Bulletin Numismatique 255 - cgb.fr

Bulletin Numismatique n°255 24 Dans la prochaine Live Auction du 23 septembre 2025, nous vous proposons un rare exemplaire de statère d’or de Carthage. En trois décennies, c’est seulement le troisième exemplaire que nous soumettons à la vente. Ce monnayage a fait très tôt l’objet d’une monographie en trois volumes et plusieurs suppléments de L. Muller, Numismatique de l’Ancienne Afrique, préparée par C. T. Falbe et J. Chr. Lindberg, publiée en français à Copenhague en 18601862. Le monnayage en or puis en électrum de Carthage entre le début du IVe siècle avant J.-C. et le IIe siècle avant J.-C. est homogène. Le type semble hiératique et intangible avec la tête de Tanit au droit tournée à gauche et le cheval statique debout à droite. Ce qui les différencie, pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, ce sont de minuscules petits globules qui ornent droit et/ou revers, en particulier autour du cheval et sur la ligne d’exergue. Mais il existe une différence notable beaucoup plus facile à déceler, c’est la masse des monnaies et le fait qu’ils sont en or de très haute qualité par rapport aux autres statères à partir du groupe IV, plus légers (environ 7,50 g) et dont le titre en métal fin s’abaisse rapidement. En effet, les exemplaires les plus lourds pèsent autour de 9,40 g environ pour les exemplaires les plus anciens du groupe III qui comprend neuf variétés d’après le classement de G. K Jenkins et R. B Lewis, Carthagian Gold And Electrum Coins, RNS, SP 2, Spink & Son, London, 1963. Ces pièces les plus lourdes sont aussi les plus anciennes et ont fait leur apparition dans la deuxième moitié du IVe siècle avant J.-C., entre 350 et 320 avant J.-C., selon la chronologie établie par Jenkins & Lewis en 1963 qui n’a pas été remise en question par J. Alexandropoulos, Les monnaies de l’Afrique antique (400 av. J.-C. – 40 ap. J.C.), PUM, 2e édition, Toulouse, 2007. Un autre ouvrage est venu compléter ce panorama avec la publication récente de M. Viola, Corpus Nummorum Punicorum (en italien), Varesi, Roma 2010, 960 pages, 951 entrées et 816 références bibliographiques entre 1803 et 2009 ! Jacques Amexandropoulos, en 2007, signalait à propos de ce groupe III que : « l’ensemble des émissions d’or suivantes (n° 4-14) correspond à une production massive, reflet d’une période de très grande influence de Carthage. L’étude des coins utilisés pour la frappe des monnaies (AL) n° 4 montre qu’il s’agissait là d’une des émissions d’or les plus abondantes du IVe siècle méditerranéen, attestant l’existence à Carthage de stocks particulièrement importants. ». Ce phénomène avait déjà été abordé par Jenkins & Lewis en 1963, p. 25 en le mettant en parallèle avec les autres productions de monnayages d’or du monde méditerranéen antique. Cependant, les monnaies du groupe III restent rares, en particulier celles des groupes IIIa (8 ex.), IIIb (2 ex.), IIIc (4 ex.), IIId (2 ex.) et 3e (6 ex.) en comparaison des groupes IIIf (21 ex.), IIIg (14 ex.) ou III h ou I (17 ex. chacun). L’or qui aurait servi à frapper ces statères pourrait provenir d’Afrique Occidentale par voie terrestre plutôt que maritime. Ce monnayage, bien que frappé sur le sol africain, circule aussi largement dans la zone d’influence carthaginoise, dont les îles (Sardaigne et Sicile) et servirait à stipendier les mercenaires de l’armée carthaginoise. ZEUGITANE – CARTHAGE (IVe SIÈCLE AVANT J.-C.) Carthage fut fondée en 814 avant J.-C., selon la tradition par des colons de Tyr. Virgile a immortalisé le conflit mortel qui devait opposer Carthage et Rome dans l’Énéide, mettant en scène Énée, qui souhaitait se rendre en Italie, et la reine de Carthage, Didon, qui voulait le retenir auprès de lui. Avant de se suicider après son départ, elle aurait lancé la malédiction qui devait peser sur Rome et Carthage jusqu’à la destruction de la seconde par la première en 146 avant J.-C. CARTHAGE : QUAND LES STATÈRES ÉTAIENT EN OR !

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