Bulletin Numismatique n°257 13 Nous avons eu de nombreuses occasions dans le Bulletin Numismatique d’aborder le monnayage des Parisii (BN 230 à 255). Cependant en trois décennies nous n’avons proposé à la vente que trois de ces quarts de statères (DT 2422 = Sills 106f, pl. 17, 511-512) qui, dans les ouvrages anciens, étaient plutôt attribués aux Durocasses, que le Dr. Colbert de Beaulieu a rendus aux Parisii et que J. Sills, dans son remarquable ouvrage, nomme le troisième atelier des Parisii (mint C). Notre exemplaire (bga_1066193) est de loin le plus beau et le mieux venu à la frappe. Typologiquement, il est très proche de l’exemplaire 512 de Sills (BN 7807). C’est l’occasion pour nous de réexaminer ce type si proche des Parisii, mais si différent, ce qui en fait parfois le mal aimé de la série parisiaque. PARISII – RÉGION DE PARIS (IIe – Ier SIÈCLE AVANT J.-C.) Les Parisii formaient un peuple petit mais puissant dont l'oppidum était Lutèce. Apparentés aux Sénons, les Parisii et la cité se seraient émancipés de leur tutelle, relativement tardivement, après la défaite arverne de 121 avant J.-C. La richesse des Parisii reposait sur le contrôle fluvial de la Seine et des confluents avec la Marne, la Bièvre, l'Ourcq et l'Oise. César choisit Lutèce en 53 avant J.-C. pour convoquer l'assemblée des peuples gaulois. Les Parisii furent parmi les premiers à répondre à l'appel de Vercingétorix, l'année suivante, en 52 avant J.-C. et fournirent un contingent de huit mille hommes pour l'armée de secours. Surveillé par Labienus, ami et légat de César, le territoire des Parisii fut le théâtre des derniers combats qui opposèrent Gaulois et Romains. Finalement, le chef aulerque Camulogène fut vaincu et tué près de Lutèce. César (BG. VI, 3 ; VII, 4, 34, 57, 75). Kruta : 36, 40, 46, 68, 365, 368. Quart de statère d’or, atelier C, classe 1b, Ier siècle avant J.-C. (Or, 1,77 g, 16 mm, 12 h) A/ Anépigraphe Tête à droite, la chevelure en arcs de cercle ; grènetis. R/ Anépigraphe Cheval disloqué à gauche ; au dessus, une rosace accostée de deux arcs de cercle ; grènetis. LT 7804 var. – DT 2422 G. Depeyrot, Moneta 44, 195 (38 ex.) J.-B. Colbert de Beaulieu, Les monnaies gauloises des Parisii, p. 142, fig, n° 15 John Sills, Gaulish and early British Coinage, Spink, London, 2003, p. 292-297 et 505 (31 ex.), pl. 17, 512 (type 1b, 106f) Flan centré, un coup au revers déformant la monnaie, ainsi que des rayures au droit. Autrement, un bel état. Patine de collection. Très rare. TTB 2 000€/ 4 000€ Notre exemplaire est très proche de l’exemplaire n° 15 du classement de la collection de Pierre-Carlo Vian. JeanBaptiste Colbert de Beaulieu intègre cette série dans le monnayage des Parisii, comme série homotypique. Dans le Nouvel Atlas, ces monnaies sont classées comme Parisiaques. J. Sills précise que cette série spécifique serait issue d’un troisième atelier rattachable aux Parisii. Toutes les monnaies de cette série sont altérées par un coup de burin, très nettement porté au revers de notre exemplaire, avec les traces en relief sur le droit. Pour ce type bien particulier correspondant à la classe 1b de Sills, p. 294 (n° 511-512), J. Sills indique que le style est beaucoup plus cru que pour la classe 1a et que les coins ont été gravés de manière hâtive. Il émet l’idée que ce type pourrait appartenir à une quatrième paire de coins retouchés ou regravés à partir de la troisième. Sur les 31 exemplaires recensés, Sills a isolé deux coins de droits et deux coins de revers (3 et 4) sans liaison de coin entre les deux séries. Nous avons 22 exemplaires pour la première paire de coins et 9 exemplaires pour la seconde. Notre exemplaire semble bien appartenir à la seconde catégorie. D. Sills signale que de nombreux exemplaires présentent des marques de démonétisation (coups de pinçon). Malgré le nombre d’exemplaires recensés, dont la plupart se trouvent conservés dans des collections publiques, ce type reste rare. Au XIXe siècle, lors de la rédaction du catalogue des monnaies gauloises de la BN, cette série était attribuée aux Parisii. Dans son ouvrage sur leur monnayage, J.-B. Colbert-de-Beaulieu classait cette série « homotypique des Parisii » au sud-ouest de Paris, entre les Aulerques Eburovices et les Carnutes, en proposant une attribution aux Durocasses qui lui est restée jusqu'au récent ouvrage de J. Sills. Dans son travail, il restitue cette série à un atelier rattachable aux émissions parisii. Selon J.-B. Colbert-deBeaulieu, le poids des quarts de ce type « oscille entre 1,80 et 2,07 grammes ». Concernant la métrologie, il concluait qu’il ne s’agissait en fait d’un tiers de statère. Les poids correspondraient effectivement à un statère unité trop lourd. Il faisait justement remarquer « que le poids d’une division n’excède pas proportionnellement celui de l’unité. Il nous semble donc avoir affaire à des tiers de statère ». Aucun des deux exemplaires illustrés dans le Nouvel Atlas n'a les trois globules au-dessus de la queue du cheval au revers. L’exemplaire n°274 du musée de Zurich porte également un coup de burin, semblable à celui de notre monnaie, mais porté au revers pour un classe 1a de l’atelier C. Cet article qui peut sembler plus technique au départ, révèle les difficultés que pose ce monnayage, rattaché aux Parisii, si différent dans sa composition et son iconographie, mais si semblable dans son style et sa représentation. Parfois bien plus rare que les magnifiques statères de la Classe V du trésor de Puteaux, ces quarts de statères n’en méritent pas moins toute notre attention et notre intérêt. Par ailleurs, à titre de comparaison, vous pouvez découvrir deux quarts de statères des Parisii sur notre boutique Cgb.fr. Viviane BÉCLIN & Laurent SCHMITT ENCORE LES PARISII : QUART DE STATÈRE D’OR
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