cgb.fr Bulletin Numismatique 250

Bulletin Numismatique n°250 28 La collection de monnaies romaines offre des opportunités infinies. Découvrir une monnaie complètement inédite, qui plus est en or, semble une gageure en 2025. C’est pourtant le cas avec ce solidus inédit pour l’atelier de Rome attribué au César Constans, récemment nommé. La légende de droit est connue ainsi que celle de revers. En revanche, leur combinaison ne se rencontre que pour l’atelier de Siscia en 335 (RIC VII/ 457, 249), avec un buste lauré, drapé et cuirassé vu de trois quarts en arrière (A*2) et avec un revers identique au nôtre, excepté la marque de l’atelier, SIS pour Siscia, alors que notre exemplaire porte la marque R pour Rome. Notre exemplaire présente en outre un buste lauré, drapé et cuirassé à gauche vu de trois quarts en avant (A*1). Dans le Roman Imperial Coinage, volume VII (RIC), aucun exemplaire n’était cité avec ce type et légende de droit. En revanche dans l’ouvrage de G. Depeyrot, Les monnaies d’or de Dioclétien à Constantin I (284-337), Moneta 1, Wetteren ; 1995, p. 90, n° 22/2 (2 ex.), l’auteur signale deux exemplaires avec exactement ce type de droit, légende et buste correspondant à notre solidus pour l’atelier de Rome, mais avec la légende de revers VICTORIA – CAESAR dont un seul est recensé à New York (ANS). Un second solidus provenant d’une liste Münzen und Medaillen, 519, mars 1989, n° 29 est recensé avec la marque PR et le revers VICTORIA – NOB CAESSS. Victoire assise à gauche, mais avec le buste à droite. Les solidi de Constans sont toujours rares. Constans n’est nommé qu’à compter du 25 décembre 333 et ces solidi ne sont frappés que jusqu’en septembre 337, Constans devenant Auguste après cette date. CONSTANS (25/12/333-18/01/350) CÉSAR (25/12/333 – 9/09/337) FLAVIUS JULIUS CONSTANS Constans naît en 320 et reçoit le titre de césar le 25 décembre 333. Fait auguste après le 9 septembre 337 avec ses deux autres frères, Constantin II et Constance II, il ne tarde pas à se fâcher avec son frère aîné, qui périt en avril 340. Après la mort de son frère, Constans récupère l’héritage de Constantin II et obtient la charge de l’Occident. Une maiorina est frappée à l’occasion du 1100e anniversaire de Rome en 348, anniversaire rappelé par la légende de revers : FEL TEMP REPARATIO, « le Retour des Temps Heureux ». Constans est assassiné au début de l’année 350. Solidus, Rome, 335-336 (Or, 4,45 g, 21 mm, 5 h), taille au 1/72 L., poids théorique : 4,51 g, 24 argentei A/ FL CONSTANS NOB CAES « Flavius Constans Nobilissimus Cæsar » (Flavien Constans très noble césar). Buste lauré, drapé et cuirassé de Constans à gauche, vu de trois quarts en avant (A*1). R/ VICTORIA - CAESARVM/ -|-// R « Victoria Cæsarum » (La Victoire des Césars). Victoire marchant à gauche, tenant une couronne de la main droite et une palme de la main gauche. C. – RIC VII/ - Depeyrot 22/ 2 var.(2 ex.) – RCV 18330 var. Joli solidus bien centré, présentant de petites faiblesses et un flan légèrement voilé. Quelques rayures sont à noter. Patine de collection. Inédit. TTB+ 1 500€/ 3 000€ Type qui semble inédit et non répertorié avec cette légende de revers. On ne retrouve habituellement que « VICTORIA CAESAR ». La Victoire tient une couronne dans la main droite et non un trophée. Le revers avec la Victoire tenant une couronne et une palme est très courant dans le monnayage constantinien après 324 et la victoire sur Licinius. En revanche, associé à cette légende, VICTORIA CAESARUM pour la victoire des Césars est très rare et ne se rencontre pour l’or que pour l’atelier de Sisica (RIC VII/ 249). Le type de buste de Constans César, tourné à gauche est lui même peu utilisé, le plus courant étant le buste à droite. Ce type, dont la datation semble devoir se placer en 335 à l’occasion des tricennalia de Constantin Ier ou en 336 d’après G. Depeyrot ne vit pas Constantin venir les célébrer à Rome comme pour les vicennalia en 326 alors qu’il fêta ce trentième anniversaire de règne à Constantinople, sa nouvelle capitale. Constans se vit attribuer par son père en 335 la partie centrale de l’Empire avec l’Italie, l’Afrique et l’Illyricum. Il n’est donc pas anormal de rencontrer ce type de solidus pour l’atelier de Rome qui paraît particulièrement mal connu et encore peu étudié. Notre solidus ne devrait pas laisser insensibles les collectionneurs de la période constantinienne, de l’atelier de Rome en particulier, et ceux qui s’intéressent aux fils de Constantin (dont Pierre Maraval a donné récemment une biographie, publiée en 2013) et plus spécialement Constans, le dernier fils de Constantin Ier et de Fausta, né en 320 et qui régna sur l’Occident, d’abord sous la tutelle de son frère aîné, Constantin II de 337 à 340, puis seul dans la décennie suivante jusqu’à son assassinat en 350 ; il sera remplacé par Magnence. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT UN HAPAX DE CONSTANS CÉSAR : UN SOLIDUS INÉDIT DE L’ATELIER DE ROME !

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=