Bulletin Numismatique n°249 40 Depuis plusieurs années maintenant, les deux grandes maisons numismatiques de Monaco, les Editions Victor Gadoury qui ont pris désormais le nom de « Maison Gadoury » et « Monnaies de collection », en abrégé MDC, se sont entendues pour organiser leurs ventes aux enchères publiques, tant au printemps qu’en automne, dans la même semaine. En ce qui concerne la semaine d’automne, elle est généralement clôturée le dimanche par la bourse de l’Association numismatique de Monaco que préside Christian Billard, manifestation à laquelle le Palais et la Mairie de Monaco sont représentés. Les deux ventes eurent lieu respectivement le mercredi 23 et le jeudi 24 pour MDC (2200 nos), le vendredi 25 et le samedi 26 pour la Maison Gadoury (1620 nos). Comme d’habitude, plusieurs nos dépassèrent les 100 000€ ; le seuil de 500 000€ fut même dépassé. Les deux catalogues étaient très riches et très variés, ne comprenant, sauf rares exceptions que des monnaies en SUP ou FDC. Il faudra s’y faire : les acheteurs potentiels de monnaies à gros moyens privilégient nettement la qualité à la rareté. C’est ainsi qu’une monnaie courante en état FDC se vendra beaucoup plus facilement qu’une monnaie rare en TTB. Les collectionneurs doivent être conscients de cette tendance générale du marché. Par ailleurs, l’or jouit d’une nette préférence par rapport à l’argent. En ce qui concerne les choix des collectionneurs, on constate qu’à peu près tous les domaines de la numismatique les intéressent, à l’exception des monnaies gauloises qui trouvent difficilement preneurs : elles ne concernent, sauf exception, que des Français et le portefeuille de ceux-ci n’est pas le mieux garni. Contrairement à ce qui existait au XIXe siècle et même encore au XXe siècle, les milliardaires et autres riches Français ne s’intéressent apparemment pas à la numismatique aujourd’hui. Quelques remarques au hasard. Malgré la très bonne tenue des monnaies grecques et romaines, un rarissime décadrachme de Carthage n’a pas trouvé preneur à 80 000€ alors qu’un décadrachme de Syracuse gravé par Evainète s’est vendu 18 000€. Pour les monnaies françaises, quelques valeurs sûres : 55 000€ pour un florin Georges de Philippe VI, 75 000€ pour un ducat d’or de Naples de Louis XII, 10 000€ pour un denier tournois de cuivre de Henri IV, frappé au moulin à Châlons-en-Champagne (CH) longuement disputé ( !), 250 000€ pour un multiple d’or de 100 livres (dit abusivement « dix louis ») essai-médaille de Louis XIII qui m’a paru être réellement de 16401,120 000€ pour un autre multiple de 80 livres (dit abusivement « huit louis ») que je n’ai pu vérifier à cause de sa coque, 17 000€ pour un Louis d’or de Béarn 1690, 120 000€ pour une médaille de Louis XVI. Pour 1 Voir les travaux de F. Arbez, A. Clairand et moi-même sur ces essais de fabrication qui ne furent jamais des monnaies mais furent appelées en 1690 par Le Blanc « pièces de plaisir ». Trois émissions aux moins sont connues : 1640 (14 exemplaires pour le 100 livres, 52 exemplaires pour le 80 livres), 1685-1690 émission précédant de peu la publication du Le Blanc, XIXe siècle, refrappes avec les coins d’origine. Depuis la mort de F. Arbez (2017), A. Clairand et moi-même connaissons les infimes détails qui permettent de distinguer ces émissions. Naturellement, ces multiples, acquis par le Trésorier de l’Epargne fin mars 1643 pour l’émission de 1640 ne figurèrent jamais à la table de jeu de Louis XIII, qui ne jouait pas et mourut début mai sans en connaître l’existence. Cette fable, créée par Camberouse fut reprise au XXe siècle après les émissions de pièces de 100 F or pour le Casino de MonteCarlo. les monnaies monégasques, les écus d’Honoré II en parfait état ont atteint respectivement 9 000€ (1649) et 8 000€ (1653). Signalons chez Gadoury une insigne rareté pour Louis XIV : le quatrième exemplaire connu du quart d’écu du Dauphiné aux insignes, seul connu pour 1703, vendu en TB à 7 500€. Signalons également une pièce d’or savoyarde de 10 scudi d’or 1641 aux deux bustes (32,46g) vendu 130 000€. © Gadoury.com En ce qui concerne la bourse de l’Association Numismatique Monégasque (ANM), RAS, toujours bien suivie comme d’habitude, la participation des numismates de Monaco et de la région PACA étant prépondérante. Reste une très agréable surprise : la visite imprévue au musée des Timbres et des Monnaies de Philippe Théret, Laurent Schmitt et Michel Taillard, visiteurs de marque qui furent appréciés. Laurent Schmitt notamment qui connaissait déjà le musée, à la différence de nos deux autres amis qui le découvraient. Il est inutile de préciser que le balancier de Droz fut particulièrement examiné car il est un des fleurons du musée avec l’exceptionnelle collection de monnaies monégasques à laquelle ne peut être comparée que celle du roi d’Italie VictorEmmanuel III conservée au Musée national romain. Un échange de vues très positif fit connaître des pistes à creuser pour valoriser ce musée, qui est petit par la taille mais de « top » niveau par la qualité de son contenu. Affaire à suivre… Signalons enfin le représentant de la Monnaie de Paris à la vente MDC, l’excellent Dominique Antérion, signe de l’intérêt porté par cette institution à la numismatique. On ne peut que s’en réjouir. Christian CHARLET UNE SEMAINE DE NUMISMATIQUE INTENSE À MONACO (22-27 OCTOBRE)
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