Bulletin Numismatique n°247 18 Dans la prochaine Live Auction du 10 décembre 2024, nous vous proposons pour la première fois un très rare sesterce d’Hadrien présentant un revers recherché avec Britannia. Henry Cohen le considérait déjà comme très rare et Rollin et Feuardent en 1880 (C II/ 121, 894) lui assignait une valeur de 200 francs or (10 napoléons) correspondant aussi à la valeur d’un aureus très rare. Plus près de nous, l’exemplaire de Triton XIII (2010), n° 317 a été adjugé 30000$ sur une estimation de 3000$. Dans la nouvelle édition du Roman Imperial Coinage (RIC II. 3) R. Abdy, p. 184, n° 1631, notes 825 à 827, pl. 126 a isolé deux variantes de revers en fonction de la représentation placée sous le pied de Britannia, le premier conservé au British Museum à Londres (BMC IV/ 1723). Les deux variétés de revers semblent liées par le coin de droit, pl. 94/ 2 et le second au Fitzwilliam Museum de Cambidge (CM. 1545. 1963). L’exemplaire illustré dans le SIR II/ 115 provient de la collection du Dr. H. Mayr-Harting, vente Glendinig & Co, London, 15 novembre 1949. Outre le sesterce, nous avons aussi des moyens bronzes (dupondii ou asses, RIC II. 3/ 1632 à 1634) dont un exemplaire fauté (RIC II. 3/ 1634 avec BRITTANNIA). D. Sear, dans le RCV en 2002, pour le sesterce, lui assigne une valeur comprise entre 4000$ en TB et 32500$ en TTB+ ! Si la conquête de la Bretagne (Angleterre) remonte au règne de Claude en 43 après une tentative avortée de Caligula et deux expéditions de Jules César pendant la guerre des Gaules, il faut attendre le règne d’Hadrien (117-138) pour voir Britannia faire son apparition dans le monnayage. Elle se retrouve d’abord au début du règne entre 119 et 122 sur un as, peutêtre au moment où Hadrien se trouvait dans la province lors de son premier voyage, puis dans le cadre des émissions de la fin du règne que P. V. Hill date plus précisément de 136, associé à l’émission dite des « Provinces » ou des « Voyages ». Fautil rappeler que le type représenté au revers de notre sesterce, et qui sera ensuite repris par Antonin le Pieux (138-161) puis par Commode (180-192), a servi de revers aux monnaies anglaises de cuivre (penny, half penny, farthing) de 1672 à 2008. Hadrien, pendant son règne de près de vingt-et-un ans, a passé pratiquement plus de temps (douze ans) en dehors de l’Urbs, dans les provinces, au cours de ces voyages (117-118, 121126, 128-132/134) qu’à Rome. C’est lors de son périple en Bretagne qu’il décida de faire bâtir une ligne de défense (limes) à partir de 122/123, entre la mer du Nord et la mer d’Irlande, longue de 117 kilomètres environ (Aelium Vallum), une ligne défensive, flanquée de 300 tours, de 80 fortins et dix-sept camps retranchés, en partie visible encore aujourd’hui, plus connue sous le nom de Mur d’Hadrien. Certains numismates voudraient justement corréler ce revers Britannia avec le mur en évoquant le fait que la province a le pied posé sur des briques et que deux variantes de représentation de celles-ci ont pu être isolées (cf. RIC II. 3/ 1631) et pourraient symboliser le mur. BRITANNIA & HADRIEN HADRIEN (11/08/117-10/07/138) Publius Ælius Hadrianus Hadrien naît en 76 à Italica. Pupille de Trajan, il épouse en 100 Sabine, petite-nièce de l'Empereur, et fait carrière dans l'état-major de ce dernier, en particulier lors de la campagne dacique. En 117, il succède à Trajan et voyage pendant vingt ans, visitant l'ensemble de l'empire - seul empereur à s'être prêté à cet exercice. En 122, Hadrien se rend en Espagne. Sans enfant, il choisit d'abord Aélius pour lui succéder en 136, mais ce dernier meurt le 1er janvier 138. Hadrien adopte alors Antonin le 25 février et choisit lui-même Marc Aurèle et Lucius Vérus comme héritiers d'Antonin. Il décède le 10 juillet 138. Sesterce, Rome 134-138, (en réalité 136) (Ae, 24,28 g, 30 mm, 6 h) (taille 1/12 L, poids théorique : 27,06 g ; 4 as) A/ HADRIANVS - AVG COS III PP « Hadrianus Augustus Consul Tertium Pater Patriæ », (Hadrien auguste, consul pour la troisième fois, Père de la Patrie). Tête laurée d’Hadrien à droite (O*). R/ BRITANNIA/ -|-/ S C « Britannia/ Senatus Consulto » (la Bretagne/ avec l’accord du Sénat) La Bretagne assise de trois quart en avant, à gauche, la tête de face reposant sur son bras droit, et une lance posée sur sa jambe et son bras gauche, le pied droit sur un tas de pierres ; un grand bouclier à droite. C II/ 121, 194 (200f. or) – Strack 712 - RIC II/ 845 – RIC II. 3/ 1631, pl. 126 – BMC IV/ 1723, pl. 94/ 2 – H 1/ 615 - SIR 115 – IGBI 115 - RCV 3578– Lacourt Hadrien, p. 75, Ap 11 Joli sesterce finement détaillé des deux côtés, à l’usure fine et régulière. Le flan est bien centré. Agréable patine vert foncé. Très rare TTB 1 500€/3 000€ Mêmes coins que l’exemplaire de la vente Roma Numismatics XIII, (2007), n° 820 (estimé 5000£). Même coin de droit que l’exemplaire de la Roccolta Medicea, Firenze (IGBI, p. 62, n° 115). Notre exemplaire est de la plus grande rareté et avec le revers EXERC BRITANNICVS (RIC II. 3/ 1917-1919) est l’un des plus recherchés du monnayage romain, en particulier dans le monde anglo-saxon. Celui proposé par NAC, CNG et NGSA, The Goeffrey Cope Collection of Ancient Greek & Roman Bronzes, Auction 144, 8 mai 2024, n° 1064 s’est vendu 600000$ (+ frais). Nous sommes très heureux de pouvoir proposer ce sesterce à la vente qui constitue bien un pan de l’histoire de Rome. Pour ne pas s’y tromper, M. Jean Lacourt, dans son deuxième volume consacré aux Sesterces des Antonins (96-192), II – Hadrien (117-138), 2022, p. 75, n° Ap 11, n’a recensé qu’une unique entrée pour ce revers et n’a relevé que trois exemplaires proposés à la vente récemment dont ceux de CNG, Triton et de Roma Numismatics, ainsi que celui passé dans la vente St. James, auction 48, n° 12. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT
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