Bulletin Numismatique n°257 28 Dans la Live Auction du 3 décembre prochain, vous pouvez découvrir une petite monnaie en électrum (alliage d’or et d’argent) pour l’une des plus anciennes villes de l’Ionie, Phocée. Ce type est très répandu en Asie Mineure dès la création de la monnaie au VIIe siècle avant J.-C. Elle porte le nom d’hecté ou sixième de statère, ici frappée sur l’étalon phoçaïque (de Phocée) dont le statère ou tétradrachme a une masse théorique de 16,32 g soit, 2,72 g pour l’hecté. Notre exemplaire, malgré sa taille réduite, 10 mm, est un petit globule bien centré. À Phocée, ce monnayage présente une frappe avec un carré creux au revers depuis l’origine jusqu’à la fin du monnayage. Notre exemplaire présente un buste qui au départ peut sembler difficile à identifier. Dès que nous avons compris que l’entité au droit est coiffée d’un pétase, nous savons immédiatement qu’il s’agit d’Hermès (le Mercure romain), messager des dieux, et dieu lui-même du commerce, des voleurs, mais aussi des numismates. Plus singulier, car pas toujours visible, est le petit animal placé verticalement derrière le dieu, un petit phoque. C’est le symbole éponyme de la cité qui lui a donné son nom. Grâce à l’ouvrage de Freidrich Bodenstedt, Die Elektronmünzen von Phokaia und Mytilene, Tubingen, 1981, X + 390p., 63 pl. de photos en noir et blanc et en couleur avec des cartes, des photos en couleur des sites, nous avons là un corpus qui, depuis cette date, n’a pas été remplacé. Cet ouvrage présente une particularité indéniable : outre le monnayage de Phocée, il s’intéresse aussi à celui de Mytilène sur l’île de Lesbos, la patrie de Sapho. Plus surprenant encore, l’auteur développe l’idée d’un monnayage symmachique, alliance politique, militaire, dans tous les cas, monétaire qui frappe alternativement un an sur l’autre à partir de 521 avant J.-C., en débutant par Mytilène (1re émission) alors que d’après F. Bodenstedt, Phocée en serait à sa 29e émission d’après son classement. À Phocée, le monnayage ne semble pas s’être interrompu au moment où Darius Ier mettait fin à la révolte Ionienne. Le monnayage d’après le même auteur prendrait fin à Phocée en 326 avant J.-C. (112e émission) tandis qu’à Mytilène il prendrait fin lors de la 105e émission en 326 avant J.-C. Les monnaies seraient frappées sans interruption entre ces deux dates, excepté pour Phocée, où nous n’aurions pas de frappe entre 412 et 410 avant J.-C., de même entre 400 et 398 avant J.-C., de 386 à 372, de 360 à 352 et enfin de 346 à 342 avant J.-C. La reconstitution des émissions est astucieuse. L’auteur a d’abord étudié le monnayage de Phocée où il a recensé 754 exemplaires sur l’ensemble de la période, soit 244 coins de droit sur un période de 194 ans, soit environ 1,5 coin de droit/an, ce qui est faible. À Mytilène, pour pratiquement la même étendue chronologique, nous avons 438 coins de droit, soit 2,25 coins de droit par an. Il a recensé 1889 hectés, plus du double de celles de Phocée. Depuis la publication du corpus en 1981, celui-ci s’est étoffé et le nombre de monnaies répertoriées a bondi ! Un moyen très simple afin de distinguer les hectés des deux cités sans aucune ambiguïté : à Phocée, le revers est constitué seulement d’un carré creux, à Mytilène les monnaies sont frappées au droit et au revers, avec un sujet en creux au début du monnayage. bgr_1061940- en vente sur notre site IONIE – PHOCÉE (477–388 AVANT J.-C.) Phocée était située à soixante-dix kilomètres au nord-ouest de Smyrne sur la côte, à la frontière de l’Éolide, en face de la presqu’île d’Ionie. Phocée fut l’une des premières cités d’Asie Mineure à frapper monnaie dans la seconde moitié du VIIe siècle ou la première moitié du VIe siècle avant notre ère. La ville, dont le symbole éponyme était le phoque, frappa un important monnayage d’électrum. L’étalon phoçaïque rayonna dans toute la Méditerranée Orientale. La ville tomba sous domination perse en 545 avant J.-C. Après la révolte de l’Ionie en 499 avant J.-C. et sa terrible répression cinq ans plus tard, Phocée perdit beaucoup de son importance. À la fin du Ve siècle avant notre ère, elle contracta avec Mytilène, située dans l’île de Lesbos, une alliance monétaire qui devait durer jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand en Asie Mineure. Hecté, Ionie, Phocée, 420 avant J.-C., 82e émission (El, 2,54 g, 10 mm, - h) étalon phoçaïque, poids théorique 2,72 g, diobole d’électrum A/ Anépigraphe Tête d’Hermès à gauche portant le pétase ; derrière, un phoque. R/ Anépigraphe Carré creux quadripartite BMC 35 – Aulock 2155 – Bodenstedt 82 Superbe monnaie, centrée des deux côtés. Très beau portrait d’Hermès, bien venu à la frappe. Patine de collection. Rare. SUP 1 000€/ 1 800€ Mêmes coins que l’exemplaire Handel München 1973 provenant de la trouvaille de Pergame (82b – 2 A/ - 3 R/, 2 ex.). Pour ce type, F. Bodenstedt, lors de la 82e émission pour Phocée, qu’il place en 420 avant J.-C., a recensé au total vingt exemplaires avec un poids moyen de 2,52 g, cinq coins de droit et quatre coins de revers et un indice charactéroscopique de 4 pour le droit et 5 pour le revers, ce qui est excellent. À Phocée, ce type ne se rencontre que pour les 82e et 83e émissions, la seconde n’étant recensée que par un exemplaire. Pour l’ensemble de la période considérée entre 478 et 388 avant J.-C. Nous avons au HECTÉ DE PHOCÉE : TOUT POUR HERMÈS !
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