Bulletin Numismatique n°249 53 En 1889, Kitasato réussit à obtenir la première culture pure de la bactérie anaérobie du tétanos (bacille) en mettant au point un appareil de culture dans un environnement privé d’oxygène. L’année suivante, lui et son collègue Emil von Behring démontrent que l’immunité contre le tétanos peut être obtenue en injectant à un animal du sérum issu du sang d’un animal infecté à la toxine bactérienne du tétanos3. Ils appliquent alors avec succès cette approche, appelée « sérothérapie », au traitement d’une autre maladie : la diphtérie. Avant de rentrer au Japon, le 4 avril 1892, il visite l’Hôpital de la Salpêtrière et a de longues discussions avec le père de la neurologie Charcot. Il assiste à des expériences d’hypnotisme et est très intéressé par les travaux du laboratoire d’anatomie pathologique. De retour au Japon, il forme nombre de scientifiques et initie des travaux dans de nombreux domaines, dont la peste, la grippe et la tuberculose, qui auront des répercussions mondiales. En 1914, avec l’aide d’un mécène japonais, il fonde un institut de recherche en bactériologie, l’Institut privé Kitasato qui donne naissance à l’université de Kitasato en 1962. Cette université est aujourd’hui spécialisée dans les sciences de la vie, les sciences médicales, pharmaceutiques et vétérinaires (4-5). Le 27 juin 1916, il est élu à Paris Associé étranger à l’Académie de médecine française avec 38 voix sur 45 votants face au bactériologiste de New York Simon Flexner, dont un des assistants est alors Hideyo Noguchi, et 3 Le sérum contient des « antitoxines », ce que l’on nomme aujourd’hui des anticorps. au chirurgien César Roux de Lausanne. En 1917, il fonde l’école de médecine de l’université Keio et l’empereur du Japon le nomme membre de la chambre des Pairs avec le titre de Baron. Kitasato décède d’apoplexie le 13 juin 19314. Pour Kitasato, la recherche se doit d’être pragmatique et appliquée, la mission ultime d’un médecin n’était pas seulement de traiter, mais aussi de prévenir les maladies. Frédéric BONTÉ, membre de l’Académie nationale de pharmacie RÉFÉRENCES 1 - UEDA Kazuo, Discours sur l’introduction de nouveaux billets, Banque du Japon, 3 juillet 2024 https://www.boj.or.jp/en/about/press/koen_2024/ ko240703a.htm 2 - Comparaison des billets anciens et nouveaux, Brochure en anglais, Banque du Japon, juillet 2024 https://www.boj.or.jp/ en/note_tfjgs/note/n_note/data/n_note03.pdf 3 - Conception impression du billet, Banque du Japon - Imprimerie nationale japonaise https://www.boj.or.jp/en/note_tfjgs/note/n_note/security. htm https://www.npb.go.jp/en/guide/enkaku.html 4 - N. Okui, Shibasaburō Kitasato (1853-1931) : Pioneer of Japanese Medicine and Global Immunology Innovator. Cureus2024 16(8): e68276. doi:10.7759/cureus.68276. 5 - F. Bonté, Séjour de Robert Koch à Tokyo en 1908 : rencontres avec la communauté scientifique, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 2021, 411, 397-403 ILLUSTRATIONS Billet de 1000 yens avers et revers ©collection privée Election de Kitasato à l’Académie de médecine ©Académie de médecine Livre sur l’épidémie de peste à Kobe et Osaka en 1900 ©Académie de médecine 4 Son éloge à l’Académie de médecine de Paris est prononcé le 30 juin 1931 par Louis Martin, directeur du département de sérothérapie de l’institut Pasteur. UN NOUVEAU BILLET DE 1000 YENS AU JAPON
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