Bulletin Numismatique n°255 27 Le nombre et la variété des types posthumes sont nombreux et ne se limitent pas aux monnaies royales. De nombreux ateliers des cités vont frapper des statères d’or immobilisés au nom et au type d’Alexandre. Le seul moyen de les reconnaître, c’est identifier leurs symboles (épisèmes) qui se trouvent dans le champ de la monnaie, agrémenté de lettres ou de monogrammes quand ces derniers ne sont pas les seuls moyens d’identifier les lieux d’émission. Depuis le XIXe siècle et les travaux de Carl Ludwig Müller (1809-1891) qui fut le premier à dresser l’inventaire de ces marques, Numismatique d’Alexandre le Grand, suivie d’un appendice contenant les monnaies de Philippe II et III, Copenhagen, 1855, toujours utile pour ses tables, nous avons pu commencer à mieux cerner ce monnayage gigantesque. Le deuxième à avoir œuvré afin de mieux faire connaître ce monnayage est l’Américain Edward Y. Newell (1886-1941) qui s’attacha, en particulier, à l’étude des ateliers levantins d’Alexandre, comme Tarse, Sidon ou Tyr entre autres. Mais il est remplacé aujourd’hui par l’ouvrage de Martin Price (19391995), The Coinage in the Name of Alexander the Great and Philip Arrhidaeus. A British Museum Catalog, London/ Zürich, 1991, 637 p., CLIX pl. Cet ouvrage, malheureusement épuisé et devenu fort cher (+500€), contient plus de 4 100 entrées pour l’ensemble du monnayage, complétées d’une quarantaine d’imitations et de plus de 100 faux. C’est grâce à ces nombreux index et tableaux de concordances (p. 515-637, en particulier pour les marques d’émissions des différents ateliers : symboles (p. 548-571), lettres et monogrammes (p. 571-632), que nous avons une vue d’ensemble du monnayage. Nous avons avec cet ouvrage un outil indispensable, complété depuis par les nouvelles découvertes qui ont été effectuées depuis sa publication. Revenons à nos quatre pièces de la Live Auction. Deux sont de l’atelier de Tarse, le premier qui aurait frappé au nom d’Alexandre et inaugurerait son monnayage. Pour l’or, la fabrication ne pourrait débuter avant la prise de Tyr en 332. La frappe commencerait entre ce moment et 330 avant J.-C. L’atelier fonctionnerait jusqu’à 323 avant J.-C., peu après la mort du roi. Nos deux statères appartiennent à la première phase du monnayage qui se termine c. 327 avant J.-C. Statère d’or, Cilicie, Tarse, 332/330-327 av. J-C., (Or, 8,60 g, 19,50 mm, 5 h) ; canthare dans le champ gauche du revers. Müller 193 var – Price 3004 – HGCS 3.1/ 893h – Newell Tarsus 14. Superbe exemplaire sur un flan bien centré des deux côtés. Très beau portrait d’Athéna, bien venu à la frappe. Joli revers. Patine de collection. Très rare. SUP 3 000€/ 5 500€ Statère d’or, Cilicie, Tarse, 332/330-327 av. J-C., (Or, 8,46 g, 17,50 mm, 2 h) ; canthare dans le champ gauche du revers. Müller 193 var – Price 3004 – HGCS 3.1/ 893h – Newell Tarsus 14. Flan bien centré. Droit agréable, usure régulière. Jolie Niké au revers. Patine de collection Poids léger. Monnaie nettoyée. Très rare. TB+ 1 250€/ 2 500€ Cet exemplaire provient de la Live Auction de décembre 2023 (bgr_843229) (prix réalisé 2212€ + frais). Pour ce type, il existe deux variantes en fonction de la position du canthare dans le champ gauche de la pièce (Price 3004), placé devant l’aile de la Niké, nos deux exemplaires ou (Price 3005) sous l’aile. Nous n’avons pas relevé d’identité de coins entre les différents statères. En revanche, la chevelure d’Athéna, dans les deux cas, est composée de quatre grosses mèches enroulées en forme de torsade. L’exemplaire frappé à Sidon, n’est pas référencé dans le volume 3.1 de l’ouvrage d’Oliver D. Hoover, The Handbook of Greek Coinage Series, Handbook of Coins of Macedon and its Neighbors. Part I : Macedon, Illyria and Epeiros, Sixth to First Centuries BC, (HGCS 3. 1/), CNG, Lancaster/ London, 2016, mais dans le volume 10 de la même série : Handbook of Coins ot the Southern Levant. Phoenicia, Southern Koile Syria (including Judaea) and Arabia, Fifth to First Centuries BC, (HGCS 10), Lancaster/ London, 2010. Statère d’or, Phénicie, Sidon, an 10 = 324-323 avant J.-C. (Or, 8,59 g, 17 mm, 12 h) ; K devant l’aile et ΣI sous l’aile. Müller 1411 - Price 3494 – HGCS 10/ 266 – Newell Sidon 33. Bel exemplaire sur un flan bien centré des deux côtés. Très joli revers, détaillé. Petite cassure de coin au droit. Patine de collection. Très rare. TTB 1 800€/ 3 500€ Même coin que l’exemplaire du British Museum (Price 3494a, pl. XII, entré en 1878). Ce type se rencontre dans le trésor de Saida (Liban) (IGCH 1508 ; trouvé entre 1829 et 1863, qui aurait contenu plus de 7000 statères d’or dont 41 identifiés, TPQ : c. 323-320 avant J.-C.) Avec son certificat d’exportation de bien culturel n°251137 délivré par le ministère français de la Culture. ALEXANDRE D’OR, UNE MONNAIE POUR L’EMPIRE : RUPTURE ET CONTINUITÉ
RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=