cgb.fr

Bulletin Numismatique n°252 40 Dans la Live Auction du 3 juin 2025, nous découvrons un tétradrachme stéphanophore pour la polis (cité) de Cymé. La caractéristique de ces tétradrachmes hellénistiques de grands modules (de plus de 30 mm), frappés après la paix d’Apamée (188 avant J.-C.) est de présenter au revers une couronne (στηϕανη) entourant le sujet. Plusieurs villes d’Asie Mineure : Syros (Cyclades), Cyzique (Mysie), Abydos, Ténédos (Troade), Aegae, Cymé, Myrhina (Éolide), Héraclée, Lébedos, Magnésie du Méandre, Smyrne (Ionie), ont frappé ce type de monnaies (symmachique : alliance politique, économique, militaire ou religieuse). bgr_933992 (Kallias) Le monnayage stéphanophorique de Cymé a fait l’objet d’une étude par J. M. Oakley, Wreathed Tetradrachms of Kymé publié par l’ANS. dans MN. 27, (1982), p. 1-38, pl. 1-14, qui répertorie plusieurs centaines d’exemplaires dont la majorité proviennent de la grande trouvaille de Cilicie (Kirikhan) découverte en 1973, CH. I/ 87, CH II/ 90, CH X, 310 et qui contenait plus de cinq mille tétradrachmes. Le Terminus Post Quem (TPQ) de ce trésor serait daté de 143/2 avant J.-C., lié aux événements qui opposaient les Séleucides avec Démétrius II Nicator (premier règne, 148-136 avant J.-C.) et Antiochus VI Dionysos (144-142/1 avant J.-C.) le fils d’Alexandre Ier Balas et de Cléopâtre Théa, la fille aînée de Ptolémée VI Philometor (180-145 avant J.-C.) dans un conflit fratricide qui opposait souverains Lagides et Séleucides. Cet imbroglio dynastique est encore compliqué par le fait que Cléopâtre Théa épousa successivement trois monarques Séleucides, Alexandre Ier Balas, Démétrius II Nicator et son frère Antiochus VII Sidetes. François de Callataÿ depuis longtemps déjà, et plus particulièrement dans un article, The Coinages of the Attalids and their Neighbours, Attalid Asia Minor, Money, International Relations and the State edited by Peter Thonemann, p. 207244, s’est penché sur les monnayages stéphanophoriques « Wreathed Coinages » (c. 154-135 BC), p. 232-236 et les a comparés avec les monnayages civiques de l’époque hellénistique (p. 236-238). Pour lui, ces tétradrachmes stéphanophores sont liés à l’effort de guerre attalide, engagé dans le conflit qui oppose Séleucides et Lagides avec pour preuve les nombreux trésors trouvés en Syrie du Nord (cf. Selene Psoma, « guerre ou commerce ? », War or Trade ? Attic-Weight Tetradracms in Seleucid Syria, idem, p. 265-300). Nous pouvons légitimement nous poser la question : pourquoi des cités, parfois de moindre importance, auraient-elles fait frapper de grandes pièces d’argent aux types civiques uniquement pour financer la guerre ? Alors qu’à la même époque, nous avons l’image sur certains monnayages symmachiques, le recours au thème commun de la couronne qu’ils partagent avec le monnayage du nouveau style d’Athènes, lui bien daté entre 164/3 et 48/7 avant J.-C. Ne serait-il l’expression que d’un effort financier en vue de payer des mercenaires au service des puissances belligérantes, en particulier les Attalides avec Attale II Philadelphe (160-138 avant J.-C.) ? Si ces monnaies ont pu être détournées dans ce but, n’étaient-elles pas au départ frappées dans le but de mettre en avant des poleis (cités), qui souvent avaient recouvré leur indépendance après la bataille de Magnésie du Méandre (189 avant J.-C.) et la Paix d’Apamée (188 avant J.-C.) les libérant du joug séleucide avant de tomber sous l’influence attalide. Sur ces tétradrachmes, nous trouvons principalement deux types de couronnes constituées de branches de laurier ou de branches de chêne. Si, tout simplement, ces monnaies avaient été frappées à l’occasion de manifestations religieuses comme le rare monnayage attribué à Syros (HGCS 6/ 709), qui sont attribués par A. Meadows à un atelier incertain dédié au nom des Cabires Syriens (c. 145140), The Closes Currency System of the Attalid Kingdom, idem, p. 149-205, plus précisément, p. 184-185, ce revers serait à rapprocher des très rares tétradrachmes d’Eumène II de Pergame (c. 166-162 avant J.-C.) qui présentent une iconographie similaire dans une couronne de laurier (op. cit, p. 174, fig. 5. 9) et R. A Bauslaugh, The Unique Portrait Tetradrachm of Eumenes II, ANS MN 27, p. 39-51, pl. 14-15). Si les aspects militaires ont été confrontés aux usages économiques, ne pourrait-on imaginer un rôle agonistique (commémoration de Jeux ou de festivals) pour ces très belle monnaies de grand flan et d’étalon attique ? bgr_781131 (Metrophanes) ÉOLIDE – CYMÉ (IIe SIÈCLE AVANT J.-C.) Cymé, aujourd’hui Sandakli, l’une des cités les plus importantes de la côte éolienne, était située au sud de Myrhina. Elle était pourvue d’un port et fut fondée par des Locriens. Elle-même est à l’origine de la fondation de Sidé en Pamphylie et de Cumes en Campanie. Elle est la patrie d’Hésiode. TÉTRADRACHME STÉPHANOPHORE DE CYMÉ

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=