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Bulletin Numismatique n°256 39 la naissance de Bolivar). Dans le cou de son épouse, le nom du graveur : E. SOLDI. En bas, une banderole avec l’inscription BLANCO – 24 de julio de 1883 – BOLIVAR. Simon Bolivar était né en effet le 24 juillet 1783 à Caracas. On le voit, Guzman Blanco se met sur le même plan que le Libertador en célébrant le centenaire de la naissance de ce dernier. Fig. 3 : Médaille du général Guzman Blanco pour le centenaire de la naissance de Simon Bolivar 1883. Le revers accentue cette tendance. Il montre un cartouche richement décoré surmonté de l’écu aux armes du Venezuela, lui-même entouré d’une palme ainsi que d’une branche de laurier et surmonté de deux cornes d’abondance, le tout sur un fond de trois étoiles flamboyantes. Dans le cartouche, l’inscription GUZMAN BLANCO LIBERATORIS GLORIAE (Guzman Blanco à la gloire du Libérateur)3 tandis que pend de ce cartouche une grappe de fruits. Enfin, comme à l’avers, un bandeau en bas de la médaille avec les inscriptions : au centre INDEPENDENCIA Y LIBERTAD (Indépendance et Liberté) et, de part et d’autre, deux dates 5 DE JULIO 1811 (5 juillet 1811) et 28 DE MARZO 1864 (28 mars 1864). Ces deux dates rappellent d’une part la première insurrection indépendantiste du 5 juillet 1811 conduite à 3 On peut lire également « A la gloire du Libérateur Guzman Blanco ». l’époque par Francisco de Miranda et Simon Bolivar4, d’autre part la proclamation de la Constitution fédéraliste du 28 mars 1864, prélude à l’accession de Guzman Blanco au pouvoir5. Par l’ensemble de la composition de cette médaille, Guzman Blanco profite de la commémoration bolivarienne pour s’auto-proclamer l’égal du Libertador. Fig. 4 : Monnaie à l’effigie du général Médici et de Simon Bolivar pour le 150e anniversaire de l’indépendance du Brésil 1822-1972. Tels sont les enseignements que l’on peut tirer de cette médaille. Elle illustre, une fois de plus, comment les hommes politiques manipulent parfois l’histoire à leur profit en se servant des anniversaires et des commémorations de personnes illustres. Avec Bolivar, la tentation est grande en Amérique du Sud. C’est ainsi qu’en 1972, pour fêter le 150e anniversaire de l’Indépendance du Brésil, pays qui ne devait rien à Bolivar, le général-président dictatorial Medici (1970-1974) fit frapper des monnaies commémoratives avec son buste accompagné, non du responsable de l’indépendance brésilienne, que tout le monde a oublié, mais, sans aucune vergogne, de… Simon Bolivar infiniment plus prestigieux ! (fig.4) Christian CHARLET 4 Cette première insurrection fut un échec qui entraîna l’arrestation de Miranda par les Espagnols et son élimination du combat pour la libération et l’indépendance de l’Amérique latine. Bolivar prit alors sa succession. 5 Cf. supra. QUAND UN DICTATEUR SUD-AMÉRICAIN SE SERT DU LIBERTADOR POUR VANTER SA PROPRE GLOIRE LE FRANC LES ESSAIS, LES ARCHIVES CHARLES X (1824-1830) 59€

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