cgb.fr

Bulletin Numismatique n°253 34 Dans la Live Auction du 3 juin 2025, trois pièces de l’atelier de Suse frappées au début de l’ère hellénistique ont retenu notre attention. Les deux premières, un statère d’or et un tétradrachme, sont au nom d’Alexandre III le Grand (336-323) et le troisième est un tétradrachme pour Séleucus Ier (323-281 avant J.-C.). Ce qui pourrait paraître simple au départ ne l’est en réalité pas et nous allons revenir sur ce chapitre important de l’histoire au travers de ces trois spécimen. Suse (l’antique Shushan) fut fondée vers 4000 avant J.-C et est la capitale de la satrapie de Susiane sous les Achéménides. Après la bataille de Gaugamèles, le 1er octobre 331 avant J.- C., Alexandre est proclamé roi d’Asie avant de pénétrer dans Babylone. Poursuivant Darius III Codoman (336-330 avant J.-C.) qui s’est dirigé vers Ecbatane en Médie, Alexandre se dirige vers Suse en suivant la route Royale. Il s’empare de la cité ainsi que du Trésor du Grand Roi (50 000 talents). Il se dirige ensuite vers Persépolis dont il s’empare au début de l’année 330 avant J.-C., la pille avant de la détruire par le feu afin de venger l’incendie d’Athènes de 480 avant J.-C. C’est encore à Suse en février 324 avant J.-C., lors des « Noces de Suse », qu’Alexandre et ses compagnons (philoi) ainsi qu’un nombre important de Macédoniens prennent des épouses perses ou mèdes afin de réaliser la fusion des élites irano-macédoniennes. Si aujourd’hui, grâce entre autres aux travaux de Martin Price et en particulier à son ouvrage incontournable, The Coinage in the Name of Alexander the Great and Philip Arrhidaeus. A British Museum Catalogue (BMC), Zürich/ London 1991, ce monnayage est mieux connu, il ne faut pas oublier ses grands devanciers que furent Müller (1855) pour le monnayage d’Alexandre et Ernest Babelon pour les monnayages des perses achéménides, Paris, 1893 et les monnaies des Rois de Syrie d’Aménie et de Commagène, Paris 1890. Au XXe siècle, ce furent les travaux novateurs d’Edward T. Newell (18861941) sur Alexandre le Grand et le monnayage séleucide avec Coinage of the Eastern Mints from Seleucus I to Antiochus III (ESM), ANS, NS 1, New York, 1938 qui consacre son troisième chapitre à l’atelier, p. 107-153, pl. XXII-XXXI. Comment ne pas évoquer les travaux de Georges Le Rider et sa monumentale thèse, Suse sous les Séleucides et les Parthes, Paris, 1965. Plus près de nous, rappelons les travaux d’Arthur Houghton, et en particulier avec la collaboration de Catharine Lorber et de Oliver D. Hoover sur Seleucid Coins. A Comprehensive Catalogue, volume I. Seluecus I through Antiochus III, ANS/ CNG, New York, Lancaster/ London, 2002. Brian Kritt a consacré un petit ouvrage à l’atelier lui-même, The Early Seleucid Mint of Susa, CNS 2, Lancaster 1997. Enfin Oliver D. Hoover a donné une synthèse à la fois pour le monnayage de la Macédoine (HGCS 3. 1) en 2016 et sur ceux de la Syrie (HGCS 9) en 2009. C’est dans cette floraison d’ouvrages que nous devons placer nos trois pièces. L’atelier macédonien de Suse ne semble pas être opérationnel avant 325 avant J.-C., date fixée par Price pour son ouverture. Notre statère d’or appartiendrait à l’une des premières émissions de l’atelier (Price 3831). Notre statère présente au revers la légende : Βασιλεoσ Aλεξανδρου (du Roi Alexandre) qui ne serait placée sur le monnayage qu’à l’extrême fin du règne. Hoover assigne plutôt ce type à Alexandre IV, fils posthume d’Alexandre III et de Roxane (HGCS 3/ 937i) donc entre 323 et 320 avant J.-C., à un moment où la région est contrôlée par Syknos, satrape de Susiane (323-320 avant J.-C.). Il est envisageable que l’ensemble du monnayage au nom d’Alexandre le Grand soit frappé au moment de sa mort ou peu après et nous allons voir pourquoi. bgr_1012420 (Alexandre) 4 dr, Suse Le premier tétradrachme au type et au nom d’Alexandre III (Price 3857) est assigné à la période 316-311 avant J.-.C., à un moment ou Antigone le Borgne (Monophtalmos) est stratège d’Asie (319-310 avant J.-C.) et Antigenes, satrape de Susiane (320-316 avant J.-C.). C’est aussi le moment où Séleucus, qui n’était pas satrape au moment de la mort d’Alexandre en juin 323 avant J.-C., entre en jeu. Suite au meurtre de Perdiccas, il reçoit la satrapie de Babylonie qu’il conserva jusqu’en 316 avant J.-C., chassé par Antigone le SUSE DE L’ATELIER MACÉDONIEN À L’ATELIER SÉLEUCIDE

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=