Bulletin Numismatique n°246 44 À millésime identique (ici 1911), l’aspect visuel est bien différent entre une frappe d’origine qui a circulé (à gauche) et sa copie Pinay qui n’a jamais circulé (à droite). PRÉAMBULE Le terme « refrappe » est mal défini dans la littérature numismatique. Ainsi, même les ouvrages de référence comme Le Franc, les monnaies, les archives (édition 2019), Le Franc 10, les monnaies (édition 2014) ou encore Le Franc poche (édition 2023) n’en proposent aucune définition. Il en va de même pour le Gadoury (édition 2021). Le premier ouvrage cité crée même une ambiguïté car bien qu’il évoque (page 778) les nouvelles frappes de 20 francs or Marianne Coq en 1921 et dans les années 1951-1960, il utilise le terme de « refrappage » et non celui de « refrappe » (page 778). L’ambiguïté est d’autant plus grande que le glossaire numismatique de ce même livre définit (page 87) le « refrappage » comme étant la frappe à un nouveau type sur une pièce d’un autre type, ce que l’on peut interpréter comme une surfrappe ou une réformation. Dans cet article, nous considérerons qu’une refrappe est une nouvelle frappe ordonnée par l’État et réalisée sur un flan vierge, au même type monétaire d’une pièce déjà émise par le passé et qui a toujours cours légal au moment où l’opération est exécutée. A priori, la refrappe est une copie conforme car le plus souvent réalisée avec les matrices et coins d’origine. Toutefois, le millésime gravé sur ces refrappes peut poser problème car deux cas sont possibles : soit ce millésime correspond à l’année civile en cours au moment de la refrappe, soit il est antidaté pour correspondre à l’une des années d’émission des frappes d’origine. L’exemple parfait est celui des 20 francs Marianne Coq refrappées en 1921 mais avec un millésime antidaté 1914 : ces pièces sont d’authentiques refrappes car la pièce d’origine avait toujours cours légal et n’était pas démonétisée au moment de la refrappe. Le contre-exemple tout aussi parfait est celui des 20 francs Marianne Coq fabriquées entre 1951 et 1960 avec de faux millésimes antidatés allant de 1907 à 1914. Au moment de leur fabrication, les pièces d’origine copiées étaient déjà démonétisées et privées de cours légal depuis la loi du 25 juin 1928. Dans ces conditions, ce que beaucoup appellent des « refrappes Pinay » ne sont en réalité que des copies des pièces d’origine. C’est pourquoi nous les désignerons désormais sous le terme plus approprié de « copies Pinay » car c’est l’appellation qui correspond le mieux à la réalité. Enfin, pour clore ce préambule, on rappellera que certains pays comme les USA imposent que les refrappes non étatiques de monnaies nationales ou étrangères comportent de façon infalsifiable et indélébile la mention « copy »[1], ceci afin de protéger les frappes d’origine et les éventuelles refrappes étatiques officielles. 1 – INTRODUCTION Jusqu’à présent, il a toujours été difficile de distinguer avec certitude les copies Pinay des frappes d’origine des pièces de 20 francs or au type Marianne Coq. La littérature spécialisée avait certes popularisé par le passé un subtil faisceau d’arguments en faveur des copies mais celui-ci n’avait pas fait consensus dans le public ni emporté l’adhésion de l’administration fiscale et, à la suite de cette dernière, des professionnels en métaux précieux. L’un des reproches souvent avancés était le caractère jugé parfois trop subjectif des critères discriminants proposés, lesquels intéressaient : - la couleur, plutôt jaune pour les frappes d’origine et légèrement rougeâtre pour les copies ; - l’aspect visuel presque « neuf » ; - la qualité des copies, presque FDC (fleur de coin) ; - l’aspect rugueux au toucher du listel car constitué de motifs ayant un relief plus marqué que celui des frappes d’origine. Il faut par ailleurs rappeler que les copies : - n’ont jamais intéressé les pièces de 10 francs du même type monétaire ; - ne peuvent être observées qu’avec des millésimes allant de 1907 à 1914 et par conséquent sur des pièces dont la tranche est gravée de la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité ». La situation est restée figée dans ce statu quo pendant plusieurs décennies jusqu’à ce que de notables progrès techniques joints à de récentes découvertes dans les archives de la Banque de France et du ministère des Finances changent radicalement la donne. Les nouveaux critères discriminants qui en découlent sont objectifs et permettent désormais de connaître avec certitude la nature exacte des pièces, c’est-à-dire frappes d’origine ou copies. L’article présente ces nouveaux critères et propose de les utiliser dans un arbre de décision. 2 – RAPPEL DES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES Les copies Pinay et les frappes d’origine millésimées 19071914 présentent un certain nombre de caractéristiques physiques en commun : - diamètre de 21 mm ; - poids total de 6,45 grammes ; - axe orienté à 6 heures (frappe monnaie) ; 20 FRANCS OR MARIANNE COQ : CRITÈRES DISCRIMINANTS ENTRE LES FRAPPES D’ORIGINE ET LEURS COPIES PINAY
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