Bulletin Numismatique n°249 52 La banque du Japon a émis le 3 juillet 2024 de nouveaux billets : de 1000 ; 5000 et 10 000 yens (1). Le billet de 1000 yens, de la même taille que celui mis en circulation en novembre 2004, a retenu particulièrement notre attention. Le billet émis en 2004 rendait hommage au bactériologiste Hideyo Noguchi (1876-1928) qui a découvert l’agent pathogène de la syphilis. Le nouveau billet rend de nouveau hommage à un médecin, microbiologiste et bactériologiste internationalement célèbre, Shibasaburō KITASATO1. Ce nouveau billet est graphiquement construit de la même façon que celui de 2004 mais intègre de nombreuses nouveautés visuelles et de sécurité (2). Sa couleur principale est le bleu. À l’avers : le portrait du médecin et microbiologiste Shibasaburō KITASATO, Au revers : « Kanagawa-oki nami ura » (Sous la grande vague au large de Kanagawa) une gravure sur bois (ukiyo-e) de Katsushika Hokusai ; et non plus le Mont Fuji et des cerisiers en fleur au bord du lac Motosu, dans la préfecture de Yamanashi comme sur le billet de 2004. Les caractéristiques de sécurité sont : un hologramme 3D (adopté pour la première fois dans les billets de banque), un 1 Un timbre de 80 yens en son honneur à été émis en 2003 au Japon. filigrane haute définition, des chiffres de la valeur faciale agrandis, et des marques tactiles améliorées par rapport au billet de 2004. Les billets sont fabriqués par l’Imprimerie nationale et livrés à la Banque du Japon (3). L’Imprimerie nationale à Tokyo, chargée de la fabrication des nouveaux billets, dispose d’un groupe secret d’artisans. Il s’agit d’experts qui conçoivent les billets et gravent les plaques originales pour l’impression. En raison de leurs compétences exceptionnelles, leur identité est gardée secrète. La réalisation du billet s’effectue en quatre étapes. La conception débute avec la création de dessins originaux qui servent de base aux billets de banque, à partir d’une photo de Kitasato dans sa cinquantaine. Puis la plaque originale est gravée au burin. Ensuite informatiquement, une plaque digitale est créée en y incluant des motifs colorés complexes ainsi que des dessins géométriques. Une grande plaque d’impression à plusieurs faces et des encres spéciales sont créées puis l’impression réalisée. Le papier est à base de fibres naturelles d’écorces de Mitsumata et de pulpe d’abaca. Mitsumata est le nom japonais vernaculaire d’Edgeworthia chrysantha Lindl, c’est un arbuste dont l’écorce est utilisée pour la fabrication du papier. L’autre composant principal, abaca ou chanvre de Manille, a pour nom botanique Musa textilis. Shibasaburō Kitasato 北里柴三郎 (1853 -1931) est un médecin japonais né à Kumamoto le 29 janvier 1853, diplômé de l’École de médecine de Tokyo en 1883. Il s’initie à la bactériologie (l’étude des bactéries potentiellement pathogènes) lors de recherches au Bureau sanitaire central du ministère de l’Intérieur qui possède des microscopes et instruments allemands. Une épidémie de choléra à Nagasaki lui permet de démontrer au microscope la présence d’un bacille, en forme de virgule, responsable de la maladie. Puis, en 1885, jeune chercheur prometteur, il est envoyé, comme de nombreux scientifiques japonais de cette époque, en Allemagne pour étudier la médecine occidentale. Il a la chance de rejoindre le laboratoire du bactériologiste Robert Koch à l’université Humboldt de Berlin et y séjourne de 1886 à 1892. Le médecin Robert Koch (1843-1910) est avec Louis Pasteur, un des fondateurs de la microbiologie2. Ses travaux sur le choléra ainsi que sa découverte du germe responsable de la tuberculose (qui porte son nom) auront un retentissement mondial et il se verra attribuer le prix Nobel de médecine et de physiologie en 1905. 2 Un microbiologiste analyse le fonctionnement et les interactions avec l’environnement d’organismes vivants microscopiques bactéries, virus et champignons. Le bactériologiste cherche à identifier les bactéries potentiellement capables de causer ou d’être impliquées dans les maladies. Ces professions ont fortement évolué ces dernières décennies avec l’arrivée de la biologie moléculaire et l’étude des génomes. UN NOUVEAU BILLET DE 1000 YENS AU JAPON
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