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Bulletin Numismatique n°254 56 La première quinzaine de juin a mis la Principauté de Monaco en liesse. Débutant le mardi 3 juin par la numismatique, elle s’est achevée le lundi 16 de nouveau par la numismatique. C’est dire si celle-ci fut à l’honneur sur toute la ligne. Ce fut d’abord la somptueuse vente aux enchères de la Maison MDC (Monnaies de Collection), l’une des deux grandes maisons de numismatique1 qui font de Monaco une des grandes places internationales du commerce des monnaies et des médailles. Parallèlement, le musée des Timbres et des Monnaies (MTM), avec sa nouvelle responsable pleine d’allan, ainsi que le musée d’Anthropologie préhistorique, gardien des trouvailles monétaires découvertes à Monaco depuis le XIXe siècle, incarnent le rayonnement culturel de la Principauté dans le domaine de l’histoire monétaire et du patrimoine exceptionnel et irremplaçable que constituent pour un pays ses monnaies. « Les monnaies racontent l’histoire » écrivait le si regretté savant numismate et « honnête homme » Jean Babelon. On ne le dira jamais assez. La vente MDC fut étalée sur trois jours, les 3, 4 et 5 juin, afin de pouvoir écouler les 2616 numéros du catalogue (ouf !). C’était un véritable record sur lequel je reviens plus loin à la fin du présent article ; ce fut une fois encore une vente superbe et un grand moment, dans une atmosphère très conviviale. Le lendemain 7 juin de la fin de la vente clôturée par un dîner toujours très sympathique où le zèle vestimentaire n’est pas de rigueur (smoking à éviter sauf si l’on veut se faire remarquer et plastronner). Le Palais de Monaco est toujours représenté par le secrétaire général de la Commission des collections princières (timbres et monnaies), Michel Granero, accompagné de votre serviteur, également membre de cette commission depuis 23 ans. Cette année, j’y fêtais le 70e anniversaire (1955) de ma première visite à Monaco à l’occasion de la mort de mon grand-père provençal qui avait vécu à SaintJeannet dans la vallée du Var, près de Vence. Les années précédentes, Son Excellence Monsieur Laurent Stéfanini, ambassadeur de France à Monaco et éminent numismate connu, faisait l’honneur d’être présent à ce dîner ; cette tradition n’a pas été poursuivie par son successeur actuel, beau-frère du présent comte de Paris, qui n’a pas encore rendu visite au musée des Timbres et des Monnaies de la Principauté où ses prédécesseurs ont été accueillis depuis 2008. Le 12 juin, le MTM a vu avec satisfaction le retour, dans les collections permanentes exposées, de la magnifique série des monnaies (9 exemplaires) du prince de Valdetare, oncle et tuteur du prince de Monaco Honoré II (=régent) exposées du 7 mars au 8 juin au musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières, dans le cadre de l’exceptionnelle, prestigieuse et somptueuse exposition « Comtes de Rethel, Ducs de Mazarin, Princes de Monaco » unaniment appréciée et visitée le 24 mai par SAS le Prince Albert II accompagné de sa sœur SAR la princesse Caroline de Hanovre2. Les 7 et 8 juin la Principauté a reçu en visite officielle, dans la catégorie visite d’Etat (la plus élevée), le président de la République française Emmanuel Macron accompagné de son 1 L’autre grande maison monégasque est la Maison Gadoury, fondée dans les années 1970 par le regretté Victor Gadoury (un de mes amis personnels). A sa mort en 1994 elle a été reprise par Romolo Vescovi (mort en 2013) et Francesco Pastrone, aujourd’hui secondé par son fils Federico Pastrone qui dirige notamment les ventes aux enchères de la Maison Gadoury. 2 Cf. mes articles dans les B.N. précédents consacrés à cette exposition. épouse Brigitte Macron. Avant lui, les présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy en 2011 pour le mariage princier et Jacques Chirac en 1997 comme président de la République à l’occasion des 700 ans des Grimaldi et auparavant en 1993 en tant que Maire de Paris, président de l’Association des maires francophones (AIMF), s’étaient déjà rendus officiellement en Principauté. Mais pas en « visite d’état » et celle-ci fut ainsi la première depuis François Mitterrand qui était resté un ami du prince Rainier III depuis 1956. François Mitterrand, alors Garde des Sceaux dans le gouvernement Guy Mollet, représentait en cette qualité la France au mariage de Rainier III avec la célèbre actrice américaine Grace Kelly. Le 11 juin a eu lieu à Charleville-Mézières, musée de l’Ardenne, le démontage de l’exposition Comtes de Rethel, Ducs de Mazarin, Princes de Monaco. Sur les 135 monnaies et médailles exposées, 42 sont retournées au Cabinet des médailles de la BnF et 34 à Monaco (collection de S.A.S. le Prince de Monaco) dont 9 (Bardi et Compiano, Prince de Valdetare) sont exposées en permanence au musée des Timbres et des Monnaies. Les 14 et 15 juin était organisée sur la place du Palais princier la 6e rencontre des anciens fiefs historiques des Grimaldi en France et en Italie avant la Révolution française. Cet événement fut de première importance : il appelle à fournir quelques explications. Les fiefs historiques des Grimaldi en France et en Italie avant la Révolution française Les Grimaldi de Monaco sont la plus vieille dynastie régnante d’Europe, plus ancienne que les Windsor d’Angleterre, les Bourbons d’Espagne, les Orange-Nassau des Pays-Bas ou les Bernadotte de Suède. Leur Rocher n’est pas grand mais depuis 700 ans ils ont su lui en assurer la survie… et même la prospérité depuis Rainier III, un géant de la politique, de la volonté et de la persévérance qui stupéfia Jacques Chirac lorsqu’il le découvrit en 1994. En un peu plus d’un demisiècle de règne, Rainier III fut l’homme qui reconstruisit Monaco depuis la guerre de 39-453, élimina Onassis et ses intentions de mainmise sur la Principauté, tint tête au général de Gaulle et le fit reculer jusqu’à obtenir la fin du protectorat de fait de la France sur Monaco (2002-2005), obtint pour son pays des eaux territoriales, son admission à l’ONU et au Conseil de l’Europe, sa reconnaissance internationale de pays souverain… tout en faisant le bonheur et la richesse de sa population, passée de 25 000 habitants à 40 000, bénéficiaire de 55 000 emplois. Pendant des siècles, le Rocher de Monaco occupa une position stratégique en Méditerranée, très convoitée par La République de Gênes, le roi d’Espagne et le roi de France. C’est ainsi que la Seigneurie puis Principauté de Monaco fut, à plusieurs reprises, en lutte avec Gênes, placée sous la protection militaire du roi d’Espagne (1524-1641), enfin alliée à la France par le Traité de Péronne (14 septembre 1641), pierre angulaire de l’alliance privilégiée franco-monégasque rappelée par le traité en vigueur du 24 octobre 2002 : la France et la Principauté partagent une même « communauté de destin ». On comprend dès lors que les rois d’Espagne donnèrent au prince de Monaco des fiefs en Italie (Italie du Sud, royaume 3 Tout le quartier du port de La Condamine avait été détruit par les bombardements de 1944. UNE QUINZAINE FASTUEUSE À MONACO (3-16 JUIN)

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