Bulletin Numismatique n°246 50 Tous ceux qui me connaissent savent que je ne collectionne pas les euros bien que j’aie été pendant quatre ans président des Amis de l’Euro (AD€) et que je sois un des membres fondateurs de l’association en 2003. Cependant, maintenant depuis quelque temps, je garde toutes les pièces de 2€ commémoratives qui existent depuis 2004, surtout toutes celles que je rencontre dans la circulation. Attention, ces monnaies courantes n’auront jamais ou pratiquement jamais de valeur numismatique à moins de tomber sur une 2€ rocher de Monaco par exemple, mise en circulation par accident. Je ne crois malheureusement plus au père Noël. De la même manière, tous les sites informatiques ou réseaux sociaux qui vous affirment que les pièces de 2€ peuvent valoir jusqu’à 80 000€ n’engagent que ceux qui l’affirment. Ce sont des « fakes ». Aucune, je dis bien aucune pièce de 2€ n’atteint pour le moment cette valeur (cote) et encore moins quand elle est prélevée dans les monnaies en circulation. Alors pourquoi chercher les pièces de 2€ en circulation ? De la même manière que les plus anciens d’entre nous et certains encore aujourd’hui décollaient les timbres des enveloppes reçues, ou encore mieux conservaient lesdites enveloppes, choisir une pièce de 2€ dans le rendu de votre monnaie chez le boulanger ou tout autre commerçant, c’est peut-être débuter une collection. Que recherche celui qui vient d’effectuer cet acte ? Comme moi hier, il n’a d’abord pas fait attention à la monnaie qui lui était donnée en appoint de son billet de 5, 10, 20 ou 50€. C’est seulement après, en la rangeant dans sa poche ou son porte-monnaie, parce qu’elle brillait plus que les autres ou bien qu’elle ne ressemblait pas à celle que nous avons l’habitude de voir, qu’il l’a sélectionnée et gardée. La mienne semble belle et brillante au premier abord. Elle présente cependant quelques marques de manipulation et de micro rayures, preuve de son mode de sélection dans la circulation courante. Maintenant, vous vous retrouvez face à votre pièce, démuni et désarmé. Si vous avez un ouvrage, vous allez immédiatement vous plonger dans ce dernier pour trouver la réponse que vous vous posez. Quel est le pays qui a frappé cette pièce ? Quel est l’événement qui est représenté ? En quelle année a-t-elle été frappée ? Les réponses à toutes ces questions ont excité votre curiosité. Cette pièce à ce moment-là, même si elle n’a pas de valeur en dehors de sa faciale, est votre « trésor » comme lorsque vous étiez enfant et que vous découvriez un objet inconnu. À ce moment précis, la valeur de l’objet n’est que subsidiaire, seul compte le savoir, la connaissance, ce que vous conte cette monnaie et ce qu’elle vous a procuré, une émotion. C’est à cette aventure extraordinaire que je vous invite avec ma pièce de 2€ que j’ai récupérée hier ! Pour moi, elle débute hier matin, quand au café, pour régler le « noisette » que j’ai consommé, je l’ai reçue en appoint de mon billet de 20€. Ayant vérifié ma monnaie, je vois immédiatement cette pièce particulière qui brille parmi les autres monnaies plus ternes. Immédiatement, je la range à part dans mon porte-monnaie et je me promets de l’examiner attentivement plus tard, rentré chez moi. Ce que je suis en train de faire. La face commune avec la valeur faciale semble normale bien que son aspect semble légèrement différent. Je n’avais jamais remarqué le fond granuleux de l’Europe qui figure entièrement, Royaume-Uni compris ainsi que la Suisse ou bien encore la Serbie, le Monténegro, le Kossovo ou l’Europe Orientale aux frontières imprécises sans oublier la Norvège. Justement, sur cette carte en fond pointillé, ne figure aucune frontière et c’est la couronne seule qui semble marquer les confins de cette Europe qui déborde ou bave légèrement du cœur, plus visible par la différence de couleur entre les deux métaux composant la pièce. Les pointillés des contours du continent semblent se confondre avec les six étoiles du haut tandis que les six étoiles du bas sont surmontées d’un sujet indéterminé. Tout ces détails, je les ai vus grâce à une loupe à grossissement (fois 10). Et à côte de ce symbole, un monogramme formé de deux L superposés pour Luc Luycx de la Monnaie Royale de Belgique, symbole de son concepteur. Je regarde encore mieux et je peux voir ou du moins imaginer ces petits points que sont des îles : la Corse, la Sardaigne, les Baléares, la Sicile, Malte, la Crète, Chypre. Chypre que j’avais pris pour la corne d’abondance au premier abord, marque de la Monnaie de Paris depuis 1880, ce qui est impossible pour la face commune. À ce moment, où je n’ai pas encore retourné la pièce, cette 2€ n’est peut-être pas française ? Enfin, perdues au sud de l’Espagne dans un espace indéfini, entre ciel et mer d’infimes petits points, les Canaries ou bien encore les Açores. L’historien que je suis vagabonde et redécouvre sa géographie, depuis bien longtemps oubliée. Je retourne maintenant la monnaie pour découvrir la face nationale. Au premier abord, le dessin en semble stylisé, presque rudimentaire, difficile en tout cas à repérer. Et c’est en prenant encore une fois ma loupe que je découvre un sujet beaucoup plus complexe et riche que ce que mon œil avait entraperçu au premier abord. Si la couronne timbrée des douze étoiles, symbolisant le drapeau européen, ne m’apprend rien sur la monnaie que j’ai entre les mains, la légende Coupe du MONDE FRance 2023, circulaire, me semble bizarre et énigmatique, mélangeant lettres majuscules et minuscules d’une drôle de police. Heureusement dans la partie inférieure gauche en trois lignes, nous retrouvons la même légende, mais en lettres capitales cette fois-ci : L’EURO EN BREF N° 002 2€ 2023, CHERCHEZ LA PIÈCE !
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