Bulletin Numismatique n°253 62 Les 24 et 25 avril 2025 resteront pour les Ardennais, notamment leurs élus (parlementaires, conseillers départementaux, maires et autres élus), une date mémorable à marquer d’une pierre blanche. En effet, pour la première fois, depuis quelque soixante ans, un chef d’état se rendait en visite officielle dans leur département. La dernière visite présidentielle avait été celle du général de Gaulle dans les années 1960 et depuis, aucun président de la République, aucun premier ministre n’avait daigné honorer de sa présence le territoire ardennais. Ni le 350e anniversaire du rattachement de la principauté de Sedan à la France en 1992, ni les 400 ans de la fondation de Charleville en 2006 n’avait déplacé les autorités nationales dans cette contrée si riche de culture (le poète Arthur Rimbaud, les célèbres Gonzague, les Guise…) et d’un passé historique prestigieux. C’est pourquoi la visite pendant ces deux jours de plusieurs localités ardennaises d’intérêt majeur, à commencer par son chef-lieu Charleville-Mézières, de S.A.S. le prince Albert II de Monaco, accompagné de sa sœur aînée, S.A.R. la princesse Caroline de Hanovre, cousine par alliance du roi d’Angleterre, Charles III, fut un événement de première importance. Chef d’état oui. Le prince Albert II est assurément le chef de l’État monégasque. Mais sa présence dans les Ardennes ainsi que celle de sa sœur, la princesse Caroline de Hanovre, revêtaient aussi une autre signification. En effet, l’actuel prince souverain de Monaco est également le duc de (Rethel) Mazarin, titre qu’il a reçu de son père Rainier III, depuis qu’en 1777 la dernière duchesse de (Rethel) Mazarin, Louise-Félicité-Victoire d’Aumont, fille du maréchal duc d’Aumont, épousa le prince héritier de Monaco, futur Honoré IV. Cette duchesse de (Rethel) Mazarin fut ainsi la mère des princes de Monaco Honoré V et Florestan Ier qui régnèrent au XIXe siècle sur la Principauté. Ajoutons enfin que, propriétaires du domaine et du château de Marchais dans l’Aisne1, sur le chemin qui mène de Laon à Rocroi, les Grimaldi sont physiquement les proches voisins des Ardennais. La matinée et le début de l’après-midi du jeudi 24 furent consacrés au chef-lieu du département, Charleville-Mézières. En compagnie du maire de la ville, l’inspecteur des finances Boris Ravignon, président d’Ardenne Métropole, du président du Conseil départemental Noël Bourgeois, organisateur de l’exceptionnelle exposition au musée de l’Ardenne Comtes de Rethel, Ducs de Mazarin, Princes de Monaco, du préfet des Ardennes en grand uniforme (protocole pour les visites de chefs d’Etat) et de nombreuses personnalités dont des représentants de grandes familles historiques, le prince Albert II et la princesse de Hanovre ont successivement visité l’exposition du musée de l’Ardenne, fruit d’une collaboration entre les Archives de France et celles du Palais de Monaco 1 Ce domaine et ce château (XVIe siècle) sont ceux de la prestigieuse famille de Bourbon-Condé avant que celle-ci devienne propriétaire des châteaux et domaines de Chantilly et d’Ecouen (héritage des Montmorency). puis le musée de l’illustre et génial poète, Arthur Rimbaud, enfant de Charleville qui en est très fière. Le musée de l’Ardenne occupe le plus grand des pavillons de la célèbre place ducale, la sœur jumelle de la prestigieuse place des Vosges de Paris, mieux réussie encore que celle-ci sur le plan architectural. Quand au musée Rimbaud, il occupe un magnifique moulin à eau de 1626 construit au bord de la Meuse en face de l’ancien Mont Olympe carolopolitain. À l’issue de ces deux visites, le président Noël Bourgeois offrait au Conseil départemental un solennel déjeuner officiel en l’honneur du prince et de la princesse. Tout fut parfait, comme l’était l’exposition historique, y compris la gastronomie ardennaise que chacun put apprécier. Mais le plus exceptionnel fut l’atmosphère de convivialité, on peut même dire familiale comme l’exprima le prince Albert II, tant un profond courant passait entre les présents. C’étaient vraiment les Ardennais qui recevaient les descendants de leurs anciens seigneurs qui avaient présidé à la destinée de leurs ancêtres il y a quelques 200 ans et plus. D’où un climat d’heureuse complicité à travers des rapports simples et sincères, dépourvus de formalisme pontifiant. Une famille retrouvait le territoire de ses ancêtres et les habitants actuels de celui-ci l’accueillait avec bonheur. On ne saurait mieux dire. Ce fut un moment exceptionnel que je pense n’avoir jamais rencontré jusqu’à présent dans les déjeuners ou dîners officiels que ma vie professionnelle m’a permis de connaître. L’EXPOSITION COMTES DE RETHEL, DUCS DE MAZARIN, PRINCES DE MONACO Pour le détail, je renvoie le lecteur à mon compte rendu du magnifique catalogue de cette splendide exposition2. Les monnaies y étaient réparties entre trois vitrines : comtes de Flandre et comtes de Rethel (XIVe siècle), monnaies et médailles des princes de Gonzague, Charles Ier et Charles II (1606-1656), ducs de Rethel, ducs de Nevers, princes souverains d’Arches-Charleville puis ducs de Mantoue et de Montferrat en Italie (2 vitrines) dont une pour les monnaies et médailles et une pour les documents monétaires d’époque : baux monétaires dont celui des Briot en 1610, ordonnance royale de 1614, arrêt de la Cour des monnaies de 1616, etc. 2 Cf. B.N. n°251 d’Avril 2025 p.34 et Le Coin du Libraire dans le présent numéro du B.N. (description du catalogue d’exposition). QUAND LE PRINCE DE MONACO RETROUVE DES MONNAIES DE SA COLLECTION EXPOSÉES AU MUSÉE DE L’ARDENNE
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