Bulletin Numismatique n°254 38 Quand nous avons eu l’information que ce rare statère des Osismi avait été trouvé à Plougermeau, nous ne savions pas où se trouvait ce lieu reculé du Finistère entre la Manche et la Mer Celtique (Océan Atlantique), bordé par le fleuve côtier l’Aber Wrac’h (voir la fiche sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Plouguerneau). Cependant, pour les numismates, ce lieu n’est pas inconnu. Il l’est encore moins pour les celtisants ainsi que les amateurs et lecteurs assidus de cgb.fr. Nous rencontrons une mention de ce lieu dans TRÉSORS II, n° 299 pour un quart de statère des Osismes « dit à la barrière » provenant de la collection du docteur Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu (1905-1995). Nous retrouvons ensuite plusieurs mentions de ce même trésor, concernant toujours soit des statères ou des quarts de statère « dit à la barrière ». Plusieurs pièces ont été acquises en novembre 1956. Elles ont fait l’objet d’une première publication par le docteur JeanPatiste Colbert-de-Beaulieu, le trésor de monnaies osismiennes de Guingamp (Côtes-du-Nord) RBN 102, 1956, p. 81-141, pl. XI-XV. Le même auteur évoque des trouvailles anciennes et perdues trouvées sur le site de la commune de Plougerneau, Notices de numismatique celtique, Annales de Bretagne 63, 1956, 29-54, pl. I. Quant au type de notre statère, il est bien référencé dans nos Archives sur Cgb.fr. Si au moins deux exemplaires proviennent de la collection de Gérard Boissel (bga_131966 et 132361), après avoir été étudié par le docteur Colbert-de-Beaulieu, c’est la première fois que nous pouvons associer le trésor de Plougerneau avec un statère au sanglier et à l’aigle (DT 2244). OSISMII - OSISMES (RÉGION DE CARHAIX – FINISTÈRE) (IIe – Ier SIÈCLE AVANT J.-C.) Les Osismes étaient un peuple armoricain, installé dans l'actuel département du Finistère, à l'extrémité nordouest de la Gaule et des côtes armoricaines. Ils avaient comme chef lieu Vorgium, aujourd'hui Carhaix. Ils avaient pour voisins les Vénètes et les Coriosolites. Leur nom signifierait « les plus éloignés » ou « les gens du bout du monde ». Ils ont été soumis par l'armée de César en 57 avec les autres peuples armoricains. Mais dès 56, ils se joignent à la coalition conduite par les Vénètes. Ils participeront au contingent de vingt-cinq mille hommes fourni en 52 avant J.-C. à l'armée de la coalition gauloise par les peuples armoricains. César (BG. II, 34, III, 9, VII, 75, 1). Pline (HN IV, 107). Ptolémée (II, 8). Kruta, page 766. Statère au sanglier et à l’aigle, série 329, classe II au sanglier et à l’aigle, Brest (29) Ier siècle avant J.-C. (Bill, 6,69 g, 23,50 mm, 6 h) A/ Anépigraphe Tête à droite, la chevelure en grosses mèches spiralées ; cordons perlés enroulés autour, avec un petit sanglier au-dessus et une tête coupée derrière. R/ Anépigraphe Cheval androcéphale bridé, galopant à gauche ; au-dessus, restes de la tête au bout d’un cordon perlé ; entre les jambes, un petit sanglier enseigne à droite avec un aigle à gauche devant lui. LT 6555 – DT 2244 – ABT 220 – Sch/SM 456-458 – Sch/L 877 – Sch/ D 234 – MCB 128-133. Jean-Baptiste Colbert-de-Beaulieu, Notices de numismatique celtique, Annales de Bretagne, 61, 1954, p. 292. Beau statère sur flan centré, présentant une faiblesse de frappe périphérique. Patine grise aux légers reflets dorés. Très rare. TTB+ 1 200€/ 2 200€ Exemplaire avec tous les détails permettant une classification précise. Les monnaies osismes sont très rares sur le marché, mais le public a pourtant pu se rendre compte de la diversité de ce monnayage avec les planches IX et X du tome II du Nouvel Atlas. Dans le Muret Chabouillet, l’aigle du revers est décrit comme attaquant le sanglier enseigne. Les trouvailles mentionnées sont Morlaix 1845 et Huelgoat dans le Finistère. Les poids répertoriés s'échelonnent entre 6,30 et 7,05 grammes. Selon J.-B. Colbertde-Beaulieu, dans les Annales de Bretagne 1954, ce statère aurait circulé dans les dernières années de l'indépendance et pendant la guerre des Gaules. Dans le Nouvel Atlas tome II, les auteurs donnent une datation plus large pour toute la série attribuée aux Osismes : fin du IIe siècle et 1re moitié du Ier siècle avant J.-C. Monnaie provenant du trésor de Plouguerneau. Encore une fois, c’est en étudiant chaque monnaie et en recoupant l’ensemble des informations détenues que nous pouvons fournir des renseignements précis sur certains monnayages bretons. Mais ce travail eut été impossible, sans celui réalisé pendant près d’un demi-siècle par l’infatigable chercheur qu’était le docteur Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, qui trente ans après sa disparition continue de nous apporter, grâce à ses articles et ses ouvrages, une vision toujours renouvelée du monnayage celtique, et en particulier, pour l’ensemble armoricain. Viviane BÉCLIN & Laurent SCHMITT UN TRÉSOR PEUT EN CACHER UN AUTRE : LE STATÈRE DES OSISMES AU SANGLIER ENSEIGNE ET À L’AIGLE DU TRÉSOR DE PLOUGERMEAU !
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