Bulletin Numismatique n°257 15 Un statère en électrum du type de Chenôves attribué aux Éduens (Aedui) de la prochaine Live Auction du 2 décembre 2025 a retenu notre attention. Le type est bien connu, nous avons deux classes pour ce type de statère : la première avec une lyre (cl. 1), la seconde avec une rouelle placée sous le cheval. En trois décennies nous avons proposé à la vente une quarantaine d’exemplaires, souvent en état moyen de conservation. En revanche, pour la classe I avec la lyre sous le cheval et ce dernier tourné à gauche plutôt qu’à droite, c’est un seul statère que nous avons offert à la vente (bga_537003) mais en bien plus mauvais état à 1 500€ sur la boutique Cgb.fr, exemplaires qui ne semblent pas liés par les coins, mais l’état de conservation du premier exemplaire ne permet pas de se faire une idée précise. Notre statère serait le cinquième répertorié avec cette particularité. ÉDUENS (BIBRACTE, RÉGION DU MONT-BEUVRAY) (IIe – Ier SIÈCLE AVANT J.-C.) Les Éduens (Aedui), terme qui pourrait se traduire par les « Ardents », étaient certainement, après les Arvernes, le peuple le plus important de la Gaule. Leur territoire s'étendait entre Seine, Loire et Saône sur les départements actuels de la Saône-et-Loire, la Nièvre, une partie de la Côte-d'Or et de l'Allier. Ils occupaient une position stratégique sur la ligne de séparation des eaux entre la Méditerranée, l'Atlantique et la Manche. Les Éduens, perpétuels rivaux des Arvernes, les avaient remplacés après la fin de l'Empire arverne et la défaite de 121 avant J.-C. Alliés fidèles des Romains dès le début de la deuxième guerre Punique, lors du passage d'Hannibal en Gaule en 218 avant J.-C., c'est grâce à leur alliance que Domitius Ahenobarbus aurait pu justifier son intervention contre les Allobroges en 121 avant J.-C. Ils ne furent pas étrangers à l'intervention romaine en Gaule et au déclenchement de la Guerre. En 58 avant J.-C., les Éduens firent appel à César pour les protéger contre l'invasion suève d'Arioviste qui menaçait leur territoire puis de nouveau pour contenir la poussée helvète. Si le vergobret Liscus, magistrat principal des Éduens, resta fidèle à l'alliance romaine, une partie de l'oligarchie éduenne rallia le camp gaulois avec Dumnorix et Divitiacos. Les Éduens restèrent fidèles à l'alliance romaine pendant la Guerre bien que César ait estimé à trente cinq mille hommes les Éduens qui participèrent à la coalition gauloise. César ne leur en tint pas rigueur et ils reçurent directement la citoyenneté parce qu'ils étaient considérés comme « frères consanguins des Romains ». Leur oppidum était Bibracte (le Mont-Beuvray), mais ils l'abandonnèrent en 15 avant J.-C. pour aller fonder Augustodunum (Autun). César (BG. I, 10, 33 ; VII, 32, 33) ; Strabon (G. IV, 3). Kruta : 21, 46, 69-70, 187, 251, 348-349, 351, 359, 362, 364-365. Statère d’électrum à la lyre, classe Ic du type de Chenôves, 70-50 avant J.-C. (El, 6,96 g, 17,50 mm, 6 h) A/ Anépigraphe Tête humaine laurée à droite, la chevelure stylisée ; grènetis. R/ Anépigraphe Cheval galopant à gauche ; au-dessus du cheval, l'aurige ; lyre sous le cheval. LT - ABT – DT 3178A (mêmes coins) – Sch/ Lyon - Z 524 S. Scheers, Les monnaies d’or éduennes des types de Chenôves, RBN, 1980, p. 53, pl. II/16 Flan court et légèrement décentré, éclaté à trois heures. Frappe un peu molle mais jolie monnaie. Patine de collection. Très rare. TTB 1 200€/ 2 000€ Ces monnaies du type de Chenôves se divisent en deux types ; à la lyre (classe I) ou à la rouelle (classe II). Ce type avec la tête à droite et le cheval à gauche est rarissime ! Mêmes coins que l’exemplaire reproduit dans le supplément IV du DT, Louis-Pol Delestrée & Marcel Tache, Nouvel Atlas des monnaies gauloises. IV. Supplément aux tomes I – II – III, p. 76, série 875, n° 3178A, pl XI = vente Weil du 30 mai 2008, n° 96. Cet exemplaire provient de la collection du docteur G. H., 30-31 octobre 1978, n° 76 (6,94 g). Ce type appartient à la série du trésor de Chenôves qui comprend des statères et des quarts de statère. C'est le monnayage final des Éduens, frappé dans la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C. Le trésor de Chenôves a fait l’objet d’un article de Simone Scheers, les monnaies d’or éduennes du type de Chenôves, RBN CXXXVI, Bruxelles, 1980, p. 31-44, pl. II. Dans cet article, S. Scheers est la première à signaler un exemplaire avec la tête à droite et le cheval tourné à gauche (sa classe Ic) qui n’a pas été repris dans un premier temps dans la typologie du DT pour la série 875, mais simplement ajouté dans le supplément IV. Ce type du trésor de Chenôves, bien que très rare, n’est pas inédit. Il est d’abord passé sous les « radars », mais est néanmoins connu et recensé. Grâce au travail de S. Scheers, nous avons pu restituer son « pédigré » à ce statère qui ne le possédait plus. Ne laissez pas passer l’opportunité de l’acquérir maintenant que nous lui avons rendu ses lettres de noblesse ! Viviane BÉCLIN & Laurent SCHMITT « AMIS DU PEUPLE ROMAIN » : STATÈRE ÉDUEN DU TYPE DE CHENÔVES
RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=