Bulletin Numismatique n°254 57 UNE QUINZAINE FASTUEUSE À MONACO (3-16 JUIN) de Naples) : marquisat de Campana, comté de Canossa notamment et que le roi de France fit de même pour la France après la confiscation des fiefs italiens du prince de Monaco par le roi d’Espagne, très mécontent de l’alliance franco-monégasque scellée à Péronne. Honoré II reçut ainsi en France le duché-pairie de Valentinois et la baronnie des Buis en Dauphiné, le marquisat des Baux et la seigneurie de Saint-Remy en Provence, le comté de Carladès (Carlat) en Auvergne, près d’Aurillac. Voilà pour les premiers fiefs. Mais ensuite il y a eu les mariages et deux furent très importants car ils apportèrent aux Grimaldi plusieurs fiefs en France. Fin 1715, juste après la mort de Louis XIV, la princesse héritière de Monaco, Louise-Hippolyte, épouse le comte Jacques de Goyon-Matignon appartenant à une vieille famille aristocratique normande. Il apporte aux Grimaldi de nouveaux fiefs, cette fois en Normandie : marquisat de Torigini sur Vire, baronnie de Saint-Lô notamment. Les Normands sont particulièrement heureux de compter les Grimaldi parmi leurs ancêtres historiques. A l’initiative des responsables des Archives, ils ont créé depuis 2011 deux remarquables expositions temporaires qui sillonnent la Normandie à travers tous ses départements : « La Normandie des Princes de Monaco » et « Les Princes de Monaco et la Normandie ». Malheureusement, la numismatique en est absente. En 2023, j’avais essayé d’y remédier grâce aux Journées numismatiques de Rouen mais un comité ad hoc n’en comprit pas l’intérêt et la numismatique restera absente de ces très belles expositions de haute valeur culturelle. En 1777 survient un nouveau mariage prestigieux. Le prince hériter de Monaco, futur Honoré IV, épouse la dernière duchesse de Mazarin, Louis d’Aumont-Mazarin, descendante directe d’Hortense Mancini, nièce du cardinal qui lui a donné en dot le duché de Rethel-Mazarin, acheté à Charles II de Gonzague, duc de Mantoue, ainsi que d’autres terres : duché de Mayenne, plusieurs seigneuries d’Alsace (Thann, Belfort, Ferrette, etc.) et d’Ile-de-France (Longjumeau, Chilly-Mazarin) auxquels il faut ajouter des terres en Poitou-Charentes (dont Parthenay) venues de l’héritage des ducs de la Malleraye. Tous ces biens sont apportés aux Grimaldi par Louise d’Aumont-Mazarin, fille du maréchal duc d’Aumont et de la duchesse née duchesse de Rethel-Mazarin4. 4 Le prince Albert II de Monaco possède le titre de duc de Mazarin, d’où l’exposition du musée de l’Ardenne (7 mars-8 juin) et sa visite le 24 avril. À partir de ces premiers territoires, auxquels sont ajoutés progressivement d’autres ayant eu des rapports avec les Grimaldi, est créée en 2015 la Fédération des Sites historiques Grimaldi de Monaco. En 2018 a lieu une première rencontre de 3 sites : marquisat des Baux, comté de Carladès (titres portés par les enfants princiers Jacques et Gabriella), enfin ville de Menton. Puis, les années suivantes, d’autres rencontres sont organisées sur la place du Palais où des stands sont installés faisant connaître les villes représentées et leurs spécialités. Les 14 et 15 juin 2025 a eu lieu la 6e rencontre réunissant plusieurs villes françaises (Villeneuve-Loubet, Ollioules, Uzès, Polignac, Saint-Pol-de-Chalençon, La Voûte-sur-Loire) ainsi que les communes italiennes de Bardi et Compiano (ancienne principauté des Valdetare). Un bloc postal a été émis spécialement à l’occasion de cette manifestation toujours très suivie et appréciée. En outre, un certain nombre d’exemplaires de la pièce de collection de 2€ de Monaco, émission 2025, en qualité BE, ont pu être acquis par les visiteurs de cette exposition5. Le lundi 16 juin, cette monnaie de collection, frappée à 15 000 exemplaires, a été mise en vente sur Internet par le musée des Timbres et des Monnaies aux conditions habituelles et elle est également disponible chez les professionnels. Le prix de vente au MTM est resté inchangé, soit 130€ + frais de port. Cette monnaie de collection est très belle. Elle montre un bâtiment médiéval du comté de Carladez accompagné des fusées monégasques et d’un lion. Elle a été frappée, comme d’habitude, par la Monnaie de Paris, fournisseur exclusif de la Principauté de Monaco en matière monétaire depuis 1865 (article 17 de la convention franco-monégasque de 1865). Christian CHARLET PS. Concernant la vente aux enchères MDC (2616 nos), on peut signaler un écu d’or de Henri IV 1599 vendu 8500€ sur une estimation de 5 000€, un essai de IIII sols 1602 vendu 8500€ et préempté par le Cabinet des médailles de la BnF (J. Y. Kind), un multiple d’or Louis XIII de 100 livres (=10 louis) vendu 300 000€ et un multiple de 40 livres (= 4 louis) 55 000€, un essai en argent de Warin 1645 à 17 000€, un double louis d’or à la mèche longue 1648 N à 19 000€, un louis 1690 aux armes du Béarn à 12 000€, un écu de Flandre aux insignes à 11 000€ et un louis aux 8L et insignes de Pau (vache) à 8 500€, un louis 1716 Q à 30 000€, un quart d’écu aux 3 couronnes 1715 au portrait de Louis XV 42 000€. Une pistole de Charles III de Lorraine 1588 (ancienne collection Wormser) a atteint 16 000€ mais le rarissime écu de Léopold 1700 (2 ou 3 ex. connus) en superbe état n’a malheureusement pas trouvé preneur à 15 000€, prix atteint par le thaler 1551 du cardinal de Lenoncourt. Dans l’ensemble, les prix atteints ont presque toujours dépassé les estimations (mises à prix) et les lots retirés n’ont pas été nombreux. Un ensemble de monnaies britanniques estimé 300 000€ s’est vendu 625 000€. La pièce de 15 sols 1670 de Colbert pour les colonies d’Amérique n’a pas trouvé preneur à 150 000€ tandis que le jeton d’argent de la loge des Neuf Sœurs au portrait de Benjamin Franklin s’est vendu 8 000€ (estimation). 5 Le communiqué de presse la concernant précise que « cette manifestation conviviale, à laquelle S.A.S. le Prince Albert II est très attaché, permettra à ces sites de présenter l’histoire qui les lie à Monaco et à la dynastie des Grimaldi, et de promouvoir leur patrimoine culturel, artisanal, culinaire et musical ».
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