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Bulletin Numismatique n°252 45 Nous avons tous entendu parler de Théodora (500548) femme de Justinien Ier (527-565), immortalisée par la mosaïque de San Vital de Ravenne (547). C’est elle qui a sauvé son époux lors de la sédition Nika en 532. Mais une autre femme exceptionnelle a laissé une empreinte profonde dans l’histoire byzantine, la seule femme à avoir été impératrice effective (Βασισση) et veillé seule aux destinées de l’Empire Byzantin (797-802). La mise en vente d’un rare solidus d’Irène, dans la prochaine Live Auction du 3 juin prochain, est l’occasion de revenir sur un destin exceptionnel pour une femme qui régnait en même temps qu’Haroun al-Rashid (786-809) calife Abbasside de Bagdad, Charlemagne (768-800-814) roi des Francs et premier empereur du Saint-Empire Romain (Germanique), Krum (802/803), tsar des Bulgares, ennemi implacable des Byzantins et le Pape Léon III (795-816) qui couronna à Rome Charlemagne le 25 décembre 800, premier détenteur des États de l’Église qui ne devaient disparaître qu’en 1870, avec la prise de Rome par les troupes de Victor Emmanuel II, prince de Piémont (18491861) et premier roi d’Italie (1861-1878). EMPIRE BYZANTIN IRÈNE (18/08/797 – 11/10/802) Irène est née à Athènes vers 752 dans une famille aristocratique. Remarquée pour sa grande beauté par Constantin V Copronymus (741-775), fils du fondateur de la dynastie Isaurienne, Léon III (717-741), le Basileos lui fait épouser son fils, Léon IV le Khazar en 768. Ce dernier est associé au pouvoir de son père depuis 751 et, quand son père meurt, il lui succède. Mais son règne s’achève par sa mort prématurée le 8 septembre 780. Irène devient alors régente pour son fils, Constantin VI (né en 770), associé au trône dès le 24 avril 776. L’ensemble de ces événements se produisent en pleine crise « iconoclaste ». Une forte opposition, fidèle aux choix de Constantin V, oblige la mère de Constantin VI à s’exiler en 790. Mais dès l’année suivante, elle revient au pouvoir, cette fois-ci associée à son fils. Mais le jeune empereur mène une politique désastreuse et finalement il est déposé par sa mère avec l’accord de la cour le 19 août 797. Il meurt peu après. Irène règne alors seule, la première femme à assumer cette charge dans la déjà longue et tumultueuse histoire byzantine. Populaire, elle doit cependant faire face aux invasions bulgares et abbassides. À la Noël 800, Charlemagne est couronné empereur romain d’Occident par le pape Léon III, mettant définitivement fin au mythe de l’unité et de la réunification de l’Empire romain. Irène est finalement renversée par un complot de palais le 31 octobre 802 et exilée à Lesbos où elle meurt l’année suivante. Nicéphore Ier (802-812) lui succède. Solidus, Constantinople, 800-802 (2e type) (Or, 4,51 g, 19,50 mm, 6h) (titre : 95 à 98 %, taille, 1/72 L., poids théorique 4,51 g, 7200 noummia) A/ eIRInH bASILISSH (Irène Augusta). Buste couronné d’Irène de face, vêtue du loros, tenant un globe crucigère et un sceptre long cruciforme. R/ eIRInH bASILISSHQ (Irène Augusta). Buste couronné d’Irène de face, vêtue du loros, tenant un globe crucigère et un sceptre long cruciforme. Tolstoi p. 983, 20, pl. 68 (80-100F or) – BMC/B 1 – Ratto 1780 – Do IIIa/ 1a5 – BN/B II/ 3, pl. 70 – BC 1599 (2250£) – MBR 26.1 (7000€) - BCC III/ 1017 Franz Füeg, Corpus of the Nomismata from Anastasius to John I in Constantinople 713-976. Structure of the Issues. Corpus of Coin Finds. Contribution to the Iconographic and Monetary History, Lancaster, 2007, p. 66, 2B1. Monnaie idéalement centrée des deux côtés. Des faiblesses de frappe sur le nom d’Irène. Très beaux bustes, notamment au droit. Patine de collection. Très rare. SUP/ TTB+ 3 000€/5 500€ Exemplaire monté anciennement. Sur cet exemplaire, le thêta prend la forme d’une croisette cerclée. Les solidi d’Irène, soit associée à son fils Constantin VI (BC 1594) soit seule (BC 1599), sont toujours rares et recherchés. Il sont encore plus exceptionnels pour le second atelier, Syracuse pour Irène seule (BC 1601-1602). Franz Füeg, dans son étude de l’atelier de Constantinople, pour Irène a recensé 140 solidi pour l’ensemble des deux types avec 40 coins de droit et 78 coins de revers pour un total de neuf variétés. Pour le second groupe, nous avons 55 solidi avec 21 coins de droit, 33 de revers et quatre variétés pour deux ans (septembre 800 – octobre 802). Malgré ce nombre qui pourrait sembler important, ce monnayage reste d’une grande rareté et d’un indicible intérêt qui nous présente au droit et au revers, stylisés, les traits d’une femme d’exception. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT SOLIDUS D’IRÈNE L’ATHÉNIENNE : IMPÉRATRICE DE BYZANCE

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