Bulletin Numismatique n°246 45 - tranche B avec devise inscrite en relief *++*LIBERTÉ+*É GALITÉ+*FRATERNITÉ. 3 – LES DONNÉES HISTORIQUES ISSUES DES ARCHIVES OFFICIELLES C’est une avancée majeure dans la compréhension de la genèse des copies Pinay. On la doit à l’acharnement de Yannick COLLEU qui a patiemment passé en revue les archives de la Banque de France, du ministère des Finances et de la Monnaie de Paris (époque Quatrième République). Un document d’importance majeure a en effet été découvert dans les archives de la Banque de France[2]. Il précise le poids d’or fin que contient chaque copie. Surprise de taille : celui-ci ne correspond absolument pas au poids officiel fixé par la loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803) à 5,806451613 g d’or fin (précisément 900/155) mais à seulement 5,789 g. Le titre d’or des copies n’est donc pas de 900 millièmes mais de seulement 897,3 millièmes. Le document trouvé aux archives de la Banque de France (avec l’aimable autorisation de Yannick COLLEU) Le lecteur intéressé retrouvera ce document largement commenté à la page 123 du livre de Yannick COLLEU, « l’Or des Français (2024)[3] ». Il trouvera également d’autres informations connexes importantes du même auteur sur les blogs « L’Or et l’Argent »[4] et « Aurum etc. »[5]. Cette découverte historique est d’une importance capitale car elle montre que, dès le début de l’opération, les copies Pinay ont été sciemment fabriquées de façon différente des frappes d’origine mais, et c’est là que réside l’entourloupe, sans que cela modifie l’aspect visuel extérieur de la pièce et sans rendre public le subterfuge. De la belle ouvrage de faussaire ! Au passage, le fait qu’il y a moins d’or dans chaque pièce contribue à expliquer la nuance rougeaude des copies. Nous verrons toutefois au paragraphe suivant que ce n’est pas la seule raison. Le grignotage d’or fin réalisé sur chaque pièce peut paraître minime. Mais, rapporté aux 37,5 millions de copies réalisées entre 1951 et 1960, cela représente quand même un peu plus de 654 kg d’or pur. Il n’y a pas de petites économies… Il y a donc eu tromperie sur la marchandise. Mais comme le public n’en a jamais rien su, il a pu continuer d’acheter en confiance de jolies Marianne Coq toutes neuves, sans se douter qu’elles ne contenaient pas le même poids d’or fin que les frappes d’origine. En somme, de la réduflation (francisation de l’anglais « shrinkflation ») avant l’heure : même aspect extérieur, même prix de vente mais moins d’or à l’intérieur ! 4 – LES NOUVEAUX CRITÈRES L’argument historique dévoilé au paragraphe précédent est d’une importance majeure mais il ne permet pas au numismate de distinguer une copie d’une frappe d’origine puisque l’aspect extérieur est inchangé. Pour parvenir à ce but, il faut accéder à la composition chimique des pièces et examiner avec minutie certains éléments de gravure. La composition chimique est, de nos jours, avantageusement déterminée par la spectrométrie de fluorescence des rayons X. Il s’agit d’une technologie très précise et qui n’abîme pas les pièces. En outre, l’examen ne dure que quelques secondes et peut être réalisé sur chaque face de la pièce. La spectrométrie est si fiable qu’elle peut être considérée comme l’actuel examen de référence non destructif ultime, l’équivalent du « gold standard » des auteurs anglo-saxons. Il montre clairement que : - les frappes d’origine ne comportent que deux métaux : de l’or (symbole chimique Au) et du cuivre (symbole chimique Cu). Depuis la loi du 17 germinal an XI, le titre droit de l’or est de 900 millièmes. Les 100 millièmes restants sont du cuivre. Dans l’exemple ci-dessous, l’écran de gauche affiche 898 ± 6 millièmes d’or et 101 ± 2 millièmes de cuivre. - les copies Pinay comportent trois métaux : de l’or, du cuivre et de l’argent (symbole chimique Ag). Dans l’exemple ci-dessous, l’écran de droite montre 896 ± 6 millièmes d’or, 100 ± 2 millièmes de cuivre et 3 ± 1 millièmes d’argent. La couleur rougeâtre des copies est donc due à cette composition chimique trimétallique (Au + Cu + Ag) et non uniquement à une proportion plus élevée de cuivre. Les photos d’écrans ci-dessous illustrent les deux types de composition : frappe d’origine : absence d’argent copie Pinay : présence de 2 à 3 millièmes d’argent 20 FRANCS OR MARIANNE COQ : CRITÈRES DISCRIMINANTS ENTRE LES FRAPPES D’ORIGINE ET LEURS COPIES PINAY
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