Bulletin Numismatique n°254 19 Dans la Live Auction du 23 septembre 2025, vous pourrez découvrir un magnifique statère de Lampsaque, présentant au droit, une Ménade. Les Ménades, car elles sont plusieurs, sont les suivantes du culte dionysiaque (Dionysos). Ces « Femmes possédées » sont les Bacchantes divines qui accompagnent le dieu dans sa procession avec les Satyres (voir la patère de Rennes). Elles sont généralement représentées nues ou peu vêtues, couronnées de lierre comme sur notre statère, où avec les cheveux flottants, elles se livrent à une danse orgiaque. Notre sujet au droit est coiffé de la tainai (taena) un bandeau, ruban ou filet souvent en laine, noué autour de la tête. Quant au sujet du revers, avec ce protomé de Pégase, il peut nous faire penser aux représentations de certains animaux mythiques des palais assyriens ou achéménides. Notre statère, au cours des cent dernières années, n’a appartenu qu’à deux collectionneurs, le premier bien connu des milieux numismatiques français avait acquis cet exemplaire à la fin des années 30 et est resté dans sa collection jusqu’à son décès dans les années 80, passant ensuite dans sa descendance avant d’aller rejoindre un nouvel acquéreur au début des années 2000, statère qui se retrouve aujourd’hui proposé à la vente. MYSIE – LAMPSAQUE (Ve – IVe SIÈCLE AVANT J.-C.) Lampsaque, placée à l’entrée de l’Hellespont, était une colonie phocéenne. Enjeu permanent de la rivalité qui opposait les Grecs et les Perses, Lampsaque entra dans la confédération Délienne après la bataille de Mycale en 479 avant J.-C. Elle se détacha de la tutelle athénienne en 412 avant J.-C., mais fut reprise. Entre la chute d’Athènes en 404 avant J.-C. et la bataille de Cnide en 394 avant J.-C., puis la paix d’Antalcidas en 387 avant J.-C., la cité changea souvent de camp, passant de l’influence grecque à celle du grand Roi et de ses satrapes. En 334, à l’arrivée d’Alexandre le Grand, la cité fut épargnée bien que favorable à Darius III Codoman avec Memnon, despote de la cité. La ville connut une grande prospérité à l’époque hellénistique. Statère d’or, Mysie, Lampsaque, 390-330 avant J.-C. (Or, 8,52 g, Ø, 16,50 mm, 8 h, ± 950 ‰) étalon persique, poids théorique : 8,60 g, 20 drachmes. A/ Anépigraphe Tête de Ménade à gauche, les cheveux flottant au vent, tirés en arrière avec la tainia, coiffée d’une couronne de vigne avec boucle d’oreille et collier. R/ Anépigraphe Protomé de Pégase volant à droite. BMC 29 – B. Traité II, 2, 2554, pl. CLXXI, 21 = coll. De Luynes 2485 – coll. Pozzi 2229 – coll Jameson 1444 – AGCG p. 94, 17 – Delepierre 2521 = SNG France 5/ 1151 – coll. Gulbekian 17 Agnès Baldwin, Lampsakos : the Gold Staters, Silver and Bronze coinage, ANS, AJN LIII, Third part, New York, 1924, p. 23-24, n° 17, pl. I/ 31-35 & pl. II/ 1-4. Exemplaire sur un petit flan épais. Très beau portrait parfaitement centré avec une tête de Ménade de toute beauté. Au revers, petite faiblesse de frappe sur Pégase. Jolie patine de collection ancienne. Très rare. TTB+ 4 000€/ 8 000€ Mêmes coins que l’exemplaire de la collection Delepierre (SNG 2521) = SNG France 5/ 1151. Au revers, le protomé de Pégase est l’épisème (blason) de la cité. Le nouveau monnayage de Lampsaque, constitué de statères d’or, de même poids que la darique du royaume Achéminide débute au début du IVe siècle avant J.-C. après la victoire de Cnide en 394 avant J.-C., peut-être en 390 avant J.-C. et va perdurer jusqu’à l’arrivée d’Alexandre III le Grand en Asie Mineure. D’après certains auteurs, le monnayage pourrait avoir été annuel. La cité était la seule à frapper l’or pendant cette période. Sa situation, à l’entrée de la mer de Marmara, en faisait une position commerciale privilégiée entre la Mer Égée, la Propontide et la Mer Noire. Elle se trouvait ainsi placée sur la route des grains. Son monnayage pouvait concurrencer ceux en électrum de Cyzique, de Phocée ou de Mitylène, encore actifs à la même époque. Le choix de l’étalon persique, proche de l’étalon attique en favorisait la diffusion, tandis que son titre élevé en renforçait la valeur dans les échanges et en faisait une monnaie de référence pour l’ensemble de l’Asie Mineure. Pour ce type A. Baldwin, en 1924 avait recensé dix-sept exemplaires avec neuf coins de droit et dix coins de revers. Cet exemplaire provient d’une vieille collection des années 30, de la vente Burgan, 30, 3 juillet 1992, n° 20, de MONNAIES 23, n° 97, de MONNAIES 26, n° 69 et de MONNAIES 29, n° 28 (6500€ + frais). Aujourd’hui, les statères de Lampsaque restent très rares et apparaissent peu souvent sur le marché où ils atteignent souvent des prix stratosphériques, la plupart des exemplaires référencés étant conservés dans des musées. C’est le cas pour notre pièce, où sur dix-sept statères, la moitié sont conservés dans des collections publiques. Ne laissez donc pas passer votre chance d’acquérir un type recherché avec un élégant portrait féminin, qui par son rendu et son aspect iconographique semble s’animer et entamer une danse frénétique ! Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT UN STATÈRE DE LAMPSAQUE AU « PEDIGREE » MULTIPLE !
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