Bulletin Numismatique n°257 14 Un statère de billon des Vénètes, de très beau style, avec un visage expressif a retenu notre attention. Il fait partie de la dispersion de la Live Auction du 2 décembre 2025. Si, depuis trois décennies, nous avons pu proposer sept exemplaires de ce type, associés à différents visages et expressions, c’est semble-t-il le plus bel exemplaire, par son centrage et son état de conservation. Parmi les exemplaires dispersés, l’un provenait peut-être du trésor d’Amanlis (avec son numéro à l’encre de Chine caractéristique du travail de numérotation du docteur J.-B. Colbert-de-Beaulieu, bga_664926), et deux étaient indiqués provenant du trésor de Pipriac (bga_1019034 et 1019035). Nous ne pouvons pas affirmer que notre exemplaire ait appartenu à l’un des ces deux dépôts, en particulier celui de Pipriac, mais son style, son centrage et son iconographie en font un exemplaire d’exception. VÉNÈTES – RÉGION DE VANNES (IIe – Ier SIÈCLE AVANT J.-C.) Les Vénètes étaient un peuple armoricain qui résidait dans l’actuel département du Morbihan et dont la capitale était Vannes. Ils étaient aussi bons marins qu’excellents commerçants et contrôlaient aussi bien le commerce de l’étain que son exportation entre la Bretagne et Rome. Ils avaient une puissante flotte et de nombreux ports côtiers. Les Vénètes prirent la tête de la coalition armoricaine qui s’opposa à César en 57 avant J.-C. Ils furent soumis par Crassus. L’année suivante, en 56 avant J.-C., la flotte vénète rencontra celle de César dans l’estuaire de la Loire ou dans le golfe du Morbihan et fut totalement détruite. Ils envoyèrent un contingent de secours pour aider à dégager Vercingétorix assiégé dans Alésia lors de la seconde révolte. Après la Guerre, les Vénètes perdirent leur puissance politique, mais conservèrent un rôle économique, en particulier dans les relations commerciales avec la Bretagne. César (BG. II, 34 ; III, 7, 9, 11, 16, 17 ; VII, 75). Tite-Live (Ep. 104). Strabon (G. IV, 4, 1). Pline (HN. IV, 107) ; Ptolémée (G. II, 8). Statère de billon, classe III – au nez droit, c. 60-50 avant J.- C., Vannes (56) (Bill, 6,17 g, 20 mm, 6 h) A/ Anépigraphe Tête à droite, les cheveux allongés en grosses mèches se terminant par des S, entourée d’un cordon perlé. R/ Anépigraphe Cheval androcéphale, bridé à gauche ; au-dessus, l’aurige tient une hampe ; devant le cheval, un rinceau ; sous le cheval, sanglier enseigne à gauche. LT – 6667 var. DT 2293 (série 353A, cl. III, var. III) – KG p. 54 Katehrine Gruel, Éric Morin, Les monnaies celtes du musée de Bretagne, Paris, 1999, p. 74, n° 479, p. 167 Beau statère sur flan centré. Très joli droit quasi SUP. Patine grise. Très rare. TTB+ 2 000€/ 3 500€ Type rare ! Exemplaire parfaitement centré au droit et au revers, d’un style particulier. Notre exemplaire est très proche de l’exemplaire 479 du musée de Rennes qui provient du trésor de Pipriac, l’Alleu (35). Il présente une homotypie de contiguïté pour le droit, sinon une liaison de coin que la qualité de la photo du musée de Rennes ne permet pas de confirmer. Les auteurs du DT font référence à la collection d’Émile Guibourg dont la collection fut dispersée par Jean Vinchon les 9 et 10 décembre 1974. Un numéro, à l’époque attribué aux Coriosolites, mais avec la mention LT 6667, comprenait deux statères de ce type, provenant du trésor de Pipriac (non photographié). C’est le docteur Colbert de Beaulieu qui a isolé et étudié les six classes du monnayage d’argent et de billon des Vénètes en 1953, Une énigme de la numismatique armoricaine : les monnaies celtiques des Vénètes, I, l’argent, MSHAB. 33, 1953, p. 5-52. Ce type était attribué aux Coriosolites. Le dr. J.-B. Colbert de Beaulieu l’a restitué aux Vénètes. Il constitue la quatrième classe du monnayage. Ce monnayage de billon a certainement été frappé peu avant la guerre des Gaules et ressemble au monnayage final des Coriosolites. Ce monnayage est antérieur à 56 avant J.-C., date de la victoire romaine sur les Vénètes. La tête est complètement différente dans cette classe. Le droit est assez proche de ceux de la classe 3a qui vient normalement dans le classement de K. Gruel après celui de la classe 4 et qu’il faudrait peut-être replacer en suivant les conclusions du dr. Colbert de Beaulieu. Les exemplaires de cette classe conservés à Rennes viennent du trésor d’Amanlis dans la région de Rennes et de Pipriac, dans l’arrondissement de Redon, découvert en 1908 et qui contenait plus de 600 monnaies, publié en 1953 dans la Revue Belge de Numismatique. C’est toujours avec une certaine émotion que nous redécouvrons ces statères de billon si évocateurs qui ont permis au docteur Colbert de Beaulieu (1905-1995) de construire son classement charactéroscopique des monnaies de l’ensemble armoricain, ensuite appliqué à l’ensemble de la numismatique gauloise, dont il reste un des fondateurs, trente ans après son décès. Viviane BÉCLIN & Laurent SCHMITT STATÈRE DE BILLON DES VÉNÈTES : TOUT EST DANS LE NEZ
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