2025 (fmd_1067297). Les épreuves avec la tranche à pans sont considérées comme uniques, elles n’étaient pas présentes dans la vente de la collection Maurice Kolsky, MONNAIES VI, il avait cependant toutes les autres. La valeur faciale de 10F est gravée en creux et parfois apparaît en arrière plan le 2 de la faciale qui était originellement planifiée. La date n’est pas présente (sauf pour une épreuve en LE PROJET DE 10 FRANCS 1974 : QUAND ROTY SERT DE MODÈLE À MATHIEU

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