Bulletin Numismatique n°250 48 Le XIXe siècle fut, par excellence, celui des Expositions Universelles au cours desquelles les capitales européennes, notamment Paris et Londres, sans oublier Bruxelles, rivalisèrent dans le souci d’épater un public nombreux en exposant les réalisations scientifiques et techniques de l’époque. Pour Paris, notons spécialement les expositions de 1867 sous le Second Empire, puis, sous la Troisième République, celles de 1878, 1889 (centenaire de la Révolution française, création de la Tour Eiffel) et 1900. Ces expositions laissèrent des traces sensibles dans la numismatique : en 1889 fut émise une série spéciale de toutes les espèces en vigueur, y compris celles qui n’étaient plus frappée ; en 1900 fut érigée la statue de Lafayette reprise sur une médaillette ainsi que sur un dollar américain éponyme. Grâce à sa médaille, l’exposition de 1878 nous fait connaître, entre autres choses, le Palais du Trocadéro qui fut alors spécialement construit sur la colline de Chaillot pour accueillir cette exposition. Celle-ci consacra une grande place à la numismatique en accueillant plusieurs collections prestigieuses dont celles de F. de Saulcy, P. C. Robert, Marc Fabre de Larche, etc., ainsi que celle de Charles Penchaud pour les monnaies royales françaises. Présentée ainsi au Trocadéro, la collection Penchaud servit de référence, rappelons-le, à l’ouvrage du numismate professionnel Jean-Henri Hoffmann consacré aux monnaies royales françaises qui fut publié à cette occasion (1878). La médaille officielle de l’exposition, frappée par la Monnaie de Paris qui s’appelait alors « Administration des Monnaies et Médailles », car elle était à l’époque un service du ministère des Finances, présente un double intérêt : • À l’avers elle montre un grand portrait de la République, sous les traits de la déesse Cérès qui était, sous l’Antiquité, la déesse romaine des moissons, équivalent de la déesse grecque Déméter. Ce visage de la déesse Cérès fut créé en 1848 par le graveur Eugène-André Oudiné, vainqueur du concours organisé par la Deuxième République pour la frappe de pièces d’argent de 5 francs, 2 francs, 1 franc, 50 centimes et 20 centimes. Ces monnaies furent alors frappées de 1849 à 1851 avant de connaître, sous la Troisième République, une nouvelle émission de 1870 à 18951. La taille de la médaille permit à Oudiné d’obtenir un portrait parfait sur lequel tous les détails sont visibles ; • Au revers elle montre le palais du Trocadéro, créé à l’occasion de l’Exposition Universelle afin d’accueillir celle-ci, ainsi que ses magnifiques jardins descendant depuis le palais, situé au sommet de la colline de Chaillot, jusqu’à la Seine. Ces jardins existent toujours en 2025 alors que le palais du Trocadéro de 1878 a été détruit et remplacé en 1937 par l’actuel Palais de Chaillot qui accueille aujourd’hui des musées. L’ORIGINE DU TROCADÉRO, TERME ESPAGNOL Le palais construit en 1878 pour l’Exposition Universelle reçut le nom de Trocadéro, à savoir celui du sommet de la colline de Chaillot sur lequel il fut érigé. Ce nom avait été donné en 1827 à cet endroit, après abandon d’un projet nourri par Napoléon Ier d’y construire un palais destiné à son fils le roi de Rome. À défaut d’un édifice napoléonien, ce nom de Trocadéro évoquait une victoire remportée sous la Restauration par l’armée royale de Louis XVIII en 1823 lors de son intervention en Espagne. Une reconstitution historique de cette bataille eut lieu en 1827, des troupes venues du Champ de Mars gravissant la colline de Chaillot dont le sommet prit alors le nom de Trocadéro. 1 Limitée aux années 1870 et 1871 pour la pièce de 5 francs, aux années 1878 et 1889 (Expositions Universelles) pour la pièce de 20 centimes. LA MÉDAILLE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878 AU PALAIS DU TROCADÉRO À PARIS
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