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Bulletin Numismatique n°254 22 Dans le monnayage grec, les dénominations lourdes supérieures aux tétradrachmes sont toujours rares et sont souvent fabriquées à l’occasion d’événements importants. C’est le cas pour les décadrachmes au nom d’Arsioné II, frappées à partir de 270-268 avant J.-C., par son époux et frère Ptolémée II Philadelphe. Arsinoé II mourut le 9 juillet 270 avant J.-C. Au revers, la « dikeras » ou double corne d’abondance (cornucopiæ), symbole du culte rendu à la basilissa décédée, accompagne au droit un buste divinisé d’Arsinoé II. Ces mastodontes numismatiques, plus de 35 grammes en général, frappés sur un étalon particulier, propre à l’Égypte, représentent soit un décadrachme (10) d’étalon lagide soit un octodrachme d’étalon attique. Connus et recherchés, ils ont fait l’objet d’une attention particulière des numismates. Hyla Troxell, Arsinoe’s Non-Era en 1983, dans les Museum Notes de l’American Numismatic Society, a publié un article qui fait toujours référence. Cette publication vient d’être complétée par la première partie l’ouvrage que consacre Catharine Lorber au monnayage Lagide, Coins of the Ptolemaic Empire, Part I, Ptolemy I through Ptolemy IV, 2 vol., volume I, Precious Metal, ANS, New York, 2018. Dans le livre de C. Lober, pour l’atelier d’Alexandrie, ce monnayage occupe les pages 321-326, n° 320-368, pl. 23-29. Ce monnayage en argent comme celui d’or semble frappé entre 270 et 249/6 avant J.-C et n’est pas un monnayage daté, à cause des lettres numérales grecques placées derrière la tête de la reine, comme on l’a souvent pensé depuis les travaux de Svoronos au début du XXe siècle. Dans le cadre de la deuxième phase du monnayage du monarque lagide, ces décadrachmes sont répartis dans quatre groupes chronologiques différents. Notre exemplaire appartient au premier groupe, le plus ancien, fabriqué entre 270/268 et 262/1 avant J.-C. Ce monnayage est classé chronologiquement en fonction des lettres placées derrière la tête de la reine défunte. Le premier groupe regroupe les décadrachmes sans lettre de contrôle et jusqu’à M (CPE, n° 320-330, pl. 23-24) ; le second groupe de N à Ψ(CPE, n° 331 à 341, pl. 24-25, entre 261/0 et 254/3 avant J.-C.), le troisième avec l’apparition des doubles lettres numérales de contrôle (CPE 342-344, pl. 26 et 345-357, pl. 26-27, 253/2 -250/249 avant J.-C.), enfin le dernier groupe (CPE 358-368, pl. 28-29, frappé autour de 249 avant J.-C. pour Lorber et 246 avant J.-C. pour Troxell). Ce monnayage semble prendre fin avec le règne de Ptolémée II Philadelphe (282-246 avant J.-C.). ÉGYPTE - ROYAUME LAGIDE - PTOLÉMÉE II PHILADELPHE (282-246 AVANT J.-C.) Monnayage au nom d’Arsinoé II Philadelphe (+ 270-268 avant J.-C.), deuxième femme de Ptolémée II Philadelphe Ptolémée II succéda à son père en 282 avant J.-C. mais il était déjà associé aux affaires avant cette date (285/4 avant J.-C.). Marié en 288 avant J.-C. à Arsinoé I, la fille de Lysimaque, il épousa en secondes noces, en 276 avant J.-C., sa sœur Arsinoé II, fille de Ptolémée Ier et de Bérénice. Avant lui, elle avait épousé successivement Lysimaque, puis Ptolémée Ceraunos, son demi-frère. Elle fut divinisée, identifiée à la déesse Hathor, quand elle mourut en 270 avant J.-C. Ptolémée fit émettre un important monnayage de restitution pour rappeler sa mémoire. Pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie, Ptolémée II fit terminer le Phare où Alexandre fut enseveli. C’était l’une des sept merveilles du monde avec le Musée et la Bibliothèque d’Alexandrie. Décadrachme, Alexandrie, groupe I, 270/268-262/261 avant J.-C., au nom d’Arsinoé II (Ar, 32,67, Ø, 35,50 mm, 12 h, ± 950 ‰) étalon lagide, poids théorique : 35,50 g, 10 drachmes ou 1/10 mnaieon (or). A/ Λ derrière la tête Buste voilé, diadémé avec le stéphané et drapé d’Arsinoé à droite avec une petite corne d’Ammon autour de l’oreille ; au-dessus de la tête, en arrière plan, l’extrémité d’un sceptre en forme de fleur de lotus. R/ ΑPΣΙΝΟHΣ - ΦIΛAΔEΛΦOY (d’Arsinoé Philadelphe). Double corne d’abondance remplie de fruits avec des bandelettes. Svoronos 477, pl. XVI, 3 (5 ex.) – Meydancikkale 39963997, pl. 126 – CPE 329, pl. 24 Hyla A. Troxell, Arsinoe’s Non Era, ANS, MN 28, 1983, p. 35-71, pl. 2-10 - p. 41, pl. 2, 4 (7 exemplaires, cinq coins de revers) Bel exemplaire sur un flan bien centré des deux côtés. Usure régulière. Revers agréable, détaillé. Patine grise avec de légers reflets dorés. Très rare. TTB 1 800€/ 3 000€ Même coin de droit que les exemplaires : CNG 63, 21 mai 2003, n° 723 ; Berk (Chicago) 219, 5 mai 2022, n° 196 DÉCADRACHME D’ARSINOÉ II PHILADELPHE : C’EST DU LOURD !

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