Bulletin Numismatique n°256 18 Si dans les Live et Internet Auctions, nous vous proposons des monnaies rares, présentant le plus souvent des provenances prestigieuses avec des « pedigree », vous pouvez aussi découvrir ce type de pépites sur nos différentes boutiques : Grecques, Romaines Provinciales, Byzantines ou bien encore Celtiques. C’est le cas pour ce tétradrachme de Syracuse, frappé à une époque cruciale de l’histoire de la cité, au moment où elle se trouve embarquée dans la guerre du Péloponnèse après la paix de Nicias en 421 avant J.-C. L’expédition athénienne en Sicile en 415 avant J.-C., à l’initiative d’Alcibiade, va constituer la première grande défaite de la cité de la chouette qui devait entraîner la fin de la thalassocratie athénienne en 404 avant J.-C. Pendant cette période, à Syracuse, les plus grands graveurs, ou les plus connus comme Kimon ou Euainetos, vont signer les fameux décadrachmes commémorant la victoire syracusaine. Mais ces graveurs ainsi que de nombreux autres ont aussi laissé leur marque sur des tétradrachmes comme l’exemplaire que nous vous proposons aujourd’hui ! Notre exemplaire est signé par Phrygillos et Euarchidas. En fait sur notre exemplaire, le revers bien qu’attribué à Euarchidas ne l’est pas, particularité de ce revers. Pour l’ensemble des graveurs grecs ayant signé des monnaies que ce soit à Syracuse ou ailleurs, il faut toujours se reporter à l’ouvrage de L. Forrer, Notes sur les signatures de graveurs sur les monnaies grecques, Bruxelles, 1906, 381 p. IV pl. Pour Syracuse, après l’ouvrage de E. Boehringer, Die Münzen von Syrakus, Berlin-Leipzig, 1929, VIII + 297 p., 32 pl., pour les monnaie antérieures à 415 avant J.-C., l’ouvrage fondateur pour les tétradrachmes de la période classique à la fin du Ve siècle avant J.-C., reste celui de O.-T. Tudeer Lauri, Die Tetradrachmenprägung von Syrakus, Berlin, 1913, 292 p., VIII pl. Plus récemment, W. R. Fischer-Bossert a repris l’étude de ce sujet dans Coins, Artists, ant Tyrants Syracuse in the Time of the Peloponnesian War, ANS NS 33, New York, 2017, XXVII + 371 p., XXVII pl. Grâce à ce nouvel ouvrage, parfaitement documenté et qui vient agréablement compléter celui de Tudeer, publié plus d’un siècle auparavant, nous avons aujourd’hui un outil incomparable qui nous permet d’appréhender ce monnayage avec une vision renouvelée en tenant compte de nouveaux exemplaires apparus sur le marché depuis un siècle. Dans ces conditions, nous avons pu rendre à notre exemplaire sa provenance, qui s’était égarée depuis 1975, et le rattacher au grand ensemble que constitue ce monnayage d’une qualité artistique indéniable. C’est aussi la preuve, si cela était nécessaire, de l’intérêt de s’attacher à rechercher les provenances de nos monnaies afin de restituer l’histoire des collections et de leurs propriétaires. Dans la plupart des cas, ce travail ne peut se réaliser que pour les monnaies les plus importantes, celles qui on fait l’objet ou d’une description très précise ou le plus souvent d’une photographie, mais pas avant le dernier quart du XIXe siècle. Dans des cas encore plus inattendus, grâce au travail d’artistes doués, dans la période précédente, il est possible d’identifier une monnaie grâce à un dessin. Dans le cas présent, nous avons pu redonner à notre pièce ses lettres de noblesse, et surtout le plus important, la replacer dans son cadre artistique et historique. En outre, pour notre type, par rapport à ce qui est la norme pour ces monnaies, et les tétradrachmes en particulier, droit et revers sont inversés et c’est bien la tête de la nymphe qui se trouve au droit et le quadrige au revers, spécificité technique remarquable. TÉTRADRACHME SIGNÉ PHRYGILLOS & EUARCHIDAS POUR SYRACUSE : L’OUVRAGE DE RÉFÉRENCE
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