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Bulletin Numismatique n°256 10 Un brillant hommage, mille fois mérité, rendu aux éminents numismates historiques de Provence par leur héritier d’aujourd’hui. Ainsi pourrait-on résumer l’ouvrage magistral que nous livre le professeur JeanLouis Charlet, l’un des plus grands latinistes du monde, sinon le meilleur, par ailleurs lui-même éminent numismate familier des monnaies depuis près de 70 ans et Aixois depuis 55 ans après être né dans l’agglomération toulonnaise il y a 80 ans. Dans la France hexagonale, je laisse de côté l’île de Corse si spécifique, la Provence et la Narbonnaise sont des lieux bénis de l’archéologie et de la numismatique, cette dernière étant intrinsèquement liée à la première, en sa qualité de « science auxiliaire de l’histoire ». Toute cette bordure territoriale de la Méditerranée est riche en somptueux monuments et vestiges de ce que fut la civilisation gréco-latine, sans oublier les peuples antérieurs de la Gaule dont la trace subsiste en des lieux tels que les oppida d’Ensérune et d’Entremont ou les Moneghetti de Monaco. Un tel contexte ne pouvait que favoriser, depuis plusieurs siècles, des vocations de grands archéologues et de remarquables numismates. C’est à ces derniers, du XVIe siècle à nos jours, que Jean-Louis Charlet a consacré son étude, issue de longues recherches menées pendant des années car son ouvrage n’est pas une simple biographie, encore moins un roman, mais le résultat, fort agréable à lire, d’un véritable savant, détenteur à la fois d’une immense culture et des méthodes de travail, ainsi que de l’écriture, qui sont propres à la recherche scientifique au plus haut niveau. De ce fait, grâce à la maîtrise de l’auteur, à la profondeur jointe à l’étendue et à la variété de ses connaissances, à la qualité de son style et sa connaissance de la langue française1, c’est à une véritable résurrection que l’on assiste des personnages qu’il fait revivre en mettant en lumière tout ce qu’ils ont apporté à la numismatique. Car l’une des qualités majeures de l’ouvrage de J.-L. Charlet c’est de nous tenir en haleine en nous contant l’histoire passionnante de ces numismates disparus en ayant l’art de mêler, quand il le faut, l’anecdote complémentaire de ce que l’on appelle quelquefois la « grande histoire ». Un jour que j’avais complimenté un numismate en le qualifiant « d’André Castelot de la numismatique », il m’avait rétorqué furieusement « tu pourrais dire au moins Alain Decaux », ce qui annonçait sa mégalomanie. Eh bien, en lisant J. L. Charlet, j’ai réellement l’impression de me trouver en présence d’un Alain Decaux de la numismatique, même si ce dernier n’était pas agrégé de lettres mais d’histoire et académicien français, J.-L. Charlet étant académicien belge à titre étranger. À toutes les pages, à toutes les lignes, son ouvrage fourmille d’informations inédites, enrichies de plusieurs centaines de notes (avec le compteur remis à zéro à chaque nouveau chapitre, fruit d’une colossale recherche dans les archives et d’une lecture non moins énorme d’un nombre impressionnant d’ouvrages en tous genres. L’auteur indique que son livre est une Esquisse d’une histoire de la numismatique provençale (XVIe-XXe siècles) : il est trop modeste, il s’agit d’une véritable somme qui nous apprend ce que furent ces éminents numismates, beaucoup trop méconnus jusqu’à présent, certains étant même restés inconnus. Mais cet oubli est désormais réparé : grâce à J.-L. Charlet nous savons maintenant ce qu’ils furent et ce que nous leur devons. Voilà bien une raison majeure pour laquelle tout numismate soucieux de connaître l’héritage que nos prédécesseurs nous ont laissé se doit de lire ce livre capital et de s’en pénétrer. Je me réjouis particulièrement que la Maison Cgb.fr fasse partie des entreprises de librairie qui en assurent la diffusion, comme elle le fait pour nombre d’ouvrages numismatiques lorsqu’ils apparaissent sur le marché, fidèle à sa vocation voulue par son fondateur le regretté Michel Prieur, également grand numismate. Après une introduction de grande qualité dans laquelle l’auteur explique ses choix et sa méthode de travail, remerciant les archives et les bibliothèques provençales qui l’ont accueilli (il est administrateur de plusieurs d’entre elles), l’ouvrage retrace la vie des éminents numismates provençaux depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, le dernier étant Me Pierre-Carlo Vian décédé en 1975, il y a 50 ans. On pourrait y ajouter un septième chapitre avec leurs successeurs actuels, notamment Jean-Louis Charlet, Jean-Albert Chevillon et d’autres. Nous y 1 Il est agrégé de lettres comme Fabius, Juppé, Bayrou, etc. ; et de surcroît docteur ès lettres, ce qu’ils ne sont pas. LE COIN DU LIBRAIRE, FIGURES DE NUMISMATES EN PROVENCE

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