Bulletin Numismatique n°249 48 CLUB AUVERGNE PAPIER-MONNAIE CHAMALIERES RÉSUMÉ DE LA CAUSERIE DU 14 DÉCEMBRE 2024 Il arrive, parfois, que vos yeux s’arrêtent sur un billet particulier lors d’une vente sur catalogue ou sur internet. Ainsi, lors de la vente LIVE-AUCTION d’avril 2024 de CGB.fr, mon attention fut attirée par le lot 506564-10 Roupies INDE 1920. Ce billet était étrange à plus d’un titre : Gradé PMG 20 (TB), son apparence n’était pas très engageante. Et pourtant… Si on ajoute, dans la description PMG (Société de Grading) la mention SEA SALVAGE (sauvetage ou récupération en mer) et le commentaire CGB : tampon violet « SORIMA SOciéta RIcuperi MArittion (?), en réalité il faut lire Maritimi, le mystère s’épaissit pour ce billet indien de l’Etat princier d’Hyderabad. Alors remonta dans ma mémoire un souvenir des années 1970, lorsque Maurice MUSZYNSKI me montra un billet semblable de sa collection en me racontant sa fabuleuse histoire. Plantons le décor. L’ÉTAT D’HYDERABAD L’État princier d’Hyderabad était indépendant de l’Inde et du Pakistan, situé au centre de l’Inde au nord du Deccan. Hyderabad n’est pas inconnu pour la France. De 1686 à 1757, il était inclus parmi les états indiens sous influence française. C’est le marquis de Bussy qui y représentera Louis XV roi de France. En 1757, la défaite de la France face aux Britanniques lors de la bataille de Plassey provoquera l’abandon du territoire. Le 7e Nizam (souverain) : Mir Osman Ali Khan, de religion musulmane, au pouvoir de 1911 à 1957, avait la réputation d’être l’homme le plus riche du monde (12 000 serviteurs, 50 Rolls-Royce !). Il était très généreux envers la couronne britannique : collier de diamants à Élisabeth II, financement des deux guerres mondiales… Il était aussi très pingre : il reprisait ses chaussettes et récupérait les mégots pour les fumer ! LES BILLETS DE L’ÉTAT PRINCIER La 1re émission date de 1915 jusqu’à 1936. La 2e émission couvre la période de 1939 à 1953. La fabrication fut confiée à Waterlow & Sons à Londres et les billets expédiés en plusieurs lots par bateau. Seules les séries ci-dessous sont concernées par cette étude. Série Format Couleur prédominante 5 roupies IQ 108 x 160 mm Vert 10 roupies AI 118 x 203 mm Jaune c’est le billet de notre histoire 100 roupies PS 142 x 222 mm Bleu et Rose Le texte principal est en Urdu (langue arabe officielle), un peu d’anglais et trois langues locales. Les dates (en calendrier de l’Egire locale) vont de 1331 à 1341 (de 1918 à 1930 environ de notre calendrier). Important : ces billets sont non signés. Ne pas confondre avec les billets signés valides provenant d’autres livraisons. LE TRANSPORT DES BILLETS C’est le bateau nommé SS EGYPT qui est chargé de transporter les billets en Inde. Ce bateau peut accueillir 500 passagers et 283 membres d’équipage, mais il transporte aussi dans sa chambre forte 4 500 kg d’or en lingots, 43 tonnes d’argent et 37 caisses contenant 165 000 pièces d’or anglaises « souverain » et… nos billets (non mentionnés dans le fabuleux trésor car non émis et donc sans valeur). Nous sommes le 19 mai 1922, au départ du Royaume- Uni avec 44 passagers et près de 300 membres d’équipage (des Indiens qui rentraient chez eux), direction Bombay via Marseille. Au matin du 20 mai, un épais brouillard est rencontré près de l’île d’Ouessant. Vers 19 h, un bruit de sirène se rapproche, mais il est déjà trop tard et le vapeur LA SEINE, qui se dirigeait vers Le Havre, coupe en deux le transporteur. Le vapeur, moins touché, recueillit les naufragés mais, sur 352 personnes à bord, 86 y laissèrent leur vie. Le SS EGYPT coula en 20 minutes emportant aussi sa précieuse cargaison. LES RECHERCHES DU TRESOR C’est la LLOYD’S de Londres qui avait assuré le navire, les personnes et le trésor. Elle engagea donc les recherches pour retrouver l’immense butin et ainsi récupérer les sommes versées aux victimes et à l’armateur. Il fallut d’abord localiser le bateau. Après 8 ans de recherches, en août 1930, le navire italien l’ARTIGLIO et ses plongeurs découvrirent l’épave par 120 mètres de fond. Les connaissances de l’époque ne permettaient pas de travailler à cette profondeur. Les travaux furent abandonnés et le navire partit sur une autre mission qui hélas causa sa perte. En route donc dans la baie de QUIBERON pour entreprendre la récupération de la ferraille d’un vapeur américain, le FLORENCE H coulé en 1917. Lors de la mise à feu de la dynamite chargée de fractionner le bateau, une gigantesque explosion engloutit l’ARTIGLIO et 12 de ses 18 marins, en 15 secondes. NOTA : Cette explosion est due à la présence de tonnes d’explosifs dans les cales du FLORENCE H. Il existe une bande dessinée sur ce naufrage (L’Artiglio et ses hommes). LES BILLETS DE HYDERABAD, VOUS CONNAISSEZ ?
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