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Bulletin Numismatique n°245 66 1940, alors qu’en France Pétain capitule, Armand Bardet, 28 ans, est sous-officier dans les troupes coloniales du Gabon. L’appel du 18 juin le pousse à déserter le Gabon, resté vichyste, pour se rendre au Congo à la rencontre de l’Afrique Française Libre Gaulliste. Il rejoint ainsi les Français Libres le 1er août 1940 avec le général Leclerc, devient sergentchef du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, puis combat en Libye. Il intègre logiquement la 2e DB dès sa création en 1943. Après cinq ans d’engagement on le retrouve en Allemagne en 1945. Après une vie bien remplie, il décède en 2010 à l’âge de 98 ans. Comme la plupart des militaires, il aura gardé toute sa vie des souvenirs de cette période. Deux d’entre eux marquent son engagement : l’attribution de la Médaille Coloniale le 1er septembre 1942 avec un document signé de la main du général Leclerc et les remerciements du Général de Gaulle du 1er septembre 1945 « Aux Bons Compagnons », fièrement encadré et soigneusement conservé. Mais il conservera aussi une petite enveloppe contenant sans doute ce qui fût sa dernière solde reçue en Afrique avant son retour pour l’Europe. Entourés d’une fine ficelle noire, 37 billets de 25 francs soit 925 francs. Les billets sont neufs, la lettre C est celle émise le 31 mai 1943, leur qualité est incroyable. Les 25 francs de l’AEF sont réalisés dès le 15 avril 1942 par Thomas de la Rue, à Londres, pour Brazzaville (Congo) à partir du visuel du type 1933 de l’AOF. Un drapeau (rouge – blanc – rouge) remplace le « 25 » en haut à droite et l’intitulé en bas passe de « Banque de l’Afrique occidentale » à « Afrique Française libre ». La numérotation traditionnelle est remplacée par une lettre de série (A à H) et un numéro d’ordre à six chiffres. Les signataires sont le général de Larminat et Pierre Denis connu aussi sous le pseudonyme de Rauzan. Les billets de cette période ne sont pas rares, mais les états de conservation sont toujours moyens ou faibles. Sur la vingtaine de billets que nous avions proposés jusqu’à cette trouvaille, le plus beau était superbe. Sur les 12 billets gradés chez PMG, un seul est 67 et deux 64. Ces 37 billets forment donc un ensemble magnifique, une rareté relative mais une qualité exceptionnelle et un lien direct à l’histoire qui en font une trouvaille passionnante que nous appellerons : La Trouvaille d’un Français Libre. L’ensemble est composé de séries de numéros consécutifs, en liasses : • Une liasse de dix : 242299 à 242308, une liasse de dix 242312 à 242321, une liasse de sept : 242322 à 242328 et la dernière avec des numéros plus grands composée d’une série de six avec une trace de pli très légère 280062 à 280067 et une de quatre avec un léger pli : 280152 à 280155 • Sept billets ont déjà été vendus ces deux dernières années, deux sont conservés par la famille de M. Bardet, ces vingthuit qui complètent la totalité de la trouvaille sont désormais disponibles. Les billets n’ont pas circulé, seuls les numéros après 280000 ont un très léger pli de liasse. Jean-Marc DESSAL AEF 1943 : LA DERNIÈRE SOLDE D’UN FRANÇAIS LIBRE

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