Bulletin Numismatique n°255 68 IL Y A 50 ANS FERMAIT L’ATELIER DE LONDRES En 1975, fermait l’atelier de Londres au profit de l’atelier de Llantrisant au Pays de Galles qui à partir de cette année concentre toutes les productions monétaires de la Royal Mint. L’atelier monétaire de Londres, connu sous le nom de Royal Mint, a une histoire remontant à plus d’un millénaire, de ses origines autour de la Tour de Londres jusqu’à sa fermeture en 1975. ORIGINES ET INSTALLATION À LA TOUR DE LONDRES La frappe monétaire à Londres démarre au IXe siècle avec des pièces telles que le penny d’argent sous le règne d’Alfred le Grand. Cependant, c’est en 1279, sous le roi Édouard Ier, que les divers ateliers monétaires locaux sont centralisés à la Tour de Londres pour constituer la Monnaie royale. La Tour, forteresse sécurisée, devient alors le cœur de la fabrication monétaire pour l’Angleterre, où l’or et l’argent étaient stockés et façonnés par des artisans appelés « monnayeurs ». Au fil des siècles, les méthodes évoluent lentement, passant du marteau à la mécanisation : dès le XVIIe siècle, des tentatives d’introduire des techniques innovantes (comme la presse au moulin de Nicolas Briot ou les cannelures de Pierre Blondeau) se succèdent, malgré les réticences des monnayeurs traditionnels. INNOVATIONS ET CÉLÉBRITÉS La Royal Mint fut le lieu de plusieurs avancées techniques et hébergea des personnalités de renom. Entre 1700 et 1727, Isaac Newton occupa le poste de Master of The Mint, supervisant la production et protégeant la qualité de la monnaie. Au XVIIIe siècle, Matthew Boulton introduit la frappe au balancier à vapeur, amenant une nouvelle ère de précision et de sécurité, notamment contre la contrefaçon. DÉMÉNAGEMENT VERS LE ROYAL MINT COURT La Royal Mint quitte la Tour de Londres vers 1811 principalement en raison de l’exiguïté et de l’inadaptation des locaux historiques aux nouvelles exigences de la production. La demande en monnaie était croissante, stimulée par l'expansion économique et les besoins de l'Empire. L’atelier traditionnel, établi dans la forteresse, devenait incapable d’accueillir les nouvelles machines à vapeur de Matthew Boulton, bien plus volumineuses et bruyantes que les anciennes presses manuelles. Le transfert répond également à la nécessité d’accroître la sécurité et l’efficacité des flux de travail. Le bâtiment du Royal Mint Court établi sur Tower Hill près de la Tour de Londres, conçu par James Johnson puis Robert Smirke, offrait un espace moderne, des logements pour le personnel et une meilleure organisation des ateliers. Cette réorganisation permet une circulation plus rationnelle des matières et accélère fortement la croissance de la production nationale. Avec le développement de l’empire colonial britannique au XIXe siècle, la Royal Mint ouvre aussi des succursales. La première d’entre elles est celle de Sydney en 1853 dont l’activité est boostée par la ruée vers l’or. Suite à ce succès, deux autres succursales sont ouvertes, toujours en Australie, à Melbourne et à Perth respectivement les 2 juin 1872 et 20 juin 1899. Sous contrôle du Royaume-Uni depuis 1763, le Canada connaît aussi un important développement. À partir de la moitié du XIXe siècle, un long débat naît sur le choix d’un système monétaire, à savoir une livre canadienne calquée sur celle existante au Royaume-Uni ou un dollar canadien comparable au dollar des États-Unis avec lesquels les relations économiques sont croissantes. Le débat est tranché en 1858 avec l’adoption du dollar canadien. Pour faire face à la demande et satisfaire une population canadienne désirant disposer de son propre atelier monétaire, l’atelier d’Ottawa est ouvert le 2 janvier 1908. Une sixième succursale est ouverte à Bombay le 21 décembre 1917 en plein conflit mondial afin de satisfaire la demande en souverain en or. VERS LLANTRISANT (PAYS DE GALLES, 1968-1975) La Royal Mint reste à Tower Hill jusqu'à la fin des années 1960, à une époque où la production britannique explose : on passe de 70 millions à plus de 150 millions de pièces frappées chaque année dès le début du XXe siècle. Mais après la Seconde Guerre mondiale, les infrastructures vieil-
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