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Bulletin Numismatique n°245 62 LA GRÈCE, LES GUERRES MÉDIQUES ET L’EURO Quel point commun peut-il y avoir entre la Grèce, les guerres Médiques et l’euro ? C’est à cette question que nous allons essayer de répondre avec cette contribution. La Grèce a rejoint la Communauté Européenne par l’acte d’adhésion du 28 juin 1979 et est devenue le dixième pays membre le 1er janvier 1981 dans le cadre du deuxième élargissement de l’Europe après 1970. La Grèce rejoint l’union monétaire européenne en 2001, soit deux ans après les onze membres fondateurs. La Grèce émet sa première pièce commémorative en 2004, à l’occasion des JO de la XXVIIIe Olympiade de l’ère moderne après les premiers jeux qui s’étaient tenus à Athènes en 1896 lors de leur rétablissement, grâce en particulier au travail du baron Pierre de Coubertin (18631937) (voir nos articles dans le BN 244, septembre 2024, p. 84-86). Ces articles constituaient la pierre de fondation de notre nouvelle rubrique : « l’euro en bref ». La Grèce a procédé à l’émission d’une pièce de 2 euro à l’occasion du cinquantenaire du traité de Rome le 25 mars 1957 créant la Communauté économique européenne (CEE) en 2007, puis a commémoré le dixième anniversaire du paiement en espèces dans les paiements et le dixième anniversaire de la création de l’euro physique en 2009, le pays ne faisait pas partie de la CEE, ni de l’UE aux dates anniversaires de ces événements et ces pièces sont donc en quelque sorte apocryphes. Il faut attendre 2010 pour que la Grèce commémore un anniversaire de son histoire et quel événement ! En effet, cette année-là, le pays choisit de fêter le 2500e anniversaire de la bataille de Marathon en 490 avant J.-C. Mais Marathon, c’est une épreuve que nous avons pu vivre et suivre pendant les JO de 2024 à Paris. Quel est le rapport entre la bataille et la course moderne de 42,195 kilomètres instituée lors des premiers jeux modernes d’Athènes en 1896. Il faut revenir en arrière et évoquer le conflit qui opposa les cités grecques et le royaume achéménide de Darius Ier, roi des Perses et des Mèdes (521-486 avant J.-C.). Tout débuta par la révolte des cités grecques d’Asie Mineure qui se soulevèrent en 499 avant J.-C. contre le joug perse. Soutenue par Athènes, la révolte fut réprimée très durement et entraîna la destruction de plusieurs cités. En représailles, Darius Ier en 492 décida de mettre au pas la Grèce et de l’envahir en passant par l’Hellespont, la Thrace et La Macédoine avant de fondre sur Athènes. De nombreuses cités grecques étaient les sujets ou les alliés du roi des rois, dont les Béotiens, les Thessaliens et les Macédoniens. La cité menacée, fit appel aux autres puissances de la Grèce dont Sparte. Seuls les Platéens répondirent à l’appel. En 490 avant J.-C., la flotte perse débarqua dans la baie de Marathon et y rencontra les forces grecques commandées par Miltiade (c. 555-489 a. C.) tandis que les Perses étaient conseillés par Hippias, le dernier tyran d’Athènes (527-510 a. C.), fils de Pisistrate (561-527 a. C.), qui avait dû fuir la ville, chassé en 510 avant J.-C. par les démocrates. La bataille eut lieu le 17 septembre 490 avant J.-C. (date communément admise, mais je n’ai pas l’heure !). Dix mille Athéniens et platéens affrontèrent selon les chiffres, parfois les plus fantaisistes de 100 000 à 500 000 Perses et alliés sur terre et mer qui furent défaits. Athènes, sans défense, fut néanmoins sauvée par le retour précipité de l’armée qui obligea les envahisseurs à rebrousser chemin et mit ainsi fin à la première guerre Médique. Ces événements ont été racontés par Hérodote (484-425 a. C.) dans l’Enquête, plus connue aujourd’hui sous le nom des « Histoires ». Mais revenons à Marathon. Après la victoire athénienne et en attendant le retour de Miltiade à Athènes, on envoya un hoplite (soldat grec) annoncer la nouvelle et aussi le retour de l’armée. Ce serait un certain Philippidès selon la tradition qui fut dépêché à Athènes pour couvrir la distance entre Marathon et la cité, distante d’environ 40 kilomètres, qui en fut chargé. Il serait mort d’épuisement après avoir délivré son message. Notre pièce conçue par Georgios Stamatopoulos (né en 1963), graveur à la banque nationale de Grèce qui la réalisa, fut frappée à 2,5 millions d’exemplaires, la pièce n’est pas rare. Mais quand on y regarde de plus près, cette monnaie commémorative a aussi une autre portée symbolique que celle historique. En effet, c’est aussi un moyen de rappeler le conflit larvé qui couve entre la Grèce et la Turquie depuis le traité de Sèvres du 10 août 1920, après le traité de Versailles du 28 juin 1919, réglant le sort de l’Empire Ottoman, prédécesseur de la Turquie et qui entraîna un conflit entre les deux nations (1919-1922), un exode croisé de population et vit l’émergence de Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938). L’EURO EN BREF N° 1

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