Bulletin Numismatique n°257 19 rdent 25 avril 1896, n° 1040 = Hess/ Leu, 12-13 avril 1962, n° 535, vente Ratto, 9 décembre 1930, n° 152. Superbe monnaie sur un flan idéalement centré des deux côtés. Buste finement détaillé ainsi qu’un magnifique revers. Avec une partie de son coupant. Patine de collection. Très rare. SPL 4 500€/ 7 000€ Souvent ce solidus est daté de 415 (Kent, Depeyrot, Grierson, cf. Chron. Pasch. 572). Selon Pierre Bastien, cet exemplaire commémore le quinzième anniversaire de règne de Théodose II (quindecennalia) qui débute le 10 janvier 416 et correspond aussi à la prise de son VIIe consulat le 1er janvier 416, raison pour laquelle J. P. C. Kent a séparé les deux émissions, RIC 207 pour notre type et RIC 208 pour le solidus associé à ce consulat. Pour P. Grierson et M. Mays, Catalogue of Late Roman Coinage, in the Dumbarton Oak Collection and in the Whittemore collection from Arcadius and Honorius to the Accession of Anastasius, DO, Washington, 1992, nous sommes dans des émissions spéciales de cérémonie (ceremonial coinage). C’est néanmoins une émission de donativum non signalée dans les fastes. Le choix d’un buste typiquement militaire tourné à droite répond au buste consulaire, lui tourné à gauche. Il est probable que les deux pièces aient fait l’objet d’une distribution commune ou que successivement, nous ayons eu affaire à deux distributions, la première, le 1er janvier à l’occasion de la prise du VIIe consulat et la seconde dix jours plus tard afin de marquer le début du quinzième anniversaire de règne. Enfin, dernier point, une ou deux distributions conjointes auraient pu être effectuées d’une part pour les civils (buste consulaire) et d’autre part pour l’armée (buste militaire). Il est à remarquer que dans les deux cas, ces solidi sont sans marque d’officine au revers, ce qui est inhabituel pour l’atelier de Constantinople qui fonctionne à ce moment-là avec dix officines. Enfin les revers, dans des registres différents, exaltent la Gloire et la Sécurité de la Rei Publicae (la chose publique ou la République), ce qui manque peut-être le plus à l’Empire romain d’Occident, vœux pieux pour l’Empire d’Orient qui est moins soumis aux invasions et aux usurpations. Honorius n’est pas associé à ce monnayage, réservé au seul Théodose II. Âgé seulement d’une quinzaine d’années, il est né le 10 avril 401, ce qui ne correspond pas tout à fait au buste militaire accompagnant la légende de droit qui, en fait, présente un homme dans la force de l’âge. C’est la première fois que nous proposons ce type à la vente en trois décennies. Il est beaucoup plus rare que le laissent supposer les ouvrages généraux. Cet exemplaire provient de la vente R&C Numismatique, 1er juillet 2025, n° 22. Avec ce solidus, vous venez de découvrir tout - et peut-être plus encore - ce qui peut accompagner la présentation d’une monnaie d’une manière descriptive et iconographique. À l’ensemble de ces données qui permettent d’appréhender la rareté de la monnaie, faudrait-il ajouter le contexte historique tourmenté de la période entre Orient et Occident qui ne jouent plus tout à fait la même partition depuis la prise de Rome par Alaric le 24 août 410. Honorius, l’oncle de Théodose II, a délaissé Milan pour Ravenne, où il s’est installé en 402, devenue capitale impériale de la pars occidentalis. Après la mort d’Arcadius le 1er mai 408, Honorius a peut-être caressé l’espoir de réunifier les deux parties de l’Empire séparées depuis la mort de Théodose Ier le 17 janvier 395. Mais l’élévation de Théodose II, à l’âge de neuf mois, a mis fin aux prétentions de l’Auguste d’Occident. Outre l’invasion wisigothique avec Alaric qui pénètre en Italie en 408, Honorius doit faire face à l’usurpation de Constantin III, proclamé Auguste en Bretagne au printemps 407 et qui est passé sur le continent rapidement où il s’installe. Honorius, devant le danger Barbare, doit faire face aux usurpations de Maxime en Espagne et d’Attale à Rome qui est déposé par Alaric avant le siège et la prise de l’Urbs. Après l’élimination de Constantin III et de son fils Constans en 411 et la fin de la sédition en Espagne, c’est Jovin qui est proclamé Auguste en Gaule, puis l’année suivante Héraclien à Carthage et Sébastien en Gaule. Si l’année 413 voit la disparition de ces usurpateurs, ce sont les Wisigoths qui s’emparent du sud de la Gaule et s’y installent durablement. Attale qui avait été déposé en 410, reprend la pourpre en 414 avant d’être de nouveau déposé l’année suivante en Occident. En 416, Wisigoths et Romains signent un traité (foedus) sous l’impulsion du général Constance (III) confirmé en 418. Il épouse Galla Placidia, fille de Théodose Ier et demi-sœur d’Arcadius et d’Honorius. De cette union naît un fils en 419, le futur Valentinien III. Pendant ce temps, l’Orient a dû faire face à de multiples invasions en Asie Mineure entre 404 et 407, a favorisé la migration des Wisigoths vers l’Ouest et connaît ensuite une période de relative tranquillité face au péril barbare. La chute de Rome en 410 qui n’avait pas été conquise depuis l’invasion celtique du IVe siècle avant J.-C. est un choc pour les élites et marque le délitement progressif de l’Empire d’Occident tout en renforçant la place et le rôle de Constantinople. Avec ce solidus à buste militaire de Théodose II, vous ferez entrer dans votre collection un pan de l’histoire de Rome au moment où le rôle de l’Urbs s’efface pour laisser rayonner la capitale de l’Empire d’Orient. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT Lr 80 : 65€ Lr 88 : 235€ THÉODOSE II : UN SOLIDUS QUI CASQUE !
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