cgb.fr Bulletin Numismatique 250

Bulletin Numismatique n°250 34 La cité d’Uzès est connue des numismates pour ses frappes monétaires au haut-moyen âge, notamment des triens mérovingiens et des sous d’or et deniers pour Charlemagne, puis des deniers pour Charles le Chauve ou Charles le Gros et enfin Louis III « l’Aveugle ». Aucun des seigneurs (1080 – 1318), vicomtes (1300-1546) puis ducs d’Uzès (à partir de 1528) ne frappera de monnaie en son nom (1). Seuls les évêques semblent avoir eu droit de frapper : les droits de monnayages aux souverains ecclésiastiques sont mentionnés par un document daté de 1156 qui confirme ce droit et qui sera lui-même confirmé par le roi Philippe Auguste (2). Cependant la seule monnaie connue est une frappe très éphémère : un exemplaire unique d’une obole de billon attribuée à l’évêque Raymond III (1208 – 1212) (Duplessy 1586) uniquement rapportée par un dessin de l’ouvrage de Poey d’Avant. Uzès, denier de billon A/ + R • EPISCOPV, tête mitrée à gauche, R/ + VSE […], croix ancrée PA 3862 C’est une énigme pour moi que ce droit de frappe confirmé plusieurs fois par l’autorité royale n’ait pas été exploité par l’évêque. Ce droit régalien était une source non négligeable de revenus, en même temps qu’une marque de pouvoir. Faut-il y voir là la résultante des luttes entre le pouvoir seigneurial et ecclésiastique ? Il est à remarquer que cette frappe du denier de l’évêché serait concomitante avec l’excommunication du comte de Toulouse, suzerain des seigneurs d’Uzès, confirmée par le pape Innocent III. Cette mesure a justifié les prétentions ultérieures de l’Eglise sur le territoire de la ville : « L’évêque prétendait posséder ce titre (de comte) depuis l’excommunication du comte de Toulouse et avoir aussi un droit de suzeraineté sur les vicomtes, et par suite, sur les ducs d’Uzès » (3). L’évêque d’Uzès se considérait seigneur de la cité : à partir de 1600 il prit pour lui et ses successeurs le titre de comte d’Uzès, ce qui donna un long procès entre le duc et l’évêque qui se terminera par l’interdiction faite à l’évêque de prendre le titre qu’il s’était octroyé (3). C’est dans cette lutte de légitimité / d’influence que, je crois, se place une série de méreaux des ducs d’Uzès, armoriés et datés. J’ai réuni, à ce jour 11 photographies de ces objets dont 3 provenant de la « méreaux médiévaux » sur le site colleconline (4). Pour le moment j’ai repéré 6 millésimes différents : 1600 (2 ex) ; 1611 (3 ex) ; 162[6 ?] (1 ex) ; 1636 (3 ex) et 1643 (2 ex). À l’avers nous retrouvons systématiquement, de droite à gauche : le nom de la cité et le millésime, au centre les armoiries de la cité, rappelant les armoiries de la maison d’Uzès, (Fascé d’argent et de gueules de six pièces, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or) surmontées d’un croissant. 1600 : les 0 du millésime sont barrés comme des Θ – Armes surmontées d’une couronne, formée d’un croissant et d’un rameau, entre 2 étoiles. Poids relevés : 3,14 et 3,31 g MÉREAUX D’UZÈS, DES OBJETS MONÉTIFORMES MÉCONNUS ET PORTEURS DE REVENDICATIONS

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