Bulletin Numismatique 255 - cgb.fr

Bulletin Numismatique n°255 26 Dans la Live Auction du 23 septembre 2025, ce n’est pas un, ni deux, mais quatre statères d’or au nom et au type d’Alexandre III le Grand (336-323 avant J.-C.) qui vous sont proposés. Sur ces quatre statères d’or, deux sont de l’atelier de Tarse, un de l’atelier de Sidon et le dernier pour l’atelier de Tyr. Les deux premiers sont du même type et portent le même différent, un canthare (kantharos, gr., cantharus, lat. = vase ou coupe à boire à deux anses latérales, détachée de la panse, grecque d’origine, consacrée à Dionysos/ Bacchus). Trois de nos pièces ont été frappées du vivant ou peu après la mort du conquérant (14 juin 323 avant J.-C.). La dernière, celle de Tyr, est posthume, frappée entre la fin du IVe siècle avant J.- C. et le début du IIIe siècle avant J.-C. Au moment de la mort de Philippe II de Macédoine en 336 avant J.-C., le trésor est vide et Alexandre doit consolider son trône avant d’entamer sa campagne contre les Perses qui va le mener jusqu’aux portes de l’Inde. Il est aujourd’hui acquis que le monnayage au nom et au type d’Alexandre que nous connaissons tous ne débute pas à l’accession du nouveau basileos macédonien. Alexandre passe en Asie en 334 avant J.-C. Sa première victoire au Granique en mai 334 lui ouvre les portes de l’Anatolie, mais il faut attendre la prise de Tarse et la bataille d’Issos (Cilicie) en novembre 333 avant J.-C., pour lui offrir celles du cœur de l’Empire perse et de l’Asie. Mais Alexandre se retrouve bloqué devant Tyr et ne s’empare de la ville qu’après un siège très dur de sept mois. Il semble bien que l’atelier de Tarse ait été le premier à monnayer pour l’Empire après la prise de la cité en 333 avant J.-C. avec les monnaies d’argent inspirées par le Baal de Tarse. Pour l’or, le monnayage pourrait bien ne commencer qu’après la prise de Tyr en 332 avant J.-C., que rappellerait la Niké au revers avec la couronne et la stylis (symbole naval, étendard sorte de hampe, placée à l’intérieur du navire). Tyr se trouvait sur une île non loin de la côte et Alexandre afin d’en effectuer le siège dut faire réaliser un môle unissant l’île à la côte. Tyr était l’un des principaux ports de la côte levantine et siège d’une partie de la flotte achéménide, dirigée et commandée par d’habiles marins phéniciens. Ce nouveau type, qui au fil des conquêtes d’Alexandre va devenir la monnaie d’Empire tandis que les « Chrysous Philippeios » (Philippe d’or) sont ses correspondants pour le monde grec, les « Chrysous Alexandreios » (Alexandre d’or) vont se diffuser dans l’ensemble de l’Empire conquis par Alexandre, supplantant dans l’Empire achéménide la darique. La nouvelle dénomination, comme celle de son père, est calquée sur l’étalon attique avec une masse théorique de 8,60 g d’or pur (+ 98%) et qui équivaut à 30 drachmes d’argent attique d’une masse de 130 g d’argent pur environ avec un ratio 1 : 15. Le statère représentait la solde mensuelle d’un soldat macédonien. Au IVe siècle avant J.-C., un bouleute (député) athénien touchait 6 oboles ou une drachme pour une journée de session à la Boulé (assemblée). La nouvelle dénomination va connaître une diffusion inégalée jusqu’alors et être frappée pendant plus de deux siècles, circulant largement dans le monde grec, copiée et imitée, parfois dans les contrées les plus reculées en dehors du monde grec, jusque dans le « Barbaricum ». Sa masse aura tendance à légèrement s’abaisser chronologiquement, sa pureté restant intacte. Ses caractéristiques épigraphiques et iconographiques sont les suivantes. A/ Anépigraphe Tête casquée d’Athéna à droite, coiffée du casque corinthien à aigrette, orné d’un serpent ; les cheveux tombant sur la nuque. (le décor du casque peut présenter des variantes, ainsi que l’ordonnancement de la chevelure). R/ ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ (d’Alexandre) Niké (la Victoire) debout à gauche, les ailes déployées, tenant de la main droite une couronne et de la gauche la stylis. Des différents monétaires, des monogrammes prennent place de chaque côté de la Victoire. Après la mort du roi, le monnayage continue d’être frappé à son nom, pour celui de son fils à naître, Alexandre (323-310/309 avant J.-C.), complété par le titre de roi (Βασιλεωσ). Nous avons aussi un important monnayage au nom du demi-frère d’Alexandre, Philippe III Arrhidée (323-317 avant J.-C.) (ΦΙΛΠΠΟΥ). Les généraux d’Alexandre, Diadoques puis Épigones vont continuer à frapper monnaie au nom du souverain décédé avant d’y placer leur propre nom à partir de 306/305 avant J.-C., tout en maintenant le type monétaire de base, en remplaçant le nom d’Alexandre, par le leur : Lysimaque (ΛΥΣΙΜΑΧΟΥ), Démétrius Poliorcète (ΔHMHTPIOY), Séleucus Ier Nicator (ΣEΛEYKOY)… ALEXANDRE D’OR, UNE MONNAIE POUR L’EMPIRE : RUPTURE ET CONTINUITÉ

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