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Bulletin Numismatique n°252 13 LE COIN DU LIBRAIRE, MONNAYAGES D’ÉMILIEN : LES MONNAIES D’UN EMPEREUR INCONNU Voici un nouvel ouvrage consacré à un empereur vraiment peu connu de nos jours mais aussi selon les sources historiques. Avant d'écrire cet article, j'ai jeté un œil dans mon vieil Who's who de la Rome Antique qu'est le livre Les Empereurs Romains de François Zosso et Christian Zingg. Marcus Aemilius Aemilianus, connu en français sous le nom d’Émilien, est né vers 207 dans la province romaine d’Afrique, probablement à Girba (actuelle Djerba, au large de la Tunisie). Sa famille était originaire de Maurétanie (région correspondant à l’actuelle Algérie). Selon différentes sources antiques, il est parfois désigné comme Maure ou Libyen. Aemilianus fit carrière dans l’armée romaine et accéda au poste de gouverneur de Mésie (une province située dans les Balkans, couvrant une partie de la Bulgarie actuelle). En 253, les Goths ravageaient les provinces danubiennes et l’Asie Mineure. Alors que l'empereur Trébonien Galle avait conclu avec les Goths une paix contre un honteux tribut, il parvint à repousser ces envahisseurs au-delà du Danube, remportant un succès militaire notable. Ce triomphe lui valut d’être acclamé empereur par ses troupes. Son élévation au trône survint durant l’Anarchie militaire, une période d’instabilité où les empereurs se succédaient rapidement. Aemilianus marcha alors sur l’Italie pour affronter l’empereur en place, Trébonien Galle. Ce dernier, abandonné par ses propres soldats avec son fils Volusien, fut exécuté à Terni (ou Interamne selon certaines sources). Le Sénat romain reconnut alors Aemilianus comme empereur. Peu après, Valérien, commandant des armées du Rhin et du Haut-Danube, fut à son tour proclamé empereur par ses soldats et marcha contre Aemilianus. Craignant d’être en infériorité numérique face à Valérien, les soldats d’Aemilianus l’assassinèrent près de Spolète (ou sur le pont Sanguinarius, selon certaines sources), après seulement trois mois de règne (entre juin et septembre/octobre 253). Sa mort mit fin à son éphémère passage à la tête de l’Empire. Malgré un court règne à la fin tragique, des monnaies sont frappées à l'effigie illustrant cet adage que la monnaie c'est le pouvoir. À règne très court, les types de monnayages d'Aelimianus sont réduits. On ne dénombre que trois types d'Aurei, de nombreux antoniniens qu'on retrouve en plus grand nombre car ils servaient de donation aux troupes et enfin de très nombreux bronzes. Les monnaies sont frappées à Rome et dans quelques ateliers provinciaux, essentiellement en Orient. Ces monnaies restent recherchées par les collectionneurs qui souhaitent posséder un témoignage de cet empereur au règne fugace. Après une introduction historique et une présentation générale des monnayages d'Émilie, en anglais et en italien, l'essentiel de l'ouvrage est consacré à 135 types. Chaque type est illustré en couleur avec à chaque fois des agrandissements de l'avers et du revers, des descriptions des avers et des revers avec les légendes, le métal utilisé, les poids et diamètres, les nivaux de rareté et les références aux catalogues. En fin d'ouvrage, on trouvera une bibliographie spécialisée et un index des illustrations avec l'origine des monnaies venant des collections publiques ou privées ou encore de ventes aux enchères. Le propos est clair et concis. La présentation est de bonne qualité et claire avec un type par page. Les collectionneurs pourront déplorer l'absence de cotes mais les outils en ligne permettent désormais de trouver facilement et actualisées ces informations. Ce petit ouvrage fait bien le tour du sujet et constitue une nouvelle source pour les monnaies d'Émilien. Si cet empereur reste un quasi parfait inconnu, désormais ses monnayages le sont moins. The Coins of Marcus Aemilius Aemilianus par Alberto D'Andrea, Raffaele Benedetti et Umberto Moruzzi, Roseto degli Abruzzi 2025, broché (17 x24 cm) 172 pages, illustrations en couleur, référence LC247, 25 €. Laurent COMPAROT

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