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Bulletin Numismatique n°252 14 Cet ouvrage, récemment primé et c’est tout à fait normal, est à marquer d’une pierre blanche. IL est en effet en tous points magistral et constitue un modèle à suivre pour tous les ouvrages à venir concernant les monnaies féodales françaises (celles du Moyen Âge) ainsi que les monnaies seigneuriales des Temps Modernes (celles des XVIe et XVIIe siècles). Nous disposerions alors d’excellents ouvrages de référence concernant l’espace lorrain (Duchés de Lorraine et de Bar, Trois-Evêchés de Metz, Toul et Verdun, Cité de Metz, Principautés et Seigneuries lorraines) en remplacement des ouvrages de qualité fournis par Félicien de Saulcy et Pierre-Charles Robert, les deux polytechniciens et académiciens, et en perfectionnant le travail fourni il y a un quart de siècle par l’excellent numismate Dominique Flon, digne successeur du général Jacques Lhéritier qui assura le relais avec Saulcy et Robert, sans oublier Hermerel, dans la première moitié du XXe siècle. Et en ce qui concerne les monnaies féodales et les monnaies seigneuriales des autres provinces, nous serions enfin débarrassés de ce triste et trompeur Poey d’Avant, malheureusement encore toujours là depuis 1862 malgré sa collection d’erreurs, d’incompréhensions et d’insuffisances. Mais tout le monde sait qu’au royaume des aveugles le borgne est roi. Alors numismates, vous avez la parole : qu’attendez-vous, région par région, pour suivre cet exemple montré par François RENARD et Gérard GIULIATO en ce qui concerne les monnaies épiscopales de Toul ? Qu’attendez vous pour partir à l’assaut de la connaissance sérieuse de nos monnaies féodales et seigneuriales si passionnantes à étudier, à décrire correctement, à situer dans leur contexte historique et économique. C’est ce qu’on fait F. RENARD et G. GIULIATO, et leur réussite est magistrale. Le tandem qu’ils forment est en effet impressionnant. G. GIULIATO, universitaire, est professeur émérite en histoire de l’Université de Lorraine et co-directeur de la collection Archéologie, Espaces, Patrimoine ; c’est dire que la monnaie, sous tous ses aspects, ne lui est nullement inconnue, bien au contraire. Il signe un remarquable avant-propos qui situe parfaitement le travail entrepris par les deux auteurs et, dans un long chapitre intitulé « Les cadres de l’enquête », étudie successivement l’apport des textes (documents d’archives), puis l’histoire de la principauté épiscopale de Toul, et enfin la manière dont on fabriquait la monnaie au Moyen Âge à partir de la découverte du minerai nécessaire. L’ensemble de cette étude occupe 53 pages denses et bien remplies, les textes précis, exacts et de grande qualité étant mis en valeur par de nombreuses illustrations appropriées bien choisies, la plupart du temps en couleur. Cette cinquantaine de pages, que l’on peut comparer à l’excellent travail fourni il y a une quinzaine d’années pour l’Alsace par Paul Greissler, constitue un véritable mémento de ce que doit savoir tout numismate, en particulier les collectionneurs, concernant la monnaie et son émission au Moyen Âge. Ainsi, la démonstration et les explications du professeur GIULIATO sont un modèle de clarté, de limpidité, de maîtrise de la connaissance de la numismatique dans toute sa finesse. C’est à mon vieil ami François RENARD qu’il incombait ensuite d’écrire le catalogue des monnaies épiscopales de Toul. C’est normal, il est aujourd’hui non seulement le plus grand collectionneur vivant de monnaies lorraines mais également leur meilleur connaisseur. Et il le prouve dans ce magnifique catalogue qui occupe 274 pages du livre (69-343) et remplace désormais celui que nous avait laissé Pierre-Charles Robert au XIXe siècle. Les monnaies touloises décrites par F. RENARD sont d’abord impériales, à partir de Charles le Chauve (870-877), puis épiscopales jusqu’à l’évêque Pierre de la Barrière (1361-1363), 68e évêque de Toul, le dernier à monnayer. Le monnayage de Toul cesse ainsi peu après le début de la guerre de Cent Ans car on ne peut pas considérer comme des monnaies touloises les testons millésimés 1634 frappés à Florence (Italie) au cours de son exil par le cardinal Nicolas-François de Lorraine, évêque de Toul jusqu’à son retour à l’État laïc, frère du duc de Lorraine Charles IV alors en conflit avec la France. Des Trois-Evêchés, Metz, Toul et Verdun, c’est l’évêque de Toul qui cesse de battre monnaie le premier. Celui de Verdun cesse de monnayer à la même époque mais, après une interruption d’une cinquantaine sinon soixantaine d’années, le cardinal Louis de Bar, 75e évêque de Verdun (1419-1430), se remet à monnayer. C’est un « feu de paille » puisque son successeur Louis de Haraucourt (1430-1437 et 1449-1456), 76e évêque, est seul à monnayer jusqu’à une longue absence au début du XVIIe siècle. Lorsque l’évêque de Verdun Erric de Lorraine rétablit la monnaie de Verdun en 1608 après 150 ans d’interruption, c’est dans le cadre de la lutte que lui-même et ses deux neveux qui lui succéderont, Charles puis François de Lorraine-Chaligny, mènent contre le roi de France qui cherche à transformer en protectorat politique, prélude à l’annexion, la protection militaire qu’il exerce sur les TroisEvêchés depuis 1552. Les dernières monnaies épiscopales verdunoises seront frappées dans les années 1620. LE COIN DU LIBRAIRE, QUAND LES ÉVÊQUES DE TOUL BATTAIENT MONNAIE (9e-14e SIÈCLE)

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